Crise grecque : épreuve ou paravent ?

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Par Jean-Paul Betbèze Modifié le 30 mai 2012 à 7h22

Les marchés financiers regardent la Grèce, pas la France. Derrière la Grèce, ils regardent l’Espagne et ses banques, puis l’Italie, pour se demander combien de temps Mario Monti va bénéficier de l’état de grâce des non élus. Autrement dit, quand les élus vont juger qu’il a assez enduré à leur place pour qu’ils en profitent… Sans oublier les Irlandais, les Portugais, les Hollandais…

Dans un mois nous saurons si les efforts faits pour maintenir la Grèce dans l'euro auront été réussis. Il faudra alors passer à l’acte, dans l’un et l’autre cas. Avec une Grèce qui reste dans l’euro, ce qui est notre hypothèse centrale, les engagements grecs pourront être revus à la marge, mais devront être mis en œuvre - cette fois. Surtout, pour les autres pays aussi, les marchés vont se montrer plus exigeants. Ils ne veulent plus se demander si l’Espagne ou l’Italie resteront, maintenant qu’ils voient ce qui a été fait avec et pour la Grèce.

La France devra dire ses chiffres et ses ambitions, et comment sa trajectoire est affectée par les choix de François Hollande. Les marchés nous diront comment ils apprécient la hausse de SMIC, modeste, la retraite à 60 ans, pour les carrières longues, les embauches de fonctionnaires, limitées.

C’est à ce moment que l’on verra si le glissando que l’on observe entre France et Allemagne en matière de « croissance » ou d’ « eurobond » notamment est bénin, ou non. S’agit-il de bénéficier d’un affaiblissement de Mme Merkel, avec ses revers régionaux, et de l’Allemagne, avec les messages du FMI, de l’OCDE, de l’Italie pour faire changer certains choix ? Ou bien s’agit-il d’une inflexion stratégique plus profonde ? Et si oui, l’Allemagne va-t-elle suivre ? Allons-nous vers plus de fédéralisme budgétaire et fiscal ? Avec quelle combinaison entre libéralisme et politique industrielle ?

Le paravent grec, c’est demander des efforts à la Grèce et dire que nous sommes derrière elle, mais sans parler de nos efforts, pour que la zone euro passe l’épreuve avec une France plus efficace. Mais attention. il va disparaître !

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Jean-Paul Betbèze est PDG de Betbèze Conseil, membre de la Commission Economique de la Nation et du Bureau du Conseil national de l'information statistique (France), du Cercle des économistes et Président du Comité scientifique de la Fondation Robert Schumann. Professeur d'Université (Agrégé des Facultés, Professeur à Paris Panthéon-Assas), il a été auparavant chef économiste de banque (Chef économiste du Crédit Lyonnais puis Chef économiste & Directeur des Etudes Economiques, Membre du Comité Exécutif de Crédit Agricole SA) et membre pendant six ans du Conseil d'Analyse économique auprès du Premier ministre. Il est l'auteur des ouvrages suivants:· "Si ça nous arrivait demain..." aux éditions Plon, Collection Tribune Libre· "2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France" aux Editions PUF, 2012.. "Quelles réformes pour sauver l'Etat ?" avec Benoît Coeuré aux Editions PUF, 2011.. "Les 100 mots de l'Europe" avec Jean-Dominique Giuliani aux Editions PUF, 2O11. "Les 100 mots de la Chine" avec André Chieng aux Editions PUF, 2010. Son site : www.betbezeconseil.com

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