Radio France, un paquebot à la dérive

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Par Philippe Herlin Publié le 13 février 2015 à 5h00
Radio France Greve Cout Etat Service Public
@shutter - © Economie Matin
500 millions ?500 millions d'euros sont versés chaque année à Radio France.

Radio France était en grève mercredi, de France Inter à France Culture, toutes les stations furent plus ou moins touchées. Face à un déficit qui atteindra 21 millions d’euros fin 2015, les syndicats dénoncent "l’étranglement budgétaire" et réclament plus d’argent à l’Etat, mais est-ce vraiment la solution ?

Radio France c’est France Inter, France Info, France Culture, France Musique, France Bleu, FIP, Le Mouv, et aussi deux orchestres symphoniques (l’Orchestre National de France et l’Orchestre Philharmonique de Radio France), un chœur et une maîtrise. Et aussi pas mal d’administratifs. Au final, 4500 personnes travaillent dans la "maison ronde".

90 % des recettes de Radio France proviennent de l'Etat

Tout cela coûte de l’argent et en rapporte malheureusement très peu : 90% des recettes proviennent de l’Etat (la redevance) et 10% des recettes propres (publicité et ventes). Les deux orchestres symphoniques coûtent 60 millions d'euros et rapportent seulement 2 millions d'euros de vente de tickets… Au total, un demi-milliard d’euros d’argent public est consacré tous les ans à Radio France (60% pour les salaires), et il faudrait verser encore plus !

A cela se rajoute l’ubuesque chantier du désamiantage de la Maison de la Radio qui aura coûté 384 millions d’euros, soit le coût de la Philharmonie de Paris ! Les rédactions devaient déménager au fur et à mesure des travaux et littéralement tourner en rond à l’intérieur la Maison de la Radio, ce qui obligeait à construire des studios provisoires…

On peut craindre les solutions habituelles de la technocratie française : refuser de trancher en fermant telle ou telle station et raboter les coûts de façon purement comptable. En fait il faudrait plutôt remettre en cause l’idée même de "Radio France", un concept d’un autre âge, de nature soviétique, pour donner une très large autonomie aux différentes radios et aux formations musicales. A charge pour elles ensuite de développer leurs ressources propres (publicité, mais aussi mécénat).

Démantelons Radio France

Par exemple les deux orchestres symphoniques sont de très bon niveau et possèdent une vraie notoriété internationale, mais leur politique discographique est quasi inexistante. Chaque programme est joué une seule fois contre deux fois par l’Orchestre de Paris ou trois fois par les orchestres allemands, voici des ressources possibles. Un nouvel auditorium a été construit, tout en bois, il est magnifique et offre une excellente vue aux 1400 spectateurs, voici une occasion d’accroître les recettes liées au public. Bref, démantelons Radio France et donnons une vraie liberté de gestion aux radios et aux orchestres, et on fera les comptes dans quelques années. Au passage les emplois administratifs centraux auront pu être supprimés, autant de gagné.

Mais un tel projet remettrait en cause deux totems : démanteler une place forte des syndicats et supprimer le prestigieux poste de Président de Radio France, qui permet de placer les amis du pouvoir, il y a donc peu de chance qu’il se réalise.

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Philippe Herlin est économiste, Docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, il a publié plusieurs ouvrages chez Eyrolles et rédige des chroniques hebdomadaires pour Goldbroker. Il écrit tous les vendredis un article sur l'art et la culture vus à travers l'économie, et intervient ponctuellement sur d'autres sujets. Son site : philippeherlin.com.

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