La bonne sorte de cash

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Par Bill Bonner Modifié le 13 décembre 2022 à 20h38
Trump Dollars Cheque 2
@shutter - © Economie Matin
2%Le PIB des Etats-Unis n'a augmenté que de 2% en 2019.

La crise actuelle est bien différente de cette de 2008 – et ses conséquences le seront aussi. Préparez-vous à plus de folies budgétaires… et plus d’inflation.

Bloomberg, la semaine dernière :

« Les démocrates de la Chambre des Représentants US ont proposé un plan de soutien de 3 000 Mds$ mardi [dernier], associant l’aide aux gouvernements d’Etats et locaux à des paiements directs en cash, ainsi qu’une prolongation de l’assurance-chômage et des dépenses de bons alimentaires, et une liste de priorités graduelles comme des fonds pour le vote à distance et pour la Poste américaine, en difficulté. »

Excusez du peu !

Digne d’un trou m**ique

Déjà, on prévoit que le déficit fédéral américain dépasse les 4 000 Mds$ cette année. C’est quatre fois le déficit de l’année passée… et environ trois fois le pire déficit de la crise de 2008-2009.

3 000 milliards de plus ? Ma foi, pourquoi pas !

Lorsque cette nouvelle bombe de dette sera larguée, elle fera exploser le déficit à plus de 30% du PIB US.

De la finance de trou m***ique, c’est sûr.

Evidemment, nous doutons que Nancy Pelosi & co. réussiront à ajouter ces 3 000 Mds$ supplémentaires. Quelques républicains – leur instinct atrophié par des années d’inactivité s’éveillant soudain, comme des racines endormies éveillées par une tiède pluie de printemps – râleront et grommelleront.

Il est plus que probable que M. Trump – l’un des plus gros dépensiers ayant jamais habité la Maison Blanche – réussisse à les convaincre, cependant.

L’inflation en marche

Dans le même temps, CNBC nous livrait ce fait inquiétant :

« Le prix des achats alimentaires connaît sa plus forte hausse en 46 ans aux Etats-Unis. »

L’inflation des prix à la consommation est-elle déjà en marche ? Regardons cela de plus près.

Nous savons une chose avec certitude : tout cet argent supplémentaire doit venir de la Réserve fédérale.

Il n’y a pas d’autre source. Dans la mesure où la Fed n’a pas d’argent réel, elle doit « imprimer » de la fausse monnaie.

Nous savons aussi où cela mènera… comme dans tout autre trou m***ique.

L’inflation ?

Vous avez tout compris, cher lecteur.

Mais attendez. Ce n’est pas si simple.

Rappelez-vous que la Fed a « imprimé » beaucoup d’argent après la crise de 2008-2009 aussi. Nous ne nous rappelons pas que les prix à la consommation aient grimpé à l’époque. Alors que se passe-t-il ?

En ce temps-là, la Fed regonflait l’industrie financière. Les actions grimpaient à mesure que l’argent supplémentaire gonflait le secteur financier dans son ensemble. L’économie réelle n’a pas eu beaucoup de l’argent de la Fed.

Et maintenant ? La poussée imprudente d’impression monétaire de la Fed ne va-t-elle pas faire regrimper les actions ? Le Dow ne va-t-il pas atteindre les 50 000 points ? Ne devrions-nous pas anticiper les actions de la Fed en misant tout sur le marché boursier ?

Cauchemar gouvernemental

Peut-être. Mais on n’a pas affaire à la même impression monétaire que ces 10 dernières années.

Pour commencer, la Fed a moins de marge de manœuvre, puisqu’elle entre dans la crise sans avoir, dans les faits, de taux à réduire. Les taux réels (ajustés à l’inflation) étaient déjà sous le zéro lorsque cette crise a commencé.

Cette fois-ci, ce sont les dépenses fédérales – non les baisses de taux – qui vont devoir stimuler l’économie.

