Acheter de l’art numérique, c’est possible

Après l’évolution fulgurante des NFT, l’art numérique prend place grâce à un contexte contemporain de plus en plus encourageant, offrant une palette infinie de créations en fusionnant technologie et esthétique. À l’ère où la machine prolonge l’humain, le paysage artistique s’enrichit de nouvelles formes qui suscitent toutefois des interrogations.

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Par Artransfer Publié le 7 avril 2024 à 9h30
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art numérique, collection, nft, achat - © Economie Matin
5%La part de l'art numérique a atteint 5% des ventes en 2022

 Même s’il est certain que contrairement aux croyances, l’art numérique ne rime pas avec intangibilité, la reproductibilité et la valeur des œuvres numériques inquiètent.

Alors que le marché de l'art numérique gagne en importance, on peut se demander quelle place l'art numérique est voué à occuper dans le paysage artistique à venir ?

Qu’est-ce que l’art numérique ?

Georges Seurat, peintre et dessinateur français de la deuxième moitié du XIXe siècle, déclarait : « je tiens à donner une image de mon temps avec les moyens de mon temps ». Si Georges Seurat avait vécu à notre époque, il aurait peut-être exploré l'art numérique, l'un des nouveaux médiums phare de notre millénaire. L'art numérique, également connu sous le terme d'art digital, englobe un large éventail de créations utilisant le langage informatique. Ces termes génériques regroupent diverses formes de création visuelle, sonore, électronique, virtuelle, immersive et interactive, sollicitant ainsi les cinq sens.

Les pionniers de l'art numérique émergent dans les années 1960. Après que Ben Laposky, mathématicien et artiste américain, crée les premières images électroniques sur des ordinateurs analogiques à partir d'oscilloscopes en 1950 et que la publication de l'ouvrage « Aesthetica » de Max Bense en 1960 jette les bases d'une nouvelle esthétique basée sur les sciences mathématiques, c’est en 1963 que les premières œuvres visuelles sont réalisées sur ordinateur par programmation algorithmique, par Frieder Nake et Georg Nees. 

Avec l’avènement d’internet à la fin des années 1990, et plus tard avec l'essor des réseaux sociaux, l'art numérique connaît un développement considérable. Il s'intègre également à des domaines artistiques tels que le cinéma et la photographie, remplaçant progressivement les technologies analogiques. « Star Wars: Épisode I » est le premier film à être projeté avec des technologies numériques en 1999, et « Vidocq », sorti en 2001, est le premier long-métrage tourné entièrement en numérique. Plus récemment, les NFT (Non-Fungible Token) ont révolutionné la matière avec des titres de propriété numérique infalsifiables, offrant une solution contre la duplication des œuvres d'art numérique. En quelques années, l’art numérique a pris sa place entre l’espace réel et l’espace virtuel, prolongeant la main de l’artiste avec celle de la machine.

La reproductivité de l’art numérique : un frein à sa vente ?

Malgré sa présence indéniable dans la société contemporaine, l'art numérique questionne en raison de sa nature qui semble compromettre sa valeur dans l'esprit collectif. 

Le cas plus particulier de l'art vidéo est révélateur. Omniprésent dans les expositions d'art contemporain, il suscite toutefois une méfiance quant à son acquisition. Caroline Bourgeois, commissaire d'exposition et conservatrice auprès de la collection Pinault, explique qu'il existe un réel marché pour l’art vidéo, pouvant atteindre jusqu'à 4 à 5 millions d'euros pour les artistes les plus renommés, mais que ce marché est largement ignoré par les ventes aux enchères. En ce sens, des acteurs comme Artransfer tentent de fluidifier la revente des œuvres d'art digital en offrant une marketplace sécurisée pour le second marché des œuvres d'art, tous médiums confondus.

En outre, la reproductibilité d'une œuvre peut également constituer un atout. Les institutions l’ont bien compris : en 2012, une vidéo devenue emblématique de l'Américain Christian Marclay, « The Clock », a été acquise conjointement par la Tate à Londres, le Centre Pompidou et le Musée national d’art moderne à Paris et l'Israel Museum à Jérusalem.

Quelle place pour l’art numérique sur le marché de l’art actuel ?

Malgré ces incertitudes, la part de l'art numérique, du film et de la vidéo a augmenté pour atteindre 5 % des ventes en 2022, contre seulement 1 % en 2021 selon le rapport sur le marché de l’art en 2023 de Art Basel et UBS. Bien que ce marché soit minime comparé à celui des œuvres traditionnelles, il se développe en s'insérant peu à peu dans les mentalités et l'acceptation collective de la société. L'intégration généralisée du numérique dans notre vie quotidienne contribue en effet à l'essor croissant de sa part sur le marché de l'art, tandis que la méfiance envers cet art semble de plus en plus lointaine. Ce virage du marché est récent et a véritablement débuté en 2021, avec le phénomène des NFT jouant un rôle de catalyseur dans la structuration d'un marché des arts numériques. 

Témoin de cette structuration croissante et des opportunités de ce marché, Sotheby's lance son « Metaverse », à la fin de 2021 suivi de près par Christie's qui développe en 2022 « Christie's 3.0 », sa propre plateforme d'art digital et de NFT. En parallèle, de plus en plus d'acteurs du marché comme l'Avant-Galerie Vossen ou Danae.io se spécialisent dans les arts numériques. Face à ce rayonnement grandissant qui n'en est qu'à ses prémices, l'art numérique pourrait un jour prétendre à rivaliser avec les autres médiums plus traditionnels de l’art.

Mathilde Lamezec pour Artransfer

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