Le marché de l’horlogerie se porte bien. Les montres mécaniques de luxe séduisent sur tous les continents et énormément d’argent est généré par les géants du secteur. Ce beau pactole attire forcément quelques escrocs et l’un d’eux a défrayé la chronique ces dernières années.
350 millions d’euros de préjudice pour Rolex et Patek Philippe via ce vol !
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Modifié le 20 juin 2024 à 8h21
Julien Vincent, un Français, vivant en Thaïlande, est devenu le roi de la contrefaçon et aurait entraîné un préjudice financier de 360 millions d’euros pour les grandes marques horlogères de luxe. Arrêté en 2022, le trentenaire a finalement été condamné en mars 2024. On vous résume cette affaire.
Une entreprise bien menée
Né en 1994 à Nice, le jeune homme se fait rapidement remarquer par la justice. À 12 ans déjà, il commet quelques vols. Il sera arrêté 24 fois tout au long de sa jeune vie, notamment pour dégradation de biens publics, trafic de drogue ou encore extorsion. Ses premières contrefaçons sont de faux billets pour Disneyland Paris.
Le jeune homme travaille cependant, mais il n’aime pas particulièrement son métier de livreur de pizzas et décide de quitter la France en 2015. Il part pour la Chine et se rapproche notamment des usines de Canton, avec déjà l’idée de produire des faux. Julien commence alors à vendre des contrefaçons de sacs de grandes marques comme Hermès, Dior ou encore Channel.
Il découvre aussi des ateliers d’horlogerie capables de produire des copies de montres de luxe de belle qualité. Julien comprend que le marché de la montre de luxe est plein de promesses, mais il n’a pas la patience de créer sa propre marque, alors comme toujours, il décide de voler celle des autres. Ses contacts établis en Chine, il s’installe en Thaïlande, et son business de fausses montres est lancé en 2019.
Les réseaux sociaux lui permettent de mettre en avant de très belles montres à des prix défiant toute concurrence et les commandes sont reçues via WhatsApp. Ce sont ses collaborateurs en Chine qui s’occupent ensuite de la conception et de l’envoi des montres. Pour ne pas se faire prendre par les douanes françaises, la marchandise transite d’abord dans un pays tiers de l’Union Européenne, moins regardant sur le contenu des colis, avant de rejoindre l'hexagone.
Une belle diversité de produits
Plusieurs marques sont copiées par le faussaire et ses équipes chinoises. On retrouve Patek Philippe, Omega, Richard Mille ou encore Audemars Piguet. Mais c’est évidemment Rolex, comme toujours qui subira le préjudice le plus important.
Sur son catalogue, Julien proposait quatre gammes de produits. 80 % de la production était composée de fausses Rolex, vendues aux alentours des 500 €. Ensuite, il pouvait aussi fournir de fausses Rolex, mais avec un véritable numéro de série, pour 1300 €, ce qui est déjà le prix d'une très belle montre !
Les acheteurs pouvaient également opter pour de fausses montres, mais munies de véritables mécanismes de marques suisses, pour un prix de 6500 €. Enfin, le faussaire proposait d’assembler de « vraies montres », avec les vraies pièces d’usine des fabricants. Les prix pouvaient alors dépasser les 60 000 € par montre.
Un préjudice de 360 millions d’euros
Julien Vincent sera arrêté en Thaïlande en 2022 où il passera quelques semaines en prison, avant d’être rapatrié en France, pour un logement similaire, en attente de son procès. L’homme se sera finalement fait prendre à cause de son envie d’afficher sa réussite sur les réseaux sociaux, avec ses nombreuses maisons et sa Lamborghini, qui ont attiré l’œil des enquêteurs après l’interpellation d’un de ses partenaires.
Au total, le faussaire reconnaît avoir vendu 12 000 fausses montres, estimant son chiffre d’affaires à 3 millions d’euros entre 2019 et 2022. D’après les marques lésées, le nombre de copies vendues seraient bien plus importants. Rolex estime que 50 000 fausses montres de la marque à la couronne auraient été vendues par le Français, pour un préjudice avoisinant les 170 millions d’euros. Pour l’ensemble des marques cela représenterait un préjudice total d’environ 360 millions d’euros.
Tout un réseau condamné
Le procès de Julien Vincent et de ses complices avait lieu il y a quelques semaines et s’est conclu le 5 avril dernier. Le faussaire qui était en prison depuis son arrestation, reste derrière les barreaux. Jugé coupable, il est condamné à 4 ans et 6 mois de prison ferme, ainsi qu’une interdiction de gérer une société pendant 10 ans et une amende record de 208 millions d’euros.
Tout un réseau était articulé autour de Julien, qui a pourtant clamé le contraire lors du procès. Au total, 7 de ses associés ont été condamnés à de la prison. Le principal concerné a déjà fait une demande de remise en liberté, assurant qu’il resterait en France et qu’il laisserait derrière lui son passé de délinquant.