Le monde agricole français, en crise depuis plusieurs années, se prépare à une mobilisation d’envergure nationale. Le 5 janvier 2025, des milliers d’agriculteurs sont attendus à Paris pour un blocus des principaux axes routiers menant à la capitale.
Les agriculteurs menacent d’assiéger Paris début janvier 2025
Cette action, organisée par la Coordination rurale et d'autres syndicats agricoles, vise à forcer le gouvernement à répondre à leurs revendications. Ce mouvement pourrait bien paralyser la Capitale en pleine période de retour de vacances et à la veille de la rentrée scolaire. Paris sera-t-elle assiégée ?
Agriculture : Une colère qui monte depuis des années
Le contexte de cette mobilisation est marqué par une accumulation de frustrations chez les agriculteurs. Depuis des décennies, ils se disent étouffés par des normes qu'ils jugent trop contraignantes, une concurrence internationale déloyale et une politique agricole nationale et européenne inadaptée. Ces problématiques ne sont pas nouvelles, mais elles ont atteint un point critique.
Les principales revendications des agriculteurs
- Fin des normes françaises excessives : Les agriculteurs dénoncent la "surtransposition" des directives européennes, c’est-à-dire l’ajout de règles supplémentaires au niveau national, qui rend leur métier plus difficile par rapport à leurs homologues européens.
- Reconnaissance d’une exception agriculturelle française : Inspirée du modèle de l'exception culturelle, cette mesure viserait à protéger spécifiquement le secteur agricole français des règles uniformes de l’Union européenne, jugées inadaptées aux spécificités locales.
- Rencontre immédiate avec le gouvernement : Les agriculteurs exigent un dialogue direct avec François Bayrou, Premier ministre, et Annie Genevard, ministre de l’Agriculture. Ils reprochent au gouvernement une absence de volonté politique pour régler les problèmes structurels du secteur.
- Protection des prix agricoles : Une meilleure rémunération des producteurs est demandée pour garantir la viabilité des exploitations face aux grandes enseignes et à la volatilité des prix mondiaux.
Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, a déclaré sur RMC : « Depuis plus d’un an, nous réclamons des actions concrètes pour sauver l’agriculture française. Nos revendications sont simples et ne coûtent pas d’argent, mais elles nécessitent un courage politique que nous n’avons pas encore vu. »
Pourquoi bloquer Paris ?
Le choix de Paris comme lieu de mobilisation n’est pas anodin. En bloquant les grands axes desservant la capitale, les agriculteurs espèrent créer une pression maximale sur le gouvernement. L’objectif est double : médiatiser leur mouvement et contraindre l’exécutif à réagir rapidement. La date du 5 janvier 2025 est également stratégique : elle coïncide avec la fin des vacances scolaires, un moment où les routes franciliennes sont particulièrement fréquentées.
Si les agriculteurs montent à Paris, c’est aussi à cause des promesses du gouvernement : il avait annoncé qu’en aucun cas l’accord Mercosur ne serait adopté par la Commission européenne. Une promesse qui est restée vaine puisque l’accord a été conclu malgré une opposition majeure de la part de nombreux pays européens.
Les impacts prévus du blocus de Paris par les agriculteurs
- Circulation paralysée : Les principaux axes autoroutiers (A6, A10, A1) et périphériques pourraient être complètement bloqués, entraînant des bouchons massifs dans toute l’Île-de-France.
- Perturbations pour les usagers : Des millions de Franciliens pourraient être touchés par ce mouvement, notamment les automobilistes et les transports en commun.
- Tensions économiques : Les livraisons de marchandises vers Paris pourraient être retardées, affectant les chaînes d'approvisionnement.
Date | Action prévue | Impacts attendus |
---|---|---|
5 janvier 2025 | Blocus des grands axes | Embouteillages massifs, perturbations économiques |
6 janvier 2025 | Possible escalade | Menace de blocus prolongé ou de manifestations au centre |
Une crise agricole aux multiples causes
La crise agricole actuelle est le résultat d’un cocktail explosif de facteurs économiques, politiques et environnementaux. Les agriculteurs dénoncent notamment :
- Une concurrence internationale déloyale : Les produits importés, souvent moins coûteux, envahissent le marché français, tirant les prix vers le bas.
- Une pression environnementale mal gérée : Les politiques écologiques imposées par le gouvernement, comme la réduction des pesticides ou les normes environnementales, sont jugées contraignantes et coûteuses.
- Un modèle économique déséquilibré : Les exploitants agricoles ne parviennent plus à dégager un revenu décent. Selon une étude récente, plus de 30 % des agriculteurs français vivent sous le seuil de pauvreté.
- Un désintérêt politique : Malgré des promesses répétées, les gouvernements successifs n’ont pas réussi à mettre en place des réformes structurelles pour protéger l’agriculture française.
Patrick Legras a ajouté : « Avant le blocage, il y a une montée d’un grand nombre d’adhérents à partir de dimanche prochain. Après certains, pour l’instant, l’ont interprété de diverses manières. Le but est de monter sur Paris et tout autour pour, on espère, avoir un rendez-vous très rapide avec le Premier ministre et la ministre de l’Agriculture »
🚜 "On monte à Paris"
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La préfecture de police de Paris se prépare déjà à faire face à cette mobilisation d’une ampleur inédite. Les forces de l’ordre seront déployées en nombre pour tenter de minimiser les perturbations. Néanmoins, la tâche s’annonce difficile face à une mobilisation qui pourrait inclure des tracteurs, des remorques et d’autres véhicules agricoles.
Si les revendications des agriculteurs ne sont pas entendues, la situation pourrait dégénérer. Les syndicats n’excluent pas un durcissement des actions, avec des blocages prolongés ou des manifestations dans le centre de Paris.
En attendant, le 5 janvier sera une journée décisive. Les yeux de la France entière seront tournés vers Paris, où se jouera peut-être l’avenir de l’agriculture française.