Coup de frein en 2025 : la croissance du PIB chute sous la contrainte budgétaire

En 2025, l’économie française pourrait subir un sérieux coup de frein. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la croissance du PIB est estimée à seulement 0,8%, une baisse importante par rapport aux années précédentes. Cette décélération risque de peser lourdement sur le pouvoir d’achat et la consommation des ménages.

Stephanie Haerts
Par Stéphanie Haerts Modifié le 16 octobre 2024 à 14h42
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Coup de frein en 2025 : la croissance du PIB chute sous la contrainte budgétaire - © Economie Matin
1,1%L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a récemment annoncé que la croissance économique est attendue à 1,1% pour 2024 et diminuerait à 0,8% en 2025, selon ses dernières prévisions publiées mercredi.

La France traverse un automne morose sur le plan économique. Entre les débats tendus autour du budget, une situation politique instable et un ralentissement de l'activité, les indicateurs sont préoccupants. Selon les dernières prévisions publiées ce mercredi par l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), la croissance devrait atteindre 1,1% en 2024 avant de retomber à 0,8% en 2025.

Le tour de vis budgétaire va impacter la croissance

Le serrage de ceinture budgétaire annoncé par le gouvernement semble être le principal coupable de cette contraction économique. L'OFCE prévoit une réduction de 0,8 point de croissance due à ces mesures d'austérité. Malgré les efforts pour rassurer le public et les marchés, les ministres de l'Économie et des Comptes publics peinent à dissiper les craintes d'une récession. Les débats houleux autour du budget et les incertitudes politiques n'arrangent rien à la situation, plongeant l'économie dans une situation délicate. « En 2025, la croissance française est attendue à 0,8 % malgré les effets positifs de la politique monétaire (+0,4 point de PIB lié à la baisse des taux d’intérêt), mais elle serait contrainte par la suppression de l’ensemble des boucliers tarifaires, et surtout par les nouveaux ajustements budgétaires prévus par le gouvernement Barnier l’année prochaine (estimés à 60 milliards d’euros par le gouvernement) », ont noté les économistes dans leurs prévisions de ce mercredi 16 octobre 2024.

Par ailleurs, les prévisions de déficit public pour 2024 inquiètent également, avec un déficit attendu de 6,1% du PIB, malgré les coupes budgétaires. L'efficacité de ces restrictions budgétaires pour rétablir les finances publiques pourrait être mise en doute. De nombreux économistes critiquent la stratégie du gouvernement, arguant que la réduction de la dépense publique pourrait inhiber la reprise économique plutôt que de la stimuler. La persistance d'un déficit élevé risque de mettre la France sous le feu des critiques des agences de notation et de la Commission européenne.

Un espoir de rebond par la consommation

En contraste, 2024 pourrait voir une légère amélioration grâce à l'assouplissement de la politique monétaire par la Banque centrale européenne, qui devrait soutenir l'activité économique en ajoutant 0,4 point au PIB. L'OFCE anticipe une reprise de la consommation en 2025, bien que le pouvoir d'achat des Français pourrait légèrement diminuer. L'atténuation de l'inflation, avec un indice des prix à la consommation prévu à 1,5%, devrait aider à stimuler cette consommation. « Après deux années de hausse marquée de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) (5,2 % en 2022 et 4,9 % en 2023), 2024 s’est caractérisée par un fort reflux de l’inflation). Elle est effectivement passée de 6,3 %, au moment du pic de février 2023, à 1,2 % en septembre 2024, chiffre qui n’avait pas été atteint depuis juillet 2021, avant la montée des tensions inflationnistes avec la reprise post Covid. », ont indiqué les économistes dans leurs prévisions.

Cependant, le taux d'épargne des ménages devrait commencer à diminuer dès 2025, passant de 17,8% à 17,1%, signalant peut-être une confiance accrue ou une nécessité de dépenser plutôt que d'épargner. « Selon nos prévisions, le taux d’épargne resterait élevé jusqu’à la fin de l’année 2024 (17,8 %), avant de se réduire au cours de l’année 2025, sous l’effet notamment du fort repli de l’inflation et la baisse des taux d’intérêt », ont indiqué les économistes. Cette dynamique pourrait directement impacter la modulation des effets du ralentissement économique sur les ménages. Une baisse du taux d'épargne peut également indiquer que les ménages puisent dans leurs réserves pour maintenir leur niveau de vie face à la stagnation des salaires. Parallèlement, cela pourrait stimuler la consommation intérieure, offrant ainsi une bouffée d'oxygène temporaire à l'économie locale.

Des perspectives de chômage

Les prévisions d'emploi pour les années à venir sont loin d'être optimistes. Alors que 2024 devrait encore voir la création de 52.000 emplois, un net ralentissement par rapport à 2023, 2025 s'annonce encore plus sombre avec une prévision de destruction nette d'emplois, environ 143.000 postes en moins. « En 2025, les destructions d’emploi devraient se concentrer dans la seconde moitié de l’année, en grande partie en raison de la baisse des entrées en apprentissage, qui sont fortement concentrées entre août et octobre », notes les économistes. Ce recul marqué s'explique principalement par les restrictions budgétaires et une croissance économique en berne, impactant directement le marché du travail.

Le taux de chômage est également prévu pour augmenter, passant de 7,5% en 2024 à 8% en 2025. « Le retournement du marché du travail se poursuit en raison de la faible croissance de l’activité et du rattrapage partiel des pertes de productivité passées, conduisant à une hausse du taux de chômage à 8 % fin 2025 (hors effet de la réforme du RSA) (contre 7,3 % actuellement) », ont expliqué les économistes dans leur note. Cette hausse est attribuable à la fois à la baisse du nombre de postes disponibles et à l'augmentation de la population active, conséquence directe du report de l'âge de départ à la retraite introduit par la réforme des retraites de 2023. Ces éléments combinés pourraient créer une pression supplémentaire sur les services sociaux et augmenter la tension sur le marché du travail.

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Stephanie Haerts

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à l'économie, la finance, les technologies, l'environnement, l'énergie et l'éducation.

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