Non non, ce n'est pas une taxe de plus se défend l'éxécutif parisien, mais un moyen de stimuler la transformation des bureaux vides en logements. Voire ! Les bailleurs qui ont sur les bras des locaux professionnels vides (il y aurait 6 à 7 % de la surface de bureau disponible dans la capitale en attente d'un locataire) faute de trouver une entreprise pour bien vouloir les occuper, ne l'entendront pas de cette oreille.
On parle de quoi ? D'une taxe votée mardi 8 juillet au soir au Conseil de Paris par la majorité municipale, et qui impose les propriétaires de locaux commerciaux vacants à hauteur de 20 % de leur valeur locative la première année. Et si cela ne suffit pas à les dégouter d'être propriétaire, alors qu'ils ne trouvent pas de locataire, la deuxième année, la taxe sera de 30 %. Encore ??? La troisième année, elle sera de 40 % ! Autrement dit, si vous êtes propriétaire de locaux dans Paris qui correspondent à ce descriptif, non seulement vous n'avez pas de locataire, mais en plus vous serez taxés à hauteur de 20, 30 ou 40 % sur des loyers que vous ne percevez plus.
Ce soir au #ConseilDeParis @IanBrossat défend la transformation de bureaux en logements. Notre objectif : 200 000 m2 pic.twitter.com/wl7qNmatNy
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 8 Juillet 2014
S'il fallait une preuve supplémentaire que certains et certaines hommes et femmes politiques sont déconnectés de la réalité économique, celle-ci est pas mal, dans le genre. Car enfin, si des étages entiers d'immeubles de bureaux restent vides, y compris dans les quartiers d'affaires, mais aussi un peu partout dans Paris, c'est d'abord et avant toute chose à cause de la crise. 6 à 7 % de bureaux vacants, sur un total de 18 millions de mètres carrés, cela fait quand même plus 1, 15 million de mètres carrés en déshérence, et autant de manque à gagner pour les bailleurs. Si on ajoute le fait qu'une autre taxe, votée fin décembre 2012, taxe quant à elle les logements vacants à hauteur de 5 % de leur valeur locative, il ne fait décidement pas bon être propriétaire en France.
Une taxe punitive anti-propriétaires ?
Pire encore : la taxe frappe aussi les "commerces non exploités". Ainsi, le propriétaire d'une boutique fermée parce que son bailleur a déposé le bilan, boutique dont personne ne veut parce que trois autres boutiques ont elles aussi tiré leur rideau définitivement à côté, bam ! Non seulement il s'est pris souvent plusieurs mois de loyer impayé dans les dents, le précédent locataire lui a laissé une boutique dévastée après avoir déménagé sauvagement une nuit sans crier gare en arrachant toute la déco et les éclairages, mais en plus, voilà que la mairie de Paris va envoyer la facture et réclamer 20 % des loyers la première année.
Bureaux, boutiques, entrepôts, tout sera taxé
Même les entrepots vides seront frappés par la taxe. Vouloir faire croire que des boutiques ou des entrepôts pourraient, d'un coup de baguette magique, se transformer en logements, c'est vraiment prendre non seulement les propriétaires mais aussi les parisiens pour des imbéciles, ne mâchons pas nos mots. A jouer à ce genre de petit jeu, il ne faudra pas s'étonner qu'un jour une véritable révolte fiscale se déclenche dans le pays, ou que les derniers investisseurs étrangers qui pensaient encore placer ou garder du patrimoine dans la capitale s'enfuient...