L’année 2024 marque un tournant pour l’or. Dans un contexte troublé par les tensions géopolitiques et économiques, un mouvement sans précédent s’observe au sein des banques centrales du monde entier. Mais qu’est-ce qui pousse ces institutions à accumuler autant de métal jaune ?
Ruée vers l’or en 2024 : Pourquoi les banques centrales accumulent-elles ?
En février 2025, le prix de l’or dépasse les 2 940 USD (environ 2 740 euros) l’once troy, un record historique propulsé par les achats massifs réalisés par les banques centrales en 2024. Le 19 février 2025, l’or atteint même une valeur symbolique d’un million de dollars pour un lingot standard. Cette flambée du prix du métal jaune, continue depuis la crise sanitaire, s’inscrit dans un climat économique et géopolitique anxiogène, renforcé par les politiques commerciales agressives des États-Unis depuis l’investiture de Donald Trump le 20 janvier 2025.
Pourquoi les banques centrales ont-elles intensifié leurs achats d’or en 2024 ?
Face à la montée des incertitudes économiques et politiques, les banques centrales ont massivement accru leurs réserves d’or en 2024. L’or reste perçu comme une valeur refuge par excellence, notamment en période de crises, d’inflation élevée ou de dépréciation monétaire. Ainsi, la Banque nationale de Pologne est devenue le plus gros acheteur mondial avec 89,54 tonnes d’or supplémentaires, motivée par la proximité avec la guerre en Ukraine.
La Turquie (74,79 tonnes), l’Inde (72,6 tonnes) et la Chine (44,17 tonnes) suivent de près, ces achats étant alimentés par les tensions commerciales globales et l’affaiblissement du dollar américain, qui a chuté à son plus bas niveau depuis deux mois le 14 février 2025 selon BestBrokers.
Classement des 10 premiers pays acheteurs d’or au monde en 2024 (en tonnes)
Rang | Pays | Or acheté (tonnes) |
---|---|---|
1 | Pologne | 89,54 |
2 | Turquie | 74,79 |
3 | Inde | 72,6 |
4 | Chine | 44,17 |
5 | Azerbaïdjan | 25,0 |
6 | République tchèque | 20,51 |
7 | Irak | 20,09 |
8 | Hongrie | 15,52 |
9 | Ouzbékistan | 11,20 |
10 | Ghana | 11,03 |
Le top 10 mondial des pays avec les plus grandes réserves d’or fin 2024 :
Rang | Pays | Réserves d’or (en tonnes) |
---|---|---|
1 | États-Unis | 8 133,46 |
2 | Allemagne | 3 351,53 |
3 | Italie | 2 451,84 |
4 | France | 2 437,00 |
5 | Fédération de Russie | 2 335,85 |
6 | Chine | 2 279,56 |
7 | Suisse | 1 039,94 |
8 | Inde | 876,20 |
9 | Japon | 845,97 |
10 | Turquie | 614,98 |
Focus sur la France : pas d’achats massifs mais des réserves bien établies
Contrairement à ses voisins, la France reste discrète en 2024, sans procéder à des achats ou ventes significatifs. Elle maintient ses réserves à 2 437 tonnes d’or, occupant ainsi la quatrième place mondiale en termes de réserves totales, juste derrière l’Italie. En revanche, la France se classe au 7e rang européen pour l'or détenu par habitant, avec environ 11 pièces d’or de 3,39 grammes par citoyen.
Top 10 européen des réserves d’or en 2024 (en tonnes)
Rang | Pays | Réserves d’or |
---|---|---|
1 | Allemagne | 3 351,53 |
2 | Italie | 2 451,84 |
3 | France | 2 437,00 |
4 | Suisse | 1 039,94 |
5 | Pays-Bas | 612,45 |
6 | Turquie | 614,98 |
7 | Portugal | 382,66 |
8 | Espagne | 281,58 |
9 | Autriche | 279,99 |
10 | Pologne | 448,23 |
Les vendeurs d’or : signe de crise ou stratégie ?
Certains pays ont adopté une approche inverse, vendant une partie de leurs réserves pour profiter des prix élevés ou pour répondre à des contraintes économiques. Les Philippines, par exemple, premier vendeur mondial en 2024 avec une diminution de 29,4 tonnes, semblent adopter une stratégie opportuniste face aux fluctuations de marché. Suivent le Kazakhstan (-10,18 tonnes), Singapour (-10,07 tonnes) et la Thaïlande (-9,64 tonnes).
La ruée vers l'or observée en 2024 révèle une anxiété croissante des banques centrales mondiales, tiraillées entre protection contre les crises et stratégie opportuniste. Alors que l’Europe semble privilégier la prudence, d’autres régions n'hésitent pas à revendre leurs réserves au prix fort. La tendance haussière de l’or pourrait atteindre des sommets encore plus élevés, avec certains analystes prédisant un dépassement de 3 000 USD (environ 2 800 euros) par once dès fin 2025, notamment selon Goldman Sachs et Citigroup.