Le 27 juillet 2014, le ministère de l'Agriculture et du développement durable algérien a annoncé des mesures de séquestration des animaux dans le Nord du pays suite à la découverte de 75 bovins décédés de la fièvre aphteuse. Les éleveurs français ont des raisons d'être inquiets pour leurs revenus...
Un export inefficace et volatile
En 2013, l'Algérie achetait près de 70 % des bovins maigres exportés par la France vers les pays tiers : à quel prix va-t-on vendre ces animaux ailleurs si ce marché-là se ferme demain ?
La balance commerciale de la filière viande française penche dangereusement en défaveur des éleveurs car 20 % des bovins produits sont exportés vivants vers des marchés qui peuvent se retourner brusquement pour des raisons sanitaires, économiques ou politiques.
Pour un solde du commerce extérieur de bovins vifs de + 154 700 téc (tonnes équivalent carcasse) en 2013, le solde des viandes était de - 137 000 téc. Ces chiffres donnés par Agreste, qui ne renseignent pas sur la valeur moyenne de chacune de ces catégories, dissimulent la perte nette pour l'économie.
Un export pourtant idolâtré
Tous les experts connaissent ces résultats catastrophiques et les risques de cette politique mais cela n'empêche pas la FNB de prôner une politique d'exportation de broutards à tout va avec l'abandon de valeur ajoutée que cela suppose. Il faut que cela cesse ! Les éleveurs ne peuvent plus supporter qu'on joue leurs revenus à la roulette russe !
La France pourrait être un acteur majeur de l'exportation de viande bovine de qualité, avec des gros bovins finis valorisés à l'export en cas d'engorgement du marché. Au lieu de ça, Stéphane Le Foll a choisi de délaisser les engraisseurs dans sa PAC.
Pour comble du paradoxe, ces mêmes syndicalistes qui dénoncent la guerre des prix menée par la grande distribution, l'alimentent en laissant le champ libre aux viandes étrangères pour les plats préparés.
La section viande de la Coordination Rurale rappelle que cet engrenage est le résultat d'une PAC libéraliste, censée maintenir la production, mais qui ne fait qu'apporter la précarité aux éleveurs ! La vocation de l'élevage français est bien de créer la valeur ajoutée dans les exploitations agricoles qui nourrissent et nourriront le pays. Il s'agit donc d'alimenter le marché intérieur et européen en ne considérant qu'accessoire l'export vers les pays tiers à la seule fin d'ajuster le marché. Il ne peut pas constituer le socle de la politique agricole en matière de viande.