C’est bien connu: la France est un pays où l’on plante des fonctionnaires et où l’on récolte des impôts. Un rapport (L’Horty, du nom de son auteur) sur les discriminations dans la fonction publique vient d’en donner la confirmation inattendue.
2.000 fonctionnaires par jour
L’objet principal du rapport n’était pas d’évaluer le recrutement en général dans la fonction publique, mais seulement les pratiques de discrimination à l’embauche. Il a néanmoins donné l’occasion d’un exercice de mesure assez divertissant (page 18):
On reconnaîtra l’immense mérite de ce rapport. Personne n’aurait eu l’idée de « cogner » ainsi des réalités aussi différentes. Donc, si la France compte environ 5 millions de fonctionnaires, elle en recrute quand même 500.000 chaque année.
85% des bacheliers deviennent fonctionnaires
La fonction publique recrute volontiers avec un niveau de diplôme minimum équivalent au baccalauréat. Il est là aussi amusant de pousser les confrontations statistiques jusqu’au bout.
Cette année, la France a fabriqué 632.000 bacheliers. Les recrutements dans la fonction publique, chaque année, absorbent donc l’équivalent de 85% de ces effectifs. Le chiffre donne un ordre de grandeur signification sur la ponction que la fonction publique pratique chaque année sur la main-d’oeuvre en France.
L’administration recrute chaque année un mois de Pôle Emploi
Autre comparaison significative: rappelons que, chaque mois, ce sont environ 550.000 personnes qui s’inscrivent à Pôle Emploi. Le recrutement annuel de la fonction publique équivaut donc à un mois normal d’entrées pour Pôle Emploi. Si la fonction publique ne recrutait que des chômeurs, le chômage diminuerait donc de 8,5 points en un an.
La fonction publique, productrice de précarité
Autre point intéressant dans ce fameux rapport l’Horty, la part de l’emploi précaire dans le service public (page 19):
Traduction: 3 recrutements sur 4 dans la fonction publique sont des emplois précaires, dont la durée est 16 fois moins longue que celle des titulaires. L’Etat employeur est donc le principal producteur de précarité en France, mais cela, il ne faut sans doute pas le dire.
Il est tellement plus facile de dénoncer la précarité dans les entreprises… et demander leur taxation.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog