Eolien : les nouveaux alchimistes

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Par Ludovic Grangeon Publié le 24 novembre 2015 à 5h00
France Production Electrique Eolien Chiffres
@shutter - © Economie Matin
3,5 %L'éolien représente 3,5 % de la production électrique française.

On ne transforme plus le plomb en or mais le vent en fric. Et si en plus on joue avec l’espoir des gens, alors les profits deviennent illimités… ! mais bien entendu l’espoir des gens est oublié, et malgré les milliards engouffrés et les milliers d’éoliennes installées depuis dix ans , l’éolien ne figure toujours pas sur nos factures d’électricité comme énergie renouvelable significative, et ce n’est pas pour demain.

Expliquons d’abord le mécanisme : dans les enquêtes publiques, les promoteurs éoliens ont tous des bureaux d’études « spécialisés » sur le vent qui travaillent presque exclusivement pour eux. On appréciera leur « indépendance » et le fait que les pouvoirs publics sont dépassés, incapables de contrôler. Un géologue portant un nom très connu en politique est aussi fréquemment présent. Après, on s’étonne moins de ce qui se passe à Notre Dame des Landes ou à Sivens !...

Curieusement, on fait réaliser des études sur le vent en quelques mois et on « extrapole » sur logiciel « protégé ». On n’utilise pas les statistiques réelles de Météo France, ni ses logiciels professionnels, cinq fois moins cher, avec des statistiques officielles fiables quotidiennes sur plusieurs dizaines d’années.… Étonnant ? Non ?

La valorisation du projet va être faite sur la foi de ces études privées qui vont devenir officielles par la validation d’un permis officiel, même si on s’aperçoit plus tard, trop tard, qu’elles sont très très très optimistes… C’est pour cela aussi que la plupart des sociétés d’éoliennes ne publient pas leurs comptes, même si c’est illégal, car ça permet de vérifier leur production réelle, peut-être bien trop tôt…

Avec ce label « officiel », on va trouver des financiers peu curieux qui vont « valoriser » le projet éolien et le revendre à des investisseurs particuliers ou étrangers, attirés par l’apparente aubaine et l’effet de mode. Le problème, c’est l’écart, gigantesque, mais ils ne découvriront que plus tard, et c’est la faute au changement climatique… !

Des chiffres ! un exemple concret : un petit maire scandalisé a réussi à obliger une société à publier ses comptes.. Alors qu’elle annonçait dans ses « études officielles» une production de 33 à 42 Gigawattsh-an, qui aurait représenté un revenu annuel de 2.7à 3.5 millions € par an, elle plafonne depuis trois ans à 1.5 million de chiffre d’affaires, qui représente …18 mégawattsh-an, soit… la moitié !... mais la société a été revendue depuis à des investisseurs, qui l’ont achetée sur la foi des études…officielles… Différence sur 20 ans : trente millions qui sont rentrés en compte dans la valorisation et dont les promoteurs ont touché l’anticipation. Sauf que ces 30 millions ne valent rien depuis le départ et que les vrais professionnels de l’éolien ou de Météo France le savent. C’est presque du Madoff.

Un autre exemple à plus grande échelle : une société étrangère a revendu cette année sa filiale française qui n’allait pas très bien, avec une trentaine de projets éoliens. Pour la valoriser au mieux, elle a pris les chiffres des « études officielles » comme facteur de charge de son parc éolien. Problème : son chiffre d’affaires ne dit pas du tout la même chose. Différence entre valorisation et production réelle : 335 millions sur 20 ans, qui ne correspondent à rien, mais qui ont servi à différentes transactions financières bien réelles. Quand on sait qu’en plus l’investisseur a dans ses relations des liens avec des interlocuteurs qui pourraient bien connaitre Daesh…. Et qu’il possède maintenant des opérations sur une trentaine de communes françaises… qui n’en savent rien…

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Ludovic Grangeon a été partenaire de plusieurs réseaux d’expertise en management et innovation sociale de l'entreprise. Il milite à présent pour le développement local et l’équilibre des territoires au sein de différentes associations. Il a créé en grande école et auprès des universités  plusieurs axes d’étude, de recherche et d’action dans le domaine de l’économie sociale, de la stratégie d’entreprise et des nouvelles technologies. Il a également été chef de mission et président de groupe de travail de normalisation au sein du comité stratégique national Afnor management et services. Il a participé régulièrement aux Journées nationales de l’Economie, intervenant et animateur. Son activité professionnelle a été exercée dans l'aménagement du territoire, les collectivités locales, en France et auprès de gouvernements étrangers, à la Caisse des Dépôts et Consignations, dans le capital risque, l’énergie, les systèmes d’information, la protection sociale et la retraite.

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