Environnement : on n’arrête pas le progrès

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Par Jean-Pierre Riou Modifié le 29 novembre 2022 à 9h25
Stellarator Reacteur Fusion Allemagne Energie
@shutter - © Economie Matin
2015Le prototype de réacteur à fusion Stellarator W7-X a été achevé en 2015.

La science progresse par à coups, au fil de découvertes parfois anodines susceptibles de révolutionner une époque. Ces ruptures technologiques défient l’imagination en rendant possible ce qu’on n’imaginait pas la veille.

Il en est une sur lesquelles les media restent plus que discrètes mais qui pourrait devenir la reine et le symbole de la grand-messe sur le climat de la COP 21 qui s’ouvre dans quelques jours à Paris.

Le Ministère des affaires étrangères révèle, en effet sur son site, que l’Allemagne est sur le point de révolutionner le domaine de l’énergie. Et précise : « La quantité de combustible a priori disponible (du deutérium et du tritium présents notamment dans l’eau de mer) fait espérer que cette filière puisse régler définitivement les problèmes d’énergie sur notre planète. Par rapport au nucléaire de fission, elle présente aussi l’avantage de ne pas utiliser de matériaux radioactifs comme l’uranium ou le plutonium (et donc de ne pas présenter de risque de contamination) ».

Tous les tests auraient été réussis, et la première production expérimentale du « Stellarator W7-X» serait prévue pour cet automne, donc au moment de la COP 21, dont le cœur de cible reste justement les problèmes de l’énergie. Un test de 30 minutes est prévu auparavant. Certaines sources laissent entendre qu’il serait déjà réussi. Ce n’est pas la première annonce concernant cette technologie, la Suède, comme d’autres nations, notamment semble presque aussi avancée dans le domaine.

Il ne semble pas que le rapport ADEME 100% énergies renouvelables puisse lui voler la vedette. Celui-ci précise bien, en effet « Il s’agit d’une étude scientifique à caractère prospectif et exploratoire et non pas d’un scénario politique » et se réfère, pour le nécessaire stockage envisagé, à l’étude PEPS/ADEME sur le sujet.

Mais les 31 technologies de stockage décrites à partir de la page 150 de cette étude comportent TOUTES, dans la rubrique « inconvénients/contraintes techniques », les commentaires qui en interdisent actuellement tout développement significatif à coût acceptable. Une véritable rupture technologique semblant ainsi rester nécessaire pour rendre utilisable ce qui ne l’est pas en l’état.

Selon l’étude ADEME, l’utilisation de cette intermittence exigerait, de surcroît, la multiplication des interconnexions, la restructuration du réseau de distribution et la généralisation des smart grids chargés de réguler la consommation. Chacune de ces exigences ayant un coût, mais surtout, posant de nouvelles hypothèques sur la faisabilité du modèle, comme en témoigne notamment les difficultés de l’Allemagne à dispatcher sa production à l’intérieur de ses propres frontières et qui doit emprunter « gratuitement » les réseaux de ses voisins qu’elle sature et fragilise. (voir ci-dessous la p 45 rapport de France Stratégie)

Les ruptures technologiques, nécessaires à l’utilisation de l’intermittence, ne se décrètent malheureusement pas. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’y arrivera jamais, mais ne signifie pas non plus qu’on n’aura pas trouvé d’autres sources d’énergies auparavant. Avec le Stellarator W7-X allemand, c’est clairement le scénario qui semble se confirmer. Le calendrier pourrait permettre à la COP 21 d’être la scène de ce coup de théâtre.

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Jean Pierre Riou est chroniqueur indépendant sur l'énergie Membre du bureau énergie du collectif Science Technologies Actions Rédacteur du blog lemontchampot.blogspot.com

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