Santé : les médecins déterrent la hache de guerre face à Attal

Le Premier ministre Gabriel Attal a précisé son plan pour réformer les soins de proximité, mettant en avant la possibilité d’une consultation chez un spécialiste sans passer par le médecin traitant. Cependant, les médecins libéraux perçoivent cette annonce comme une « attaque » contre leur rôle dans le système de soins français. De son côté, le syndicat MG France a décidé de suspendre les négociations avec l’Assurance maladie.

Stephanie Haerts Economie Matin
Par Stéphanie Haerts Publié le 9 avril 2024 à 12h30
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Des négociations suspendues

C'est dans un contexte de vives négociations que les syndicats de médecins libéraux ont choisi de suspendre le dialogue avec l'Assurance maladie. Cinq des six syndicats ont marqué une rupture nette, tandis que la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF) pointe un sabotage par le gouvernement. Ce dernier est accusé de ne pas jouer le jeu du consensus dans la redéfinition des conditions de rémunération des médecins libéraux.

Les annonces de Gabriel Attal remettent en cause le rôle central du médecin traitant, pilier du système de soins français. L'expérimentation permettant l'accès direct aux spécialistes sans passer par un généraliste est une des pierres d'achoppement principales. Les médecins généralistes, en particulier MG France, s'alarment de cette potentielle dérégulation qui risquerait de favoriser les patients aisés au détriment de l'équité du système de soins.

La réaction des syndicats

L'accès directe à certains spécialistes et la « simplification » annoncée du dispositif « Mon Soutien Psy » sont des points de contention majeurs. En effet, les patients pourront bénéficier de douze séances auprès d'un psychologue au tarif de 50 euros chacune, sans nécessité de recommandation préalable d'un médecin généraliste ou d'un psychiatre. Ces réformes, introduites sans concertation préalable avec les professionnels de santé, ne passent pas.

Les réactions syndicales ne se sont pas fait attendre. MG France voit dans les mesures gouvernementales une attaque directe contre la profession. Le syndicat FMF questionne l'avenir des négociations en cours, tandis que la CSMF, par la voix de Franck Devulder, exprime son indignation face au manque de communication et de transparence du gouvernement.  Les médecins généralistes travaillaient sur « un système cohérent, basé sur le rôle central du médecin traitant, et Matignon est prêt à le rayer d'un coup de plume », a déclaré la présidente de MG France Agnès Giannotti lundi 8 avril 2024 dans Le Parisien.

Les tensions existantes avec les cliniques privées exacerbées

Le bras de fer s'étend au-delà des cabinets des généralistes. Les syndicats s'insurgent également contre les arbitrages récents concernant les tarifs des cliniques privées, exacerbant ainsi les tensions. La hausse prévue des tarifs pour les cliniques privées, où exercent de nombreux spécialistes indépendants, est fixée à seulement 0,3% pour 2024, en contraste avec l'augmentation de 4,3% allouée aux hôpitaux publics. Patrick Gasser, porte-parole d'Avenir Spé-Le Bloc, qualifie ces décisions tarifaires pour les hôpitaux de « déclaration de guerre», dans des propos partagés par Boursorama. Il exprime l'inquiétude que cela entraîne la fermeture de cliniques peu profitables, essentielles pour le travail des spécialistes.Les spécialistes libéraux craignent pour l'avenir de leur outil de travail, avec des répercussions potentielles sur l'accessibilité des soins.

Malgré les turbulences, le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, se veut conciliateur. « Le dialogue n'est pas rompu » avec les syndicats, a-t-il déclaré lundi sur Franceinfo. Insistant sur la nécessité de réformer le système de santé français, il assure maintenir le dialogue avec les syndicats. Le gouvernement, conseillé par des voix optimistes, semble déterminé à poursuivre les réformes tout en promettant une construction collaborative avec les professionnels de santé.

Stephanie Haerts Economie Matin

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.

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