Les Américains vont mieux… mais qu’en est-il de l’Amérique ?

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Par Bill Bonner Publié le 13 février 2020 à 5h39
Demande Esta Etats Unis Usa
@shutter - © Economie Matin
4,6%Le ratio déficit PIB des Etats-Unis est de 4,6%.

Donald Trump a promis à ses électeurs de « rendre sa grandeur à l’Amérique ». Il a su flatter leurs sentiments ; la réalité, elle, est moins accommodante.

Les Etats-Unis, à leur grande frustration, sont en train de perdre de la vitesse – et cela dans tous les domaines. Les Chinois, par exemple, investissent désormais plus d’argent dans la recherche et le développement que les Américains. Ils vont inventer des choses auxquelles nous n’aurions jamais pensé… et prendront la tête dans de nombreux secteurs des nouvelles technologies.

Leurs inventions finiront par améliorer la vie du reste du monde – y compris aux Etats-Unis, tout comme les automobiles, fours à micro-ondes et téléphones portables américains ont amélioré la leur. Mais qui voudrait voir les Chinois dépasser les Etats-Unis ?

Et l’armée, alors ? Les soldats américains pourraient mettre une raclée à n’importe quel pays de la planète… mais cela ne semble pas faire la moindre différence. Les guerres se poursuivent… les troupes ne sont jamais rapatriées. Il n’y a pas de défilé victorieux, pas de butin.

Quant à l’économie US, elle était censée être la meilleure au monde.

Mais alors que les actions grimpent à Wall Street, les bons emplois disparaissent dans l’Amérique profonde. Les hommes doivent prendre des emplois à bas salaire dans le secteur des services. Souvent, ils n’arrivent pas à gagner autant que leur femme – s’ils ont la chance d’en avoir une.

Dupés ?

Ces déceptions et frustrations se sont intensifiées tout au long du XXIème siècle, laissant aux Américains l’impression que quelqu’un les dupe.

Un vaste segment de la population n’aimait pas le chemin que prenaient les Etats-Unis… mais ne comprenait pas mieux que Donald Trump pourquoi ils prenaient ce chemin.

Le génie du président, c’est de savoir canaliser ces plaintes, ces soupçons et ces rêves vers la meilleure place dans l’industrie du show business – président des Etats-Unis.

C’est ainsi qu’il était à la télévision mardi dernier… un vieil homme blanc, riche et dodu… grâce à qui les Américains se sentent mieux. Leur champion sait se faire entendre et prendre les choses en main.

Leurs sentiments sont justifiés, dit-il. Le pays courait le danger d’être envahi par les immigrants, les terroristes et les idioties progressistes – mais Trump les a tous fait fuir. A présent, les Américains sont des gagnants qui avancent vers les lumières éblouissantes d’un avenir à 100 watts.

Le cauchemar est terminé, affirme-t-il. Les frontières sont sûres. L’économie est plus forte que jamais. Pas besoin de ralentir ou de changer de direction.

Demi-tour… ou pas

En ce sens, en tout cas, il a raison. Nombre de ceux qui observent M. Trump détestaient la direction prise par les Etats-Unis il y a quatre ans ; ces gens vont beaucoup mieux aujourd’hui. Parmi eux, M. Trump a réussi à faire voler en éclats la « mentalité du déclin ».

Mais qu’en est-il du déclin lui-même ? Qu’en est-il de la dette ? Qu’en est-il du marigot ? Et qu’en est-il de la guerre éternelle ? Aux dernières nouvelles, elle dure encore.

Un empire se maintient pendant 250 ans en moyenne, selon le commentateur politique Cal Thomas. Et même lorsque la fin se précise, il refuse de dégraisser.

Les Romains auraient pu se sauver eux-mêmes s’ils s’étaient retirés dans la péninsule italienne en se contentant de défendre leurs cols de montagne…

Napoléon n’aurait peut-être jamais été envoyé sur l’Ile d’Elbe s’il avait fait demi-tour devant la Berezina et était rentré à la maison…

Et Hitler aurait peut-être gardé le pouvoir pendant des décennies s’il n’avait refusé de laisser la Sixième armée battre en retraite à Stalingrad.

Les empires ne reculent pas. Ils ne réduisent pas leurs dépenses. Ils tiennent leurs positions et s’accrochent à leurs illusions d’exceptionnalisme. Ils jouent leur va-tout, en d’autres termes… et finissent avec rien.

M. Thomas calcule que l’empire américain – s’il suit la même trajectoire que les autres – prendra fin en 2026. Mais peut-être que M. Trump a vraiment retourné la situation. Peut-être que M. Trump est en fait réellement un génie très stable.

Peut-être que rejeter tout dégraissage – même si c’est une erreur classique commise par tous les autres empires ces 3 000 dernières années – se révélera payant cette fois-ci.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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