L’orchestre joue sur le Titanic pendant que le petit peuple meurt noyé dans les cales. La technostructure européenne vit ses dernières heures. L'embrasement général en Europe, et pas seulement en France, va engendrer de solides bouleversements aux prochaines élections européennes et de nombreuses surprises. C’est l’ensemble des peuples d’Europe qui a revêtu le gilet jaune.
La mémoire des politiques a flanché.
Déjà lors du Referendum sur le traité de Maastricht, en 1992, « l’approbation » gagnée d’un tout petit point de majorité laissait entendre que les Français n’approuvaient pas avec enthousiasme cette intégration communautaire et le marché unique avec l’Euro. Mais en 2005, cette réticence est devenue un refus franc et massif. Le Referendum sur la Constitution européenne a franchement rejeté à 55% des voix cette proposition avec une très forte participation de 70 %. Les Pays Bas enregistraient le même résultat.
Citons Philippe Seguin qui avait parfaitement résumé dès 1992 cette machine infernale :
« Dès lors que, dans un territoire donné, il n’existe qu’une seule monnaie, les écarts de niveau de vie entre les régions qui le composent deviennent vite insupportables. Et en cas de crise économique, c’est le chômage qui s’impose comme seule variable d’ajustement. »
La trahison technocratique n’a cessé de s’accroître depuis 2005
Contre toute démocratie, la technostructure européenne a trahi ce rejet populaire. Deux ans plus tard, en 2007 le traité de Lisbonne e retrituré les mêmes éléments dans un processus obscur et complexe qui a permis d’aboutir à une simple approbation par les parlements réunis en Congrès en 2008. Ce jour est sans doute l’un des plus tristes pour notre démocratie. Il faut y voir la naissance des mouvements d’indignation qui aboutissent aujourd’hui à un véritable phénomène révolutionnaire. La démocratie est un fleuve qui ne supporte pas longtemps un barrage. Dans la même période les richesses financières et les grandes fortunes n’ont cessé de s’accroitre en creusant les inégalités au niveau des grandes dynasties du XIXème siècle, au moment de la jungle sociale. Bien pire, les techniques actuelles font qu’elles ne paient même plus d’impôts et que le peuple les paie à leur place dans une double peine.
Le dogme de la concurrence s’installe mais au détriment du consommateur
Dans les services publics, la déréglementation a fait exploser le coût et le prix et même la qualité. Dans le gaz, l’électricité, les transports, les autoroutes, les télécoms, la poste, l’informatique, etc., le technique est toujours la même. On dissocie le service des sociétés qui le commercialisent. Par exemple, dans l’électricité, on se retrouve avec cinq niveaux d’opérateurs au lieu de deux. Comme chacun doit se rémunérer, les coûts sont multipliés. Comme personne ne maitrise la totalité, on rajoute des taxes qui corrigent le reste et qui finissent aussi par doubler le prix final au consommateur. Ce système aboutit à doubler l’électricité en Allemagne et déjà presque 50 % en France.
Dans les télécoms, l’éparpillement des opérateurs aboutit à faire payer deux fois le réseau au consommateur, malgré d’abondantes subventions publiques versées depuis 20 ans, pour des prestations d’un niveau médiocre, alors qu’Internet est devenu un outil majeur de travail, de mobilité et d’échange. Depuis l’intégration européenne, c’est même pire. Un seul exemple : l’éolien, inventé par l’Europe, n’est même pas vendu au consommateur. Il est imposé via une taxe obligatoire mais ses gigantesques profits vont exclusivement à des groupes privés. Malgré 50 milliards, ce système ne fournit que 4 % de notre électricité mais les profits ont été immenses et les fortunes créées par centaines de millions. Engie, premier producteur éolien français, contrôlé pourtant par l’Etat français, vient de profiter de ce système pour procéder à l’évasion fiscale de 27 milliards d'euros au Luxembourg. Les dirigeants d’EDF énergies nouvelles pourtant aussi contrôlée par l'Etat, ont encaissé à titre personnel plus d’un milliard d'euros de transactions logés aux aussi au Luxembourg.
Le dogme libéral européen appauvrit les peuples
Le Brexit n’est qu’une autre illustration du même échec. La méfiance hongroise, polonaise ou autrichienne en est une autre. La transformation du Portugal en paradis fiscal et chinois démonte un peu plus le système. Les émeutes gilets jaunes s'étendent en Belgique et en Allemagne. Le silence sur la faillite grecque après tant de dramatisation confirme l’impasse. En Italie l’arrivée au pouvoir d’un clan très anti européen allié au mouvement cinq étoiles illustre aussi l’échec total de cette technocratie européenne. L’agriculture est cassée, exsangue et débouche sur une agro industrie dont les produits sont une catastrophe sanitaire. L’industrie a littéralement fondu en millions d’emplois perdus. Le pouvoir d’achat s’est effondré avec les accords mondiaux de libre échange passés par-dessus les citoyens, une monnaie unique plus financière qu’au service de l’économie. Les conditions de vie sont considérablement dégradées pour plus de la moitié de la population.
Dès lors, comment s’étonner d’une telle indignation générale, et même d’un simple réflexe de survie devant tant d’aveuglement, de cynisme, ou d’incompétence ?