Quand les éoliennes augmentent les émissions de CO2

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Par Jean-Pierre Riou Modifié le 29 novembre 2022 à 9h24
France Eolienne Production Co2 Pollution
@shutter - © Economie Matin
4 %Les éoliennes représentaient 4 % de la production électrique française en 2015.

Parmi les différents paramètres qui interdisent au développement éolien d’avoir le moindre aspect positif sur l’évolution du climat, il en est un qui ne fait pas l’objet de la moindre évaluation. Il s’agit de l’augmentation des facteurs de pollution des centrales thermiques chargée de prendre en charge les conséquences des caprices de la production.

Cette réalité est clairement énoncée dans le rapport de mars 2012 d’Enea Consulting, partenaire de l’Ademe : « le fonctionnement des turbines en régime partiel affecte leur rendement et accroît les facteurs d’émission de gaz à effet de serre; par ailleurs, des démarrages et arrêts trop fréquents impactent leur durée de vie. » (p 15)

Cette même année 2012, l’économiste Ruth Lea publiait un rapport sur les coûts et données de production du système électrique britannique : « Electricity costs : the folly of wind-power ».

Dans lequel elle s’appuie sur de nombreuses études de consultants en énergie, dont celle de David White qu’elle cite notamment p 30 : « il semble raisonnable de se demander pourquoi l’éolien bénéficie d’un tel soutien, puisqu’il n’échoue pas seulement dans la réduction du CO2, mais aussi parce qu’il entraine l’augmentation des coûts de back-up, maintenance et lignes électriques, tout en décourageant les investissements dans une production propre et pérenne ».

En 2010, Kent Hawkins avait publié « Wind Integration: Incremental Emissions from Back-Up Generation Cycling »* dans lequel figure le tableau ci-dessous des émissions de chaque moyen de production thermique en fonction de son régime de fonctionnement :

Tableau dans lequel il apparaît que le taux d’augmentation du CO2 émis se trouve être supérieur encore au taux d’efficacité perdu par la centrale !

Une conclusion éloquente

La conclusion de ce rapport est sans ambiguïté : «Ce qui ressort de cette analyse, c'est que dans les systèmes électriques qui doivent choisir, au sein de moyens à combustibles fossiles, d'intégrer la volatilité du vent, il ne semble exister aucun scénario plausible dans lequel l’éolien puisse jouer un rôle positif comme moyen d'économiser les combustibles fossiles ou les gaz à effet de serre. »

Une variabilité considérable de production

Le taux de charge des éoliennes reste en effet susceptible de varier de plusieurs milliers de MW en quelques heures, ainsi que le montre le graphique de sa production en France en ce mois de janvier :

Et bien que le taux de couverture minimum de la consommation - qui reste le seul statistiquement garanti - ne figure pas sur ces chiffres clés de RTE, une simple règle de 3 nous indique que 34MW ne correspond qu’à 0,07% de celle-ci.

Absence de garantie qui impose de conserver l’intégralité des moyens pilotables et d’astreindre les centrales thermiques aux à coups de fonctionnement et régimes partiels évoqués dans le rapport Enea Consulting.

De piètres résultats … et qui restent théoriques

Mais si les surcoûts liés à la rentabilité de ces centrales de back-up font l’objet subventions diverses - qui débouchent d’ailleurs parfois sur des situations ubuesques - aucun compte n’est tenu de la plus grande quantité de CO2 ainsi émise, pour une même quantité d’électricité d’origine fossile produite, par ces centrales astreintes à un régime chaotique.

En Allemagne, les 89 000 MW intermittents éolien/Photovoltaïque n’ont toujours pas permis de fermer le moindre MW pilotable depuis 2002 et les efforts de réduction d’émissions de CO2 portent avant tout sur le remplacement d’anciennes centrales par de nouvelles plus performantes. Mais le seul décompte des MWh produits par chaque filière ne rend aucun compte de l’effet inverse entrainé par leurs régimes chaotiques de production. Que penser des réductions envisageables en France, dont 95% de la production électrique est exempte de CO2 ?

L’Europe demain

En conclusion de son rapport évoqué plus haut, l’économiste Ruth Lea considérait qu’en raison de son inefficacité et de ses coûts, il importait de renégocier les engagements pris en matière d’énergies renouvelables avec l’Union européenne.

Antonio Tajani vient d’être élu président du Parlement européen. En 2013, il s’inquiétait déjà des conséquences économiques du développement des énergies renouvelables en évoquant un « massacre industriel systématique ».

Espérons qu’il saura résister au chant de leurs sirènes.

* Copier le lien dans le navigateur https://www.masterresource.org/wind-power/wind-integration-incremental-emissions-from-back-up-generation-cycling-part-v-calculator-update/ pour accéder à l’article en excluant les robots

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Jean Pierre Riou est chroniqueur indépendant sur l'énergie Membre du bureau énergie du collectif Science Technologies Actions Rédacteur du blog lemontchampot.blogspot.com

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