Avez-vous lu le nouveau rapport de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), qui explique comment nous pouvons tous ensemble réduire les émissions nettes à zéro d'ici 2050 (« Net Zero by 2050 : A Roadmap for the Global Energy Sector ») ? Cette lecture donne à réfléchir mais pousse également à l'action. Elle donne à réfléchir parce qu'elle implique une profonde transformation de tout ce que nous faisons. Jamais jusqu'à présent, le monde n'avait rien tenté de la sorte. Bien que ce défiait des proportions épiques, il nous pousse néanmoins à l'action car il est réalisable.
Les investissements énergétiques annuels qu'il faudra déployer pour atteindre l'objectif de la neutralité carbone sont estimés à USD 5'000 milliards. Ce chiffre est considérable : il représente 5,7% du PIB nominal mondial (USD, 2020). Mais n'oublions pas que 6,5% du PIB mondial sont actuellement consacrés à des subventions pour la production et la distribution de combustibles fossiles. En réorientant la majeure partie de ces dépenses, nous pourrions financer la quasi-totalité des investissements nécessaires pour atteindre la neutralité carbone. Plus vite nous cesserons de soutenir les combustibles fossiles, plus vite nous avancerons vers la neutralité carbone.
La neutralité carbone consiste de fait en l'abandon progressif des combustibles fossiles. L'utilisation des combustibles fossiles devra diminuer, passant de près de 80% de l'approvisionnement total en énergie aujourd'hui à environ 20% d'ici 2050. Ces 20% restants seront utilisés dans des biens dont le carbone fait partie intégrante, comme les matières plastiques, ainsi que dans des secteurs où les technologies à faibles émissions sont rares.
A un moment ou à un autre, il faudra donc que les prix des actifs relevant des combustibles fossiles subissent des ajustements bien plus importants que ceux observés jusqu'à présent. Parallèlement, la thèse de l'investissement dans l'énergie renouvelable se renforce. Selon l'AIE, l'efficacité énergétique, ainsi que les énergies éolienne et solaire, permettront d'éliminer près de la moitié des émissions jusqu'en 2030.
Le rapport préconise de multiplier le rythme annuel des installations photovoltaïques solaires par quatre, à partir du niveau record de 2020. Cela revient à déployer, quotidiennement, le parc solaire existant le plus grand au monde. Les améliorations en matière d'efficacité énergétique devront atteindre 4% par an en moyenne jusqu'en 2030, soit environ trois fois la moyenne des vingt dernières années. Nous savons que cela est possible car la majeure partie de la réduction des émissions de CO2 à réaliser sur le plan mondial d'ici 2030 pourra se faire grâce à des technologies disponibles déjà aujourd'hui.
N'oublions pas que nous avons tous un rôle à jouer dans cette transformation. L'AIE estime que 10% de la réduction des émissions de CO2 viendront d'un changement de comportement. D'ici 2035, plus aucune voiture de tourisme à moteur à combustion ne devra être vendue. Alors en route, tous à bicyclette, vers la neutralité carbone !