Les agriculteurs menacent de bloquer la France dès lundi

Moins d’un an après le mouvement des agriculteurs en colère lancé en janvier 2024, sur les ondes de France Inter, le président de la FNSEA a lancé un nouvel appel à ses pairs. Celui-ci leur intime de relancer une mobilisation nationale lundi 18 novembre 2024. L’objectif ? Faire entendre la voix des agriculteurs français à l’approche du G20, qui doit se tenir au Brésil, et au cours duquel doit être discuté l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Modifié le 13 novembre 2024 à 11h58
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Les agriculteurs menacent de bloquer la France dès lundi - © Economie Matin
87% En janvier 2024, 87 % des Français approuvaient la mobilisation des agriculteurs (Elabe).

Le retour de la colère des agriculteurs

L'agriculture française meurt. « Les promesses n'engagent que ceux qui y croient », avertissait Jacques Chirac, amoureux des agriculteurs. L'histoire se répète, et le malaise aux allures prophétiques décrit par Michel Houellebecq dans Sérotonine (2019), qui a réellement pris racine en janvier 2024, se confirme une nouvelle fois. Tel le rugissement d'un lion contre cette tragédie, l'un des porte-étendards de la filière française, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles), a lancé, ce mercredi 13 novembre 2024, au micro de France Inter, un appel à la mobilisation des agriculteurs sur l'ensemble des axes routiers français.

Laissés pour compte, et malgré les nombreuses promesses du gouvernement, celui-ci dénonce le risque de « conséquences dramatiques » pour les agriculteurs en cas de signature de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Il n'est pas sans rappeler, en effet, que ce traité de libre-échange, en négociation depuis plus de 20 ans, permettrait l’importation massive de produits agricoles sud-américains (environ 100 000 tonnes par an), des produits qui sont peu regardants aux normes sanitaires imposées aux agriculteurs européens. Outre cette différenciation, ce sont surtout les craintes de voir arriver une concurrence inéquitable inonder le marché français et européen, déjà mis à mal depuis plus d’une soixantaine d’années, soit depuis les premières réformes de la PAC (Politique Agricole Commune), et qui ont depuis pris la voie de l'écologie punitive.

« L’Europe ne doit pas être une passoire », a vilipendé Arnaud Rousseau. Le président de la FNSEA a ainsi appelé à des actions dans tous les départements pour défendre les filières agricoles françaises tout en alertant, une fois n'est pas coutume, sur les menaces que fait peser le traité du Mercosur sur la souveraineté alimentaire française, et plus largement, européenne. Les filières agricoles, déjà affaiblies par une année marquée par des récoltes historiquement faibles et des crises sanitaires comme celle de la langue bleue, dénoncent une concurrence déloyale et un risque pour la traçabilité alimentaire en Europe.

Un sommet du G20 sous tension

Ce mouvement s’inscrit dans un contexte international tendu. Le G20, organisé au Brésil les 18 et 19 novembre, pourrait être le théâtre de la signature de ce traité contesté. Annie Genevard, la ministre de l'Agriculture, a pourtant bien tenté de rassurer ses administrés sur l'antenne de France 3, dimanche 10 novembre 2024, leur promettant que l'accord de libre-échange du Mercosur ne serait « pas signé » à Rio de Janeiro. Mais trop de promesses non tenues, la confiance est rompue. « Nous allons reprendre la route à partir de lundi prochain pour faire entendre, au moment du G20 au Brésil, la voix de la France», a affirmé Arnaud Rousseau.

Parallèlement à la mobilisation lancée par le président de la FNSEA, plus de 600 parlementaires français (sénateurs et députés) ont signé une lettre adressée à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, pour exprimer leur opposition au traité Mercosur. Même signal d'alarme que celui des agriculteurs pour les élus. Ces derniers dénoncent un « fossé » entre les normes environnementales et sanitaires des deux blocs économiques, fossé qui favorise une « concurrence déloyale » pour les agriculteurs français.

La FNSEA n’est pas seule dans ce nouveau bras de fer entre les agriculteurs et l'État. La Coordination rurale, en effet, promet, elle aussi, « une révolte agricole » dès le 19 novembre 2024. Même son de cloche pour la Confédération paysanne, qui prévoit de mettre en place des actions contre les « accords de libre-échange » et « l’accaparement du foncier par les énergéticiens ». « L’urgence, ce sont les trésoreries des exploitations », martèle Arnaud Rousseau qui tient à rassurer les Français en leur indiquant que les actions prévues « ne bloqueront pas les autoroutes » afin de ne pas « (les) ennuyer ». 

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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