Agriculteurs en colère : le gouvernement temporise sur la nouvelle loi

La colère des agriculteurs ne désemplit pas. Après plusieurs jours de manifestations et l’intensification du mouvement, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a annoncé, dimanche 21 janvier 2024, le report de son projet de loi qui devait être présenté ce mercredi 23 janvier.

Axelle Ker
Par Axelle Ker Publié le 22 janvier 2024 à 11h00
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agriculteur, manifestation, agriculture, Marc Fresneau, projet de loi, europe, DREAL - © Economie Matin
1,5 %Le secteur de l'agriculture représente 1,5 % des emplois en France.

Le ministre de l'Agriculture reporte son projet de loi

Marc Fresneau, ministre de l'Agriculture, vient d'annoncer le report de « quelques semaines » de son projet de loi « en faveur du renouvellement des générations en agriculture ». L'enjeu est de taille : selon les chiffres du ministère de « un tiers des agriculteurs, soit 166 000 exploitants ou co-exploitants agricoles » seront en retraite dans les dix prochaines années. Le projet de loi était initialement prévu pour être présentée mercredi 24 janvier 2024, en Conseil des ministres, devrait être débattu au sein de l'hémicycle de l'Assemblée nationale au cours du premier semestre de 2024.

Son report survient après plusieurs jours de manifestation et de l'intensification de la contestation des agriculteurs. C'est une manière pour le gouvernement de tenter d'apaiser les esprits, et d'ajouter de nouvelles mesures qui puissent répondre aux revendications des agriculteurs. Le Premier ministre, Gabriel Attal, en a profité pour réaffirmer le soutien du gouvernement au projet de loi, tout en appuyant sur la nécessité de faciliter la reprise des exploitations agricoles et d'assurer une transmission pour les prochaines générations.

Les revendications des agriculteurs

Les agriculteurs d'Occitanie, quant à eux, continuent de manifester leur mécontentement. L'autoroute A64 près de Toulouse reste coupée, et un barrage filtrant est prévu en Ariège. Plusieurs agriculteurs ont également bloqué la nationale 124 dans le Gers depuis vendredi 19 janvier. D'autres ont mis en place des points de blocages dans la journée de samedi près de Tarbes. Le mouvement des agriculteurs a franchi un nouveau cap et a gagné en visibilité suite à l'explosion qui a soufflé les locaux de la direction générale de l'environnement (DREAL) à Carcassonne dans la nuit du 18 janvier 2024. L'attaque a d'ailleurs été revendiquée par le Comité d'Action Viticole. Les agriculteurs réclament un soutien immédiat de l'État pour faire face à la flambée des prix du carburant, à la concurrence des produits ukrainiens et à leurs difficultés à obtenir des indemnisations pour les crises sanitaires qui ont touché le bétail. Le fond de leur colère ? Le mille-feuille des normes européennes qui ne cesse de les écraser (interdiction de pesticide, hausse des charges, le Green Deal européen, etc.) au profit des produits extra-européens. En d'autres termes, ils dénoncent la perte de la souveraineté agricole française, et selon eux, leur mort programmée.

Le projet de loi prévoit en autre la création d'un nouveau diplôme, le « bachelor agro », et la mise en place d'un réseau « France services agriculture » pour faciliter l'installation des nouveaux agriculteurs. Il vise également à raccourcir les délais administratifs, notamment pour les indemnisations, et à mettre en place des mesures pour protéger le secteur agricole du mille-feuille européen, quand celui-ci « menace la compétitivité française ». « On met des moyens auprès des agriculteurs pour les accompagner dans les transitions et pour améliorer leur compétitivité », a tenu à affirmer le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, invitant par la même occasion les syndicats agricoles à faire des propositions. Le mouvement des agriculteurs ne se limite pas à la France. La colère des agriculteurs s'étend depuis plusieurs semaines dans d'autres pays européens, notamment en Allemagne, aux Pays-Bas, en Roumanie ou encore en Pologne. La visite d'Emmanuel Macron au Salon de l'Agriculture, prévue le 24 février 2024, risque d'être bien animée.

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Axelle Ker

Diplômée en sciences politiques et relations internationales, journaliste chez Économie Matin & Politique Matin.

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