Créée en 2009, l’ONG française LIFE commence à se faire une place auprès du grand public en raison de ses nombreux programmes, en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Son action repose sur quatre piliers : l’accès à l’eau potable, la sécurité alimentaire, l’éducation et l’environnement. Portrait.
Accès à l’eau, reforestation, éducation : l’ONG LIFE s’active sur tous les fronts
Déjà deux mille puits et châteaux d’eau au compteur. En près de 15 ans, l’ONG LIFE – association à but non lucratif de loi 1901 – a en effet permis le forage de puits dans plusieurs régions du monde défavorisées ou dénuées d’infrastructures étatiques. Synonyme de vie, l’eau est intrinsèquement liée à l’histoire de cette organisation. « L’eau est un besoin fondamental, et c’est la condition première et nécessaire du développement. Une fois que vous créez un point d’eau dans un village, vous libérez de la corvée d’eau dans les villages les femmes et les enfants, explique ainsi Tarek Elkahodi, président de l'ONG LIFE. Les enfants peuvent se rendre à l’école, et les femmes peuvent avoir d’autres activités : agroforesterie, agriculture, artisanat, gestion du foyer, éducation des enfants… Dans nombre de communautés où nous intervenons, à rebours de certains clichés, ce sont les femmes qui gèrent les foyers et les finances. Les femmes et les enfants sont donc des vecteurs fondamentaux de développement sur lesquels nous « investissons » pour l’avenir de ces communautés. » Car une fois que l’accès à l’eau est assuré, une kyrielle d’autres projets peuvent en découler.
4 piliers et une approche pluridisciplinaire
Organisation indépendante, LIFE travaille dans plus de 25 pays. En Afrique, y compris dans les pays du Sahel qui ont coupé les ponts avec la France, en Asie ou au Moyen-Orient comme au Liban, le pays du cèdre subissant l’une des pires crises économiques dans le monde depuis le XIXe siècle. Dans chaque cas, les équipes de l’ONG abordent les projets à mettre en place de la même manière. « Notre action repose sur quatre piliers : l’accès à l’eau potable, la sécurité alimentaire, l’éducation et l’environnement, détaille de son côté Fanny Fernandes, directrice exécutive de LIFE. Contrairement à ce qui se faisait dans le passé, les projets actuels embrassent généralement plusieurs de ces quatre domaines d’intervention, dans une logique de projets intégrés et de synergie entre les spécialités : derrière un projet fondé sur l’accès à l’eau potable, comme la construction d’un puits, nous allons développer par exemple un projet de potager pour une cantine scolaire, avec un soutien alimentaire annuel le temps que le potager donne suffisamment. Cette cantine sera elle-même adossée à une structure d’éducation pour les enfants des zones reculées. » Comme elle le dit logiquement, il ne sert en effet à rien de construire des écoles si les enfants qui peuvent en profiter sont contraints de passer des heures aux corvées d’eau.
Pierre angulaire de son action, le programme « Accès à l’eau » vise ainsi des dizaines de milliers de bénéficiaires. Et la demande ne décroît pas dans certaines régions – en particulier sur le continent africain – avec les conséquences du réchauffement climatique. Les besoins sont donc évidents, tout comme la nécessité permanente de lever des fonds pour poursuivre le forage et l’installation de puits.
