François Lenglet n’est pas n’importe qui… c’est le Monsieur Économie de France 2, qui reste tout de même l’un des deux grands médias télévisés de masse de notre pays avec TF1.
Si vous écoutez sa dernière intervention à Écorama, vous vous rendrez compte assez rapidement qu’il est devenu un impertinent comme les autres et que son discours est très loin d’être aussi lénifiant que celui tenu dans ses analyses du JT ou lorsqu’il interroge lui-même quelques grands mamamouchis avec toutes les précautions oratoires.
N’oubliez pas que les grandes messes télévisuelles ont pour objectif avant tout d’assurer la stabilité de l’ordre social et de rassurer la ménagère de plus ou de moins de 50 ans !
Tous les sujets ou presque vont y passer et il ne va rien dire de moins que ce que je vous répète à longueur d’édito.
Je vais donc pouvoir faire écouter cette émission à ma femme qui me prendra tout de suite plus au sérieux. « Si Lenglet le dit comme toi, alors ça vaut… » Bon, il m’aura fallu attendre quelques années… Voici l’essentiel de ses constats pour celles et ceux qui ne peuvent pas visionner immédiatement la vidéo et qui sont, comme ma chère et tendre, coincés quelques mètres sous terre dans les métros et RER parisiens.
Sur l’Euro !
« L’euro n’a pas créé nos difficultés, il les a exaltées en supprimant le mécanisme de la dévaluation. Il faudrait que la Grèce sorte de l’Euro. »
« L’Euro ne tiendra pas encore 10 ans et la zone euro dans 10 ans sera très différente dans sa géographie. Il y aura une « Germania » une super-zone économique allemande avec ce qui restera de l’euro qui sera devenu un super-mark, les autres pays retrouveront leurs propres monnaies. »
Sur le Japon !
« Ça va mal finir et les choses qui ne peuvent pas durer finissent par s’interrompre !! » (Il s’agit là d’une pensée d’une profondeur totale, et au-delà de l’ironie et de l’humour bienveillant, bien qu’énonçant une évidence, il a raison. Le problème c’est que désormais, énoncer des évidences du type « l’eau ça mouille » et « le feu ça brûle » est interdit par la bien-pensance.)
Sur l’Union bancaire !
Vous savez l’Union bancaire c’est ce machin européen qui est censé nous sauver des affres des crises bancaires à venir. Il a ce commentaire remarquable de lucidité où quand c’est moi qui le dis j’entends toujours les sempiternels « Charles tu es un peu excessif tout de même »… Bref, pour notre François Lenglet, « l’Union bancaire est une vaste farce »… Hahahahaha, c’est exactement ça. Moi je dis que c’est une vaste fumisterie, mais en données corrigées du mot utilisé, le constat est identique. Il n’y a rien à en attendre, et quand la Deutsche Bank s’effondrera, ce sont les Allemands qui viendront payer pour sauver leur banque, car il est peu probable que le « con-tribuable » italien, grec, espagnol et même français se précipite pour sauver tous ces riches allemands qui roulent en BMW et autres Mercedes ou grosses cylindrées.
Sortir de l’euro est impossible !
Hahahahahaha… bon ben lui aussi il a fait un grand « hahahahahaha », « bien sûr que c’est faisable, techniquement c’est faisable »! Évidemment, il s’agit ici uniquement de problèmes logistiques et d’intendance. Au bout du bout, tout est une question de décision politique.
L’euro est en train de tuer à petit feu l’essentiel des pays européens. Pour survivre, nous devrons en sortir et il faudra bien inventer le mode d’emploi, il n’y aura pas le choix. Ou alors nous nous suiciderons avec l’euro.
Néanmoins, il est à prévoir que nous allions jusqu’à la faillite avant de le quitter car ce sera le seul cas où nous pourrons dire avec certitude que les coûts pour quitter l’euro seront moins élevés que les coûts de la faillite avérée en y restant. Nous quitterons l’euro quand nous serons insolvables, donc dans les pires conditions et au pire moment. Ce sera alors un chaos indescriptible et un retour dans l’urgence et dans la panique aux monnaies nationales, un retour non préparé.
Un chef d’État digne de ce nom préparerait (certes dans le plus grand secret) le retour à sa monnaie nationale.
Sur la mondialisation !
« On a fait trop de mondialisation, on rentre donc dans une période protectionniste pour gommer les effets de trop de mondialisation »! Sans blague. Là encore c’est une évidence. Mais si vous dites que vous êtes pour une dose de protectionnisme, vous serez taxé de fascisme par une Lagarde par exemple et par tous ceux qui en réalité roulent pour les intérêts du totalitarisme marchand.
Il dit aussi que « toutes les périodes de libéralisation se finissent par des crises financières ».
Sur le Royaume-Uni !
« Les idées neuves (en économie) naissent toujours au Royaume-Uni. Theresa May préfigure notre avenir et le nouveau discours des conservateurs britanniques intègre les discours dits populistes, l’Angleterre devient protectionniste, nous allons la suivre d’ici deux à trois ans. »
Ce fut donc un festival de vérités dont nous a gratifié le Monsieur Éco de France 2, et je ne peux que m’en féliciter.
Pourtant, maintenant que Lenglet reconnaît toutes ces difficultés, ce n’est pas une raison pour nous reposer sur nos lauriers et dire « on avait raison ».
Il faut toujours continuer à garder cette avance sur les événements afin d’anticiper ce qui s’en vient, et si désormais tous ceux qui osent encore penser un peu s’accordent sur les constats, il va falloir anticiper les conséquences, et croyez-moi elles ne s’annoncent pas drôles.
C’est pour cela que je vais consacrer la lettre STRATÉGIES du mois d’octobre à l’étude des différents scenarii qui nous attendent dans les prochains mois et années et sur la façon de s’y préparer.
N’imaginez pas que ce qui s’annonce soit rose, il y a beaucoup plus de chance que cela oscille du noir total au gris profond… dans le moins mauvais des cas.
Il est déjà trop tard. Préparez-vous !
Article écrit par Charles Sannat pour Insolentiae