Un million et demi d’euros pour Valérie Trierweiler, ce n’est pas tant que ça finalement !

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Par Philippe Herlin Publié le 21 novembre 2014 à 3h50

Valérie Trierweiler devrait toucher de « 1,3 à 1,7 million d'euros » selon son éditeur, Laurent Beccaria, directeur des Arènes, pour son livre « Merci pour ce moment ». La somme suscite une sourde jalousie teintée de mépris chez beaucoup de monde, mais que représente-t-elle exactement ? Seulement 10% du chiffre d'affaires généré par le livre. Alors où vont les 90% restants ?

Sur un livre vendu 20 euros (le prix de « Merci pour ce moment), l'auteur touche 2 euros soit 10% seulement. C'est qu'il y a beaucoup d'autres personnes à payer :

- L'éditeur d'abord, qui empoche 4 euros (20%). Il sélectionne et fabrique les livres, il supporte l'essentiel du risque économique.
- Le diffuseur/distributeur (souvent la même entité) touche 4 euros (20%). Il est chargé de faire la promotion du livre auprès des libraires avec des commerciaux qui tournent dans toute la France, de les convaincre d'acheter le livre pour le mettre en rayon, puis de les lui acheminer.
- Le libraire touche 7 euros (35%). C'est lui qui a le contact avec le client, qui doit le convaincre de venir et d'acheter.
- L'imprimeur touche 2 euros (10%).
- L'Etat touche 1 euros (5%), soit la TVA sur le livre.
(source : rapport Gaymard sur le livre du 2 février 2011)

On peut trouver que l'auteur est réduit à la portion congrue alors qu'il fait l'essentiel du travail, mais c'est ainsi que fonctionne tout cet écosystème. Un libraire supporte des frais élevés (loyer, personnel), le distributeur paye des commerciaux qui font la promotion des nouveautés aux libraires, l'éditeur doit sélectionner avec soin ses sorties au risque de faire faillite.

Avec 600.000 exemplaires, plus les ventes encore à prévoir d'ici la fin de l'année (une idée de cadeau de Noël ?), ainsi que les cessions de droits à l'étranger, on arrive au chiffre de 1,3 à 1,7 millions d'euros pour Valérie Trierweiler.

Cependant, pour le livre de l'ex de François Hollande, les choses se sont passées de façon particulière puisque, comme on le sait, le secret a été gardé jusqu'à quelques jours avant le lancement. Ce qui veut dire que le diffuseur/distributeur n'a pas eu à faire travailler ses commerciaux dessus mais seulement à acheminer les cartons de livres chez les libraires. Et il touchera le double de l'auteur ! Incontestablement une excellente opération pour Sodis, une filiale de Gallimard, qui distribue les ouvrages des Arènes.

L'éditeur, justement, touchera également le double de l'auteur. Son travail a également été des plus limités puisque quand le journaliste d'Europe 1 lui a demandé pourquoi Valérie Trierweiler l'a choisi, il répond : « On a fait ça à l'ancienne, une rencontre et le fluide est passé ». C'est bien payé de la rencontre, mais c'est aussi le flair de l'éditeur...

Les libraires n'ont, de leur côté, eu aucun effort à faire pour pousser le livre vu le battage médiatique incroyable qui l'a accompagné. Beaucoup l'ont même vendu en se bouchant le nez, mais gageons qu'ils ne cracheront pas sur les rentrées financières occasionnées.

Finalement, celle qui a le « rendement » le moins bon, compte tenu du temps passé à travailler et en regard des revenus, c'est Valérie Trierweiler !

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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