Deuxièmement, le système est plus fragile qu’auparavant, simplement parce que la Fed a encouragé l’emprunt et découragé l’épargne. La dette totale aux Etats-Unis a grimpé de quelque 21 000 Mds$ au cours des 10 dernières années, tandis que le PIB n’a grimpé que de 7 000 Mds$.

Troisièmement, les dommages économiques actuels sont bien plus sévères. Le chômage total, en 2009, atteignait 10% aux Etats-Unis. Aujourd’hui, il s’est envolé à 25%.

Quatrièmement… et c’est ce qui comptera le plus… ce n’est pas seulement une crise financière qui fait éclater une bulle. C’est un cauchemar économique déclenché par le gouvernement. Pour le combattre, les autorités ne font pas que refiler de l’argent à leurs amis de Wall Street. Cette fois-ci, des milliers de milliards de fausse monnaie s’écoulent vers l’économie réelle.

Cela signifie qu’une bonne partie de ce nouvel argent se retrouvera entre les mains des gens ordinaires… et donc dans les prix à la consommation. Nous finirons par assister à des niveaux d’« inflation » bien plus élevés.

Trois composantes

Attendez… nous sommes encore en phase de baisse déflationniste. Un sondage montre que la moitié de toutes les petites entreprises US devra fermer ses portes d’ici six mois. Deux de nos restaurants préférés à Baltimore ont déjà fermé ; ils disent qu’ils ne rouvriront pas.

Les entreprises survivantes – surtout dans le secteur de la restauration – ne rouvriront que lentement… si elles rouvrent. Elles ont encaissé des pertes gigantesques ; elles n’ont pas hâte de perdre encore.

Les consommateurs, eux aussi, hésiteront à dépenser. Ils s’inquièteront d’une récession « en double creux »… ou d’une autre vague de morts du coronavirus.

Il y a trois composantes à l’inflation. En plus du volume d’argent lui-même, il y a la vélocité de la monnaie, v. C’est le rythme auquel l’argent change de main. Il y a également m – le « multiplicateur d’argent » – le taux auquel les prêts augmentent la masse monétaire.

Lorsque les gens sont méfiants, ils ne dépensent pas et n’empruntent pas. La monnaie de base stagne donc. Et si la Réserve fédérale peut contrôler son propre bilan (la masse monétaire), elle ne peut pas contrôler v ou m. L’inflation des prix à la consommation que nous attendons ne commencera pas vraiment à nous éblouir avant que v et/ou m ne se mettent à bouger.

Dans ces circonstances, l’inflation des prix à la consommation va devoir attendre. Nous ne savons simplement pas combien de temps.

Nous sommes cependant confiant dans le fait que, comme l’a formulé l’ancien président de la Fed Ben Bernanke, « une banque centrale déterminée parvient toujours à créer une inflation positive des prix à la consommation ».

Faut-il anticiper les actions de la Fed ?

Alors que devriez-vous faire ? Les plus gros profits, ces 10 dernières années, ont été fait en anticipant les actions de la Fed – c’est-à-dire en achetant des actions et des obligations en sachant que la Fed les ferait grimper. Comment faire de même aujourd’hui ?

Une fois encore, nous savons ce que la Fed va faire. Elle va « imprimer » de l’argent en quantités inédites aux Etats-Unis. Le résultat sera quasi-certainement une hausse de l’inflation des prix à la consommation – mais uniquement après que l’impulsion déflationniste ait été dépassée par la détermination de la banque centrale.

Dans de telles conditions, il n’y a qu’un seul bon choix possible. Lorsque les prix chutent (déflation), mieux vaut être en liquide… mais le genre de liquide qui ne disparaîtra pas lorsque l’inflation accélérera.

Mieux vaut être dans la sorte de cash qui grimpera lorsque v et m commenceront à bouger. C’est à ce moment-là que les prix à la consommation décollent… et que cette sorte de cash grimpe en flèche.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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