La face cachée des énergies renouvelables

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Par Jean-Pierre Riou Modifié le 29 novembre 2022 à 9h15
Eolienne Riou
@pixabay - © Economie Matin
1 MILLIARD €Le financement public des énergies renouvelables coût plus d'un milliard d'euros à la France en 2016

Des énergies polluantes

Sous le label « EnR », sont regroupées des productions disparates qui représentent près d’1/5 (19.2%) de la production de l’énergie mondiale : (rapport Ren 21 p 28). Près de la moitié est traditionnelle et provient de l’utilisation de la biomasse pour le chauffage ou la cuisson.

Cette biomasse est constituée de l’ensemble de la matière organique, végétale ou animale et de ses résidus. Sa combustion émet d’ailleurs autant de CO2 que le charbon. Elle dégage également des émissions toxiques de particules fines et oxydes d’azote. Elle est considérée renouvelable dans la mesure où elle se reconstitue rapidement et stocke le CO2 lors de sa croissance.

EnR modernes :

Elles représentent un peu plus de la moitié du total « EnR ».

Peu écologiques Concernant la biomasse, la modernisation des combustions a considérablement réduit les émissions, celles de CO2 demeurant cependant identiques à celles du charbon. (bilan RTE 2015 p20), au point d’être susceptibles de menacer les objectifs de l’U.E. Leur développement à grande échelle peut entraîner des catastrophes écologiques. Les effets d’aubaine liés aux subventions de la biomasse ont entraîné des dérives remettant en cause leurs critères de « durabilité. »

En raison de ses émissions de dioxines, l’incinération des ordures ménagères est la plus polluante de toutes. La production d’électricité et de chaleur à partir de cette activité n’en demeure pas moins « vertueuse », mais demande une grande vigilance à toute dérive liée aux effets d’aubaine des subventions massives.

Si les végétaux cultivés pour les biocarburants sont renouvelables, les terres agricoles qu’ils utilisent ne le sont pas. L’Union européenne vient de reconnaître que leur développement pouvait indirectement favoriser la famine dans le monde.

Eoliennes et environnement

Les éoliennes et panneaux photovoltaïques demandent une quantité considérable de composants, notamment d’énormes quantités de précieuses terres rares, dont les réserves ne sont guère renouvelables et provoquent des catastrophes sanitaires lors de leur extraction et raffinage. Les éoliennes poseront un nouveau problème lors de leur recyclage, le gros millier de tonnes de béton de chaque fondation restant, quant à lui, définitivement enfoui, dans la plupart des cas.

L’organisation mondiale de la santé (OMS) vient de prendre au sérieux le problème sanitaire lié à l’implantation d’éoliennes à proximité du cadre de vie des populations dans l’élaboration de ses nouvelles recommandations. De nombreux scientifiques avaient déjà attiré l’attention sur les possibles effets sur la santé de leurs basses fréquences et infrasons.

La société espagnole de protection des oiseaux (SEO), dénonce la sous estimation de la mortalité liée aux éoliennes en raison de la prise en compte très insuffisante de l’enlèvement rapide des cadavres par les charognards. Et estime cette mortalité à 8 millions d’oiseaux par an en Espagne.

Coûteuses

Le financement public des énergies renouvelables dépasse déjà 20 milliards d’euros annuels en Allemagne. En France, le seul tarif obligatoire d’achat de l’électricité éolienne représente un peu plus d’1 milliard d’euros pour 2016. On peut s’interroger sur la logique d’un soutien permanent à cette technologie considérée mature, et qui date effectivement du 19° siècle (1887). Particulièrement en regard de la moindre valeur de sa production.

Déjà en 2007, la promesse d’un retour sur investissement de l’énergie éolienne était évoquée devant le Sénat, prévoyant qu’après 2015, « la contribution devient négative. Les producteurs éoliens génèrent alors une rente pour la collectivité ». Car c’est bien en termes d’avantage pour le consommateur que se posait alors la question. Hélas, la CRE vient de publier ses prévisions pour 2017 concernant cette CSPE (Contribution au service public de l’énergie) et table sur une nouvelle augmentation de cette taxe payée par tous, avec 5.6 milliards d’euros de surcoût pour les énergies renouvelables, dont 1.5 milliard pour le seul tarif d’achat éolien. Ce qui n’empêche pas de dire encore que demain on rasera gratis !

