Ça y est, c’est parti ! Le Salon de l’agriculture, qui souffle cette année ses cinquante bougies, ouvre ses portes ce samedi 23 février porte de Versailles à Paris, jusqu’au 3 mars prochain.
La Semaine de l’agriculture à Paris, il y a cinquante ans, laissait place à un rendez-vous incontournable en France, le salon le plus populaire du Parc des Expositions de la Porte de Versailles, le Salon de l’agriculture. L’an dernier, cet évènement avait réuni plus de 680 000 visiteurs. Pourquoi un tel engouement alors que l’ont dit partout que l’agriculture française est sur le déclin ?
Car inutile de se voiler la face, l’agriculture en France se porte mal. En témoigne en premier lieu le nombre d’exploitations. Alors qu’on comptait pas moins de 1 900 000 exploitations en 1963, leur nombre a progressivement diminué au fil des années pour atteindre tout juste 499 000 en 2011. Et qui dit baisse du nombre d’exploitations, dit également diminution du nombre d’agriculteurs.
La profession se porte mal, attirant de moins en moins de jeunes désireux de cultiver la terre. Bloqué peut être sur l’image d’un grand-père ou d’un aïeul cultivateur, le métier d’agriculteur est perçu aujourd’hui comme un métier difficile, fatiguant, où les revenus ne sont pas forcément à la hauteur de l’engagement qu’il implique, et où les politiques publiques semblent bien en peine d’agir pour remonter une situation difficile. Bref, entre 1963 et 2011, le nombre d’agriculteurs a diminué de près de 3 millions. Alors qu’on dénombrait en France, en 1963, pas loin de 4 millions d’agriculteurs, c’est aujourd’hui un petit million qui se bat sur nos terres pour poursuivre une vocation souvent familiale.
Pourtant l’agriculture française semble essayer de résister à cette conjoncture délicate. En termes de production agricole pour l’année 2012, ce sont pas moins de 71,17 milliards d’euros qu’a rapportés le secteur. Dans l’ordre décroissant, le palmarès des domaines qui fonctionnent le mieux place en pôle position l’élevage (tous types de bêtes confondus) avec environ 26 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 2012, suivi par l’activité céréalière qui a rapporté l’an dernier environ 15 milliards d’euros. Enfin le podium est complété par le domaine des fruits et légumes avec plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Ce secteur est particulièrement mis à mal du fait de la concurrence des pays du Sud comme l’Espagne ou le Maroc, ainsi que par le dérèglement climatique.
Au niveau européen, et c’est là tout le paradoxe, la France fait office de leader en la matière. Sur la base de la production de valeur, la France est en tête des pays de l’Union européenne, avec plus de 60 milliards d’euros en 2010. L’écart entre le leader français et l’Allemagne qui occupe la seconde place se creuse vite puisque les Allemands pointent loin derrière nous avec plus de 40 milliards d’euros de production de valeur pour 2010, talonnés de près par l’Italie.
Les 27 Etats de l’Union européenne, même si la situation ne prête guère à se réjouir, peuvent néanmoins bénéficier d’une aide de poids, la Politique agricole commune (PAC). Ce volet spécial de la construction européenne, lancé en 1962, représente 41 % du budget de l’Union européenne, soit 58,8 milliards d’euros. La France en est d’ailleurs le principal bénéficiaire avec environ 19 % du gâteau, suivie par l’Espagne et le Royaume-Uni.
La PAC, c’est à 69 % des aides directes aux agriculteurs, à 25 % un coup de pouce pour le développement de politiques rurales, et 5 % consacrés à des mesures de soutien du marché agricole. Mais aujourd’hui cette Politique agricole commune est de plus en plus critiquée car jugée trop peu écologique, tout comme sa principale bénéficiaire, l’agriculture française.
C’est donc à une filière sinistrée que François Hollande tentera de donner des réponses ce samedi, pendant les 10 heures qu’il compte passer dans les allées du Salon de l’agriculture.