Fortes précipitations printanières, record de production hydroélectrique, pédagogie touristique sur les centrales : la filière hydraulique, première source d’énergie renouvelable en France, est en excellente santé. Le gouvernement vient d’ailleurs de prendre des mesures favorisant le développement de la petite hydraulique et de l’autoconsommation électrique.
Selon le dernier rapport mensuel réalisé par le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE, la production globale d'électricité s'est établie en juin dernier à 40 067 GWh, en légère hausse par rapport à la même période en 2015 – où elle avait atteint 39 859 GWh. Cela a notamment permis à la France de continuer d'exporter vers ses voisins plus de courant qu'elle n'en a importé sur le mois écoulé, le solde net des échanges s'établissant à 6 749 GWh, un nouveau record annuel.
« Propre et respectueuse de l’environnement »
La production hydraulique a largement contribué à cette augmentation en raison des fortes précipitations observées au printemps. « La production hydraulique, bénéficiant des fortes précipitations du mois de mai, a atteint un record annuel avec 7 188 GWh de production mensuelle, contre 5 611 GWh il y a un an », a détaillé RTE. Les centrales hydrauliques françaises ont donc tourné à plein régime au mois de juin et continueront tout l'été de fonctionner sous l'œil avisé des touristes. La première énergie renouvelable, très utile de par sa flexibilité et sa réactivité, est aussi la plus accessible.
Plusieurs ouvrages hydrauliques proposent en effet durant la saison estivale un parcours interactif et pédagogique sur le fonctionnement d'une centrale et la production d'électricité via la force hydraulique. En Ariège, par exemple, dans la centrale EDF d'Orlu, un parcours a été réalisé en collaboration avec des entreprises et des architectes locaux dans le but de mettre en valeur le patrimoine et le savoir-faire industriel dans la filière hydroélectrique mais également son lien avec l'environnement. Au total, plus d'une dizaine d'ouvrages sont ouverts au public depuis le début de l'été comme la centrale hydroélectrique de Montézic dans l'Aveyron, ou les centrales hydroélectriques de Vallabrègues-Beaucaire et Bollène dans le Vaucluse, en partenariat avec la Compagnie nationale du Rhône (CNR).
L'hydroélectricité est une énergie « propre et respectueuse de l'environnement ». « Cette énergie est renouvelable, c'est une des seules énergies de pointe que l'on peut démarrer quand on veut, et qui n'émet pas de CO2. Il paraissait donc important de la valoriser auprès du grand public », explique dans Ariège News Xavier Ursat, le directeur de l'unité de production Sud Ouest d'EDF. Et cela est d'autant plus vrai à l'heure où le secteur de la petite hydraulique (voire de la micro hydraulique) se développe de plus en plus, offrant aux particuliers et aux professionnels de nouveaux moyens d'exploitations.
Autoconsommation
Ajouté à la visite d'une installation hydroélectrique, le projet d'ordonnance présenté fin juin en Conseil des ministres par Ségolène Royal – et publiée au Journal Officiel le 28 juillet 2016 – pourrait en effet susciter des vocations chez les professionnels comme chez les particuliers, désireux de produire et de consommer leur propre énergie.
L'ordonnance, en elle-même, définit les opérations d'autoconsommation pour toutes les installations de production d'électricité : solaire, petite hydroélectricité et moulin. Elle oblige notamment les gestionnaires du réseau électrique à faciliter les opérations d'autoconsommation, et prévoit pour ces installations un tarif d'usage du réseau spécifique (défini ultérieurement par la Commission de régulation de l’énergie) permettant de « tenir compte des réductions de coûts d'utilisation des réseaux qu'elles peuvent apporter ». Elle devrait être suivie dans les prochains jours d'un premier appel d'offres à destination des secteurs agricoles, industriels et tertiaires, concernant des installations de 100 à 150 kW pour un volume total de 40 MW, et pourrait ainsi largement favoriser le développement de la petite hydraulique.
Cette filière, reposant sur des installations de petite taille, offre une production d'électricité stable et locale, et représente un potentiel estimé à plus de 1 000 MW sur le territoire français. Un potentiel de développement qui reste donc assez faible au regard des puissances de production développées dans l'hydroélectricité traditionnelle, mais dont le rôle dans la transition énergétique ne doit pas être sous-estimé. Installées en bord de rivières ou sur des réseaux d'eau potable, turbinant les eaux des canalisations, les petites centrales hydrauliques (PCH) présentent une constance précieuse dans la production et s'adaptent ainsi parfaitement à l'intermittence des autres énergies renouvelables. Leur format et la répartition des cours d'eau et rivières sur le territoire hexagonal, en font un partenaire idéal pour l'autoconsommation. Et peut-être que, d’ici quelques années, il sera possible pour le public de les visiter.