Dangereuses

La géologie unique de l’Islande « terre de feu et de glace, » placée sur la fracture des plaques tectoniques américaines et eurasiennes, dans une zone volcanique très active, l’a rapidement amenée à recourir à la géothermie et à l’énergie hydraulique, pour des raisons uniquement économiques. Pour autant, des forages destinés à l’énergie géothermique dans des régions moins propices n’excluent pas des catastrophes bien difficiles à prévoir, en raison des microséismes qu’elle provoque, et de l’absence de recul sur les conséquences de la fracturation des roches et de l’abaissement de la température du sous sol.

Le retour en grâce de l’énergie la plus dangereuse

L’énergie hydraulique est responsable de désastres écologiques et humanitaires, notamment par l’inondation préalable de vallées telles que celle des Mundurukus, menacée par le projet de barrage sur le Rio Tapajos.

Son exploitation détient le record de morts accidentelles au kWh produit. Actuellement, c’est le barrage de Mossoul qui menace de façon critique d’entraîner la mort de 500 000 personnes et d’en déplacer plus d’un million. Pourtant, l’énergie hydraulique est subitement devenue vertueuse aux yeux de ses plus virulents opposants d’hier que sont les écologistes dans la mesure où elle représente les ¾ de la production de l’électricité d’origine « renouvelable », et dont l’efficacité cautionne le label.

L’illustration ci-dessous récapitule la part respective de chacune de ces énergies dans la production mondiale d’électricité.

(rapport Ren 21)

Pour quel mix énergétique Le propos n’est pas de condamner les énergies renouvelables dont il est souhaitable que bon nombre continuent à se développer. Mais de rappeler que la décision politique exige de peser objectivement les avantages et les inconvénients de chaque projet. Et ce, en fonction des spécificités de chaque emplacement prévu pour son implantation. Chaque avantage devant être mis en balance avec chaque inconvénient, l’appartenance à la catégorie « renouvelable », bien que politiquement correcte, ne doit permettre, en aucun cas, d’échapper à cette règle.

Il est souhaitable qu’on utilise le soleil pour chauffer, l’intermittence de la force du vent pour modifier l’état de ce qui se stocke, comme la farine, ou l’eau dans un abreuvoir, ou que le réseau hydrologique soit utilisé pour produire de l’électricité.

Il est écologique d’utiliser des déchets ou du lisier pour produire du carburant, de la chaleur ou de l’électricité. Mais pas d’en importer ni d’en systématiser la production au nom d’un label « renouvelable » qui ne saurait être une caution, encore moins un but en soi.

Une erreur politique à court, comme à long terme

A court terme, l’urgence exigeait que chaque euro d’argent public engagé le soit en fonction de son efficacité vers l’objectif prioritaire déclaré qu’est la réduction d’émission de CO2. Pourtant, dans son avis défavorable au tarif d’achat éolien, la Commission de régulation de l’énergie évaluait, pour les éoliennes, « un coût de la tonne de CO2 évitée compris entre 230 et 280 €, et jusqu’à 490 € pour les éoliennes implantées en mer. A titre de comparaison, la Direction générale du trésor et de la politique économique (DGTPE) a évalué, en 2007, le coût budgétaire de l’intervention publique à 2 € par tonne de CO2 économisée pour l’isolation thermique des parois opaques ».

A long terme, le manque de visibilité financière du secteur de l’électricité, en raison de la seule rentabilité des productions subventionnées, aura dissuadé les investissements dans toute autre alternative pérenne.

Evoquant le mécanisme de soutien de l’éolien et du photovoltaïque, Claude Mandil, ancien Directeur exécutif de L’Agence internationale de l’énergie (AIE), écrivait récemment pour France Stratégie : « On a cru par ce moyen atteindre simultanément l’objectif de court terme et l’objectif de long terme, sans vouloir se rendre compte qu’en réalité on sabotait l’un et l’autre ».

Energie et écologie

Le véritable enjeu de l’énergie d’ici 2050 n’est il d’ailleurs pas celui de son usage plus encore que celui de sa production ? L’énergie n’ayant pas vocation à laisser l’environnement dans l’état naturel initial, mais à le transformer, le piller et le détruire. Plus que son origine, c’est assurément son utilisation qui sera l’enjeu majeur pour 9 ou 10 milliards d’êtres humains d’ici 2050.

Et c’est probablement le tour de force qu’aura réussi l’énergie éolienne : faire rêver à une forme de décroissance, de frugalité, d’économie, de respect de l’environnement, de progrès et de production locale.

Alors qu’elle représente l’exact inverse.

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Jean Pierre Riou est chroniqueur indépendant sur l'énergie Membre du bureau énergie du collectif Science Technologies Actions Rédacteur du blog lemontchampot.blogspot.com

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