Supprimer 500.000 fonctionnaires au lieu de 300.000, est-ce ou non possible? Le débat va enfler dans les jours qui viennent avec la candidature de François Fillon. Qu’il me soit permis d’y ajouter une contribution personnelle, parce que, une fois de plus, les débats vont nous délecter.
Une brève histoire de la fonction publique en France
Curieusement, l’INSEE, comme la direction générale de la Fonction Publique, évitent de faire trop de publicité aux séries longues sur l’emploi dans la fonction publique. Il faut fouiller dans le projet de loi de finances pour retrouver un tableau qui fait sens:
C’est à peine lisible! Mais avec une loupe, on comprend que la France comptait 5 millions de fonctionnaires en 2002. Elle en compte 5,5 millions aujourd’hui. Elle en comptait 4,6 millions en 1996. En vingt ans, la France a créé 1 million d’emplois de fonctionnaires. Pendant ce temps, la dette publique a explosé, l’éducation publique s’est effondrée, l’université aussi, et les rues de nos villes n’ont jamais été aussi dangereuses.
Preuve est faite que nous étions mieux administrés avec 1 million de fonctionnaires en moins.
Les fonctionnaires travaillent-ils?
Au passage, personne n’a jugé utile de demander des comptes aux fonctionnaires sur leur temps de travail. Un rapport publié cette année l’a bien rappelé, mais il soulignait la difficulté de suivre le temps de travail effectif dans la fonction publique.
En réalité, très peu de fonctionnaires doivent « badger » et, quand ils badgent, les méthodes de calcul sont fantaisistes.
Comment je supprimais des emplois dans la fonction publique
Moi qui fus fonctionnaire, je me souviens encore de la méthode infaillible que j’utilisais pour convaincre un fonctionnaire de quitter son poste. Je regardais son salaire. Comme j’étais chargé des paies, j’avais réalisé un classement global des salaires, en incluant les primes. Je savais donc que les fonctionnaires les mieux payés étaient généralement les plus pistonnés, mais certainement pas les plus travailleurs.
Donc… je recevais le fonctionnaire qui me semblait inefficace et lui expliquait que, au vu de son salaire, il me paraissait indispensable d’augmenter sa charge de travail. Certains, dans les services que je dirigeais, travaillaient moins de vingt heures par semaine, même si officiellement ils en prestaient 35. Ils n’avaient tout simplement pas assez de travail pour s’occuper si longtemps.
Alors, face à la menace de devoir travailler plus, ils demandaient une mutation en urgence et partaient se planquer ailleurs.
J’ai, encore vivant en mémoire, l’exemple de la maîtresse d’un ancien directeur du conseil régional d’Ile-de-France qui s’était trouvé un poste en quinze jours après notre entretien. Il me semble qu’elle ne travaillait pas plus de 10 heures par semaine, pour un salaire (il y a dix ans!) de plus de 4.000 euros nets par mois…
Mais bien sûr, on ne peut pas supprimer 500.000 postes en France.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog