Augmentations à l’horizon, taxes en coulisse. Les plateformes de streaming pourraient bientôt revoir leurs tarifs à la hausse. En cause : de nouvelles charges fiscales venues d’outre-Atlantique. Voici ce que cela signifie concrètement pour votre facture mensuelle.
Abonnement streaming : la guerre des taxes va vous coûter très cher
Depuis l’annonce de nouveaux droits de douane par Donald Trump le 2 avril 2025, une question agite les services marketing des plateformes de vidéo à la demande : faut-il répercuter la taxe sur l’abonné ? Si le choix n’est pas encore officiel, les estimations commencent déjà à circuler. Et les consommateurs français, déjà pressurisés par l’inflation, pourraient une nouvelle fois mettre la main à la poche. L’abonnement pourrait bien coûter un peu plus cher dès les prochaines semaines, si l’Union européenne répond à Donald Trump.
+1 à +2 euros : la hausse concrète évoquée pour chaque service
La fourchette est claire : 1 à 2 euros supplémentaires par mois et par abonnement. C’est l’estimation évoquée par 20 Minutes dans un article publié le 4 avril 2025. Un chiffre encore provisoire, mais basé sur les scénarios les plus plausibles de répercussion.
Concrètement, voici ce que cela pourrait signifier :
- Netflix : actuellement entre 5,99 euros (formule « Essentiel avec pub ») et 17,99 euros (formule Premium). Une hausse de 2 euros porterait la version la la moins chère à plus de 7 euros et la plus chère à 19,99 euros par mois.
- Disney+ : son tarif standard à 8,99 euros passerait à 9,99 voire 10,99 euros selon le scénario retenu.
- Prime Video : inclus dans l’abonnement Amazon Prime à 6,99 euros/mois, il pourrait grimper à 7,99 euros, voire plus si d’autres coûts liés au stockage (cloud Amazon) sont ajoutés.
- Apple TV+ : actuellement à 9,99 euros par mois, il pourrait atteindre 11,99 euros.
Si l’Union européenne applique une taxe proportionnelle au chiffre d’affaires réalisé en Europe, les plateformes pourraient revoir leurs tarifs à la hausse de façon progressive au fil de l’année.
La mécanique fiscale : pourquoi une hausse devient (quasiment) inévitable
Les mesures envisagées par l’Union européenne pour répondre à la guerre des taxe douanières lancée par Donald Trump concernent spécifiquement les services américains. Les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) sont désignés comme cibles, mais les plateformes de streaming — souvent filiales ou produits directs de ces géants — sont indirectement concernées.
À cela s’ajoute une situation de base déjà défavorable aux consommateurs :
- Les services sont déjà soumis à la TVA (20 % en France).
- Ils sont également redevables d’une contribution à la création audiovisuelle locale : 362 millions d’euros en 2023 pour la France.
Si l’Europe ajoute une taxe numérique spécifique en riposte aux mesures américaines, le cumul de ces charges serait difficile à absorber pour les groupes sans impact client. Résultat : la majoration serait presque automatique. Une étude relayée par Le Monde évoque une hausse potentielle de 5 à 8 % des prix pour les abonnés européens. Cela représenterait :
- Une augmentation mensuelle de 0,30 à 1,40 euro pour un abonnement à 7 euros.
- Et jusqu’à 1,40 à 2,20 euros pour un abonnement de 18 euros.
Impact sur le budget des ménages : le streaming devient un poste de dépense réel
Jusqu’à récemment, le streaming était perçu comme une alternative bon marché à la télévision payante. Mais les temps ont changé. Avec la multiplication des services, un foyer moyen cumule aujourd’hui entre 3 et 4 abonnements mensuels, selon l’étude de Médiamétrie de février 2025. En intégrant une hausse moyenne de 1,50 euro par service, la facture totale pourrait grimper de 4 à 6 euros par mois, soit jusqu’à 72 euros par an.
Dans un contexte de pouvoir d’achat déjà mis à mal, cette évolution pèse :
- En 2024, les dépenses numériques représentaient 5 % du budget loisirs des ménages français selon l’INSEE.
- L’augmentation à venir pourrait les faire passer à 6 ou 7 %, un seuil jamais atteint jusque-là.
S’ajoute une dimension plus insidieuse : ces hausses sont silencieuses. Appliquées automatiquement, elles ne nécessitent aucune action du consommateur. Et ne donnent généralement lieu à aucune communication officielle, sauf en très petits caractères au bas d’un mail de notification.
Qui sera le plus touché ? Les abonnés… et aussi les entreprises
Si les particuliers verront leur budget impacté, les entreprises ne sont pas épargnées. Les services de cloud computing (Amazon, Google, Microsoft) sont également dans la ligne de mire de la taxation européenne. Et bon nombre de PME françaises hébergent leurs données et leurs logiciels dans ces infrastructures. Cela signifie que certaines applications professionnelles (visioconférence, CRM, stockage cloud) pourraient également voir leurs prix grimper, répercutant à terme le coût sur les produits finaux vendus aux consommateurs.
Autre effet domino : les services « freemium », actuellement gratuits ou peu chers, pourraient durcir leurs conditions d’accès pour compenser l’effet des nouvelles taxes.
Le streaming, autrefois considéré comme un luxe accessible, devient peu à peu un poste de dépense structurel. Et les hausses tarifaires à venir — certes modérées en apparence — risquent, par cumul, de pénaliser significativement les foyers multipliant les abonnements.
En l’absence de plafond fiscal ou de régulation tarifaire spécifique, le consommateur reste seul face à cette mécanique. Et ce sont les quelques euros de plus, répétés chaque mois, qui finiront par faire la différence. Reste à savoir si les abonnés sont prêts à payer… ou à résilier.