Pourquoi les prévisions des experts sont presque toujours fausses

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Par Ludovic Grangeon Publié le 28 juillet 2021 à 6h50
Litiges Energie 2020 1
Pourquoi les prévisions des experts sont presque toujours fausses - © Economie Matin
77%Le nucléaire représente 77% de la production d'énergie électrique en France.

Et pourquoi donc les décisions des gouvernements reposent sur des avis d’experts qui sont les pires en matière de prévisions ?

L’actualité fourmille de fracassantes prévisions d’experts et d’alertes officielles qui exaspérent l’opinion. Les manifestations contre le pass sanitaire en Europe le révèlent : la population n'attaque pas les mesures de santé, mais elle ne comprend pas que des privations de liberté reposent sur des prévisions très incertaines sans connaissance du terrain ou de la vie quotidienne. Pareil pour les éoliennes, pour la dette de l’Etat, pour la réglementation Européenne, pour l’agriculture, le tourisme, la restauration et l’hôtellerie qui reposent à chaque fois sur des prévisions « d’experts » ou de "conseils scientifiques".

Les « experts » font moins bien que des chimpanzés !!!

Depuis près de 30 ans, une équipe de scientifiques a analysé des milliers de « prédictions » d’experts et leur vérification ultérieure. Et le résultat est sanglant. Le chercheur Philip Tetlock de l’Université de Princeton a demandé à un groupe d’experts de faire des prévisions sur plusieurs indicateurs (PIB, inflation, etc.) pendant plusieurs années. Au total 150.000 prédictions par 743 experts portant sur 199 événements mondiaux. Il a parallèlement demandé à un groupe de chimpanzés de lancer des flèchettes sur les réponses possibles. Au final, les chimpanzés ont obtenu de meilleurs résultats que les experts!

Plus l’expert est célèbre, plus il se trompe !!!

Le spécialiste de l’incertitude, Philippe Silberzahn ( EMLyon HEC CEDEP) confirme cette évidence. Les experts les plus désireux de briller en public ou dans les méduias sont les plus susceptibles de se tromper parce qu’ils se concentrent sur leur public, pas sur les faits. Un expert reconnu est fréquemment sur le déclin ou sur le point de l’être par trop grandes certitudes. Les experts répugnent à envisager des solutions qui les remettraient eux-mêmes en question. William Easterly, ancien chef économiste de la Banque Mondiale a montré à quels points les experts s’étaient tous trompés dans la répartition de l’aide mondiale.(La tyrannie des experts). Dans le manuel le plus utilisé des années 60, le Prix Nobel d’Economie Paul Samuelson avait prédit en 1961 la suprématie économique de l’URSS et l'effondrement des USA pour les années 80-90… Dans ses dernières recherches Philip Tetlock a organisé des tournois de prédiction sur des échantillons importants de milliers de personnes. Les meilleurs experts ont été battus par des personnalités atypiques comme un plombier en retraite, ou un cinéaste de Brooklyn. Ces personnalités partaient du terrain, et avaient affronté nombre de situations où leur vigilance avait été exercée face au danger. On résume cette confrontation par la comparaison imagée « du renard et du hérisson ».

Les médias privilégient la connivence au lieu de la compétence

Soucieux avant tout de faire de l’audience, les médias veulent des experts sans vraiment vérifier. Ce qui est important, pour le buzz c’est une célébrité qui passe bien à l’antenne. Ce type d’expert est surtout préoccupé par sa notoriété, et des avantages qu’il va en tirer. Il a passé du temps à perfectionner son image et son ego, plutôt que sa maitrise du sujet. On voit toujours les mêmes experts, ceux qui sont bien vus par le pouvoir, présents dans toutes les mondanités. Facilement disponibles, ils habitent à deux rues du siège de la télé ou de la radio, dans le milieu douillet et initié de l’entre-soi parisien, où la connivence prime sur la compétence.Ils recherchent le même but que les médias: faire de l'audience facile à leur profit. Ils manipulent souvent l'opinion par la peur, par l'outrance, par l'exagération.

Les experts de la santé et du climat se trompent comme les autres mais à nos dépens

La première déclaration officielle du gouvernement le 24 janvier 2020 sur le Covid précisait que les experts estimaient l'impact du virus en France "quasiment nul" et le risque de propagation très faible.Il est étonnant que les experts chargés de la santé et de la protection de la population aillent à l’envers de leur mission. Des milliers de femmes enceintes devront faire plus de 80 km pour accoucher au péril de leur enfant. Les personnels hospitaliers sont curieusement honorés en devant accomplir des horaires qui les mènent à l’épuisement sans meilleure rémunération. Des mesures sanitaires souvent absurdes sont prises puis changées toutes les deux semaines avec d’immenses contradictions dont la population a le sentiment d’être le cobaye. .Tout cela est prescrit par des « groupes d’experts » ou des conseils scientifiques qui ont exactement les défauts constatés depuis trente ans. Ils sont célèbres, en fin de carrière, à forte image personnelle et trop spécialisés pour savoir projeter la moindre tendance.

Le scenario Negawatt, a voulu utiliser un outil complexe de modélisation qu’il n’a pas su faire fonctionner, ainsi que le relèvent plusieurs économistes du Centre de l’économie de l’énergie. Le scenario 100% renouvelable a failli jeter la France dans une immense panne électrique de trou noir.. Les "experts" qui ont imaginé la solution des éoliennes pour remplacer le nucléaire avaient oublié qu’une éolienne, même si elle tourne constamment, ne délivre que l’équivalent de deux à trois mois de production dans l’année parce qu’il n’y a pas assez de vent. Plus de 140 milliards ont été engloutis dans cette solution qui ne marche pas. Il est particulièrement étrange de voir ces mêmes "experts" ignorer les solutions actuelles bien plus performantes d'énergies renouvelables . Qui les paie ?

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Ludovic Grangeon a été partenaire de plusieurs réseaux d’expertise en management et innovation sociale de l'entreprise. Il milite à présent pour le développement local et l’équilibre des territoires au sein de différentes associations. Il a créé en grande école et auprès des universités  plusieurs axes d’étude, de recherche et d’action dans le domaine de l’économie sociale, de la stratégie d’entreprise et des nouvelles technologies. Il a également été chef de mission et président de groupe de travail de normalisation au sein du comité stratégique national Afnor management et services. Il a participé régulièrement aux Journées nationales de l’Economie, intervenant et animateur. Son activité professionnelle a été exercée dans l'aménagement du territoire, les collectivités locales, en France et auprès de gouvernements étrangers, à la Caisse des Dépôts et Consignations, dans le capital risque, l’énergie, les systèmes d’information, la protection sociale et la retraite.

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