Améliorer l’environnement, permettre la vie
Les communautés locales sont évidemment très dépendantes de l’accès à l’eau. Cette eau permet par exemple de mettre en place des projets d’agriculture vivrière et de reforestation, nécessaires à maintenir l’activité humaine de façon durable. En 2016, l’ONG a ainsi commencé à développer un autre programme, « Sapousse », initié d’abord en Indonésie avant de franchir les océans. Pour ce programme de reforestation « Sapousse », les donateurs sont ainsi invités à financer les plants d’arbres, directement en ligne sur le site de l’ONG : un arbre pour 2 euros, 15 arbres pour 30 euros, 100 arbres pour 200 euros, 1000 arbres pour 2000 euros. Tout le monde peut ainsi y participer en fonction de ses ressources, et ainsi lier les sujets humanitaires aux sujets d’environnement. Une évidence pour le président de LIFE : « L’environnement est un sujet humanitaire quand on parle d’accès à l’eau. C’est en réalité lié aux questions environnementales de désertification, de changement climatique et de hausse de température. Lorsque nous intervenons pour la préservation ou la restauration d’une mangrove, c’est aussi pour lutter contre l’érosion des terres et la destruction des habitats. Cette interconnexion entre les domaines humanitaires et environnementaux nous semble aller de soi. »
Cette bataille est loin d’être gagnée, tant les conséquences du réchauffement climatique sont nombreuses. À Madagascar par exemple, l’ONG Life met en place un projet de plantations qui permet à la fois de créer de la richesse et une activité économique, mais également de protéger les populations en cas d’aléas climatiques. Selon Fanny Fernandes, « il s’agit de trouver des solutions à des pratiques qui endommagent l’environnement, comme la pratique des brûlis à Madagascar, ou mettent en péril l’habitat humain dans un contexte de réchauffement climatique, comme avec la déforestation des régions côtières qui expose les populations aux tsunamis, raison pour laquelle, entre autres, nous avons des programmes de reforestation. L’environnement est une partie indissociable des problématiques que nous traitons. Pour être efficaces et cohérents, nous ne pouvions pas faire l’économie de ce sujet. » Tout est lié évidemment, la cohérence de l’action de terrain se doit donc d’être systémique.
Les acteurs locaux, garantie de réussite
Derrière tous ces projets, la stratégie de long terme de l’ONG se focalise sur l’accompagnement des communautés locales bénéficiaires sur la route de l’autonomie. La théorie des dominos fonctionne à plein : mettre en place des points d’eau permet de cultiver la terre, cultures qui permettent de nourrir les habitants qui pourront ainsi développer leurs communautés le ventre plein pendant que les enfants vont à l’école. Et ainsi de suite. « L’autonomie des personnes et des communautés concernées reste la finalité et le fil directeur de tous nos projets, poursuit la directrice de l’ONG. Distribuer de l’aide alimentaire, c’est une aide ponctuelle qui peut être nécessaire mais qui n’est absolument pas suffisante pour autonomiser les personnes. Notre objectif est bien de partir des pays où nous intervenons en laissant derrière nous de populations qui n’ont plus besoin de nous. »
Pour calibrer au mieux son action en fonction des besoins spécifiques des populations visées, l’ONG française – dont les frais de fonctionnement sont assurés par des donateurs privés et non des subventions étatiques – s’appuie sur l’expertise de partenaires locaux. Un vrai gage de réussite selon Mme Fernandes : « Nous avons recours systématiquement à des acteurs et des collectifs locaux, qui connaissent les situations et les besoins, car ils sont à même de faire le lien sur le long terme si nécessaire. Nous n’arrivons pas auprès des populations avec des solutions toutes faites et des moyens humains et matériels standardisés : nous dimensionnons les projets en fonction des besoins réels et concrets, besoins que nous connaissons grâce à nos partenaires locaux. Ce n’est pas forcément la solution la plus simple pour nous, mais c’est la plus efficace pour les populations concernées. »
Les combats à mener sont encore nombreux malheureusement. Selon l’ONU, 2 milliards de personnes sont encore privées d’accès à l’eau potable, un droit humain pourtant fondamental. L’ONG Life a d’ailleurs participé en mars dernier au sommet mondial sur l’eau, en tant que co-organisatrice d’un événement intitulé Connaissance, Gouvernance et Innovation des eaux de surface et souterraines dans les pays en développement. L’occasion pour elle de partager ses connaissances et de faire un retour d’expérience du terrain sur les besoins en eau. Sans l’eau, rien ne serait possible sur Terre. Sans le travail des ONG non plus.