Sortir de l’euro le débat interdit !

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Par Charles Sannat Publié le 3 février 2014 à 13h30

Sortir de l’euro, le débat interdit, voici la « une » du magazine Marianne de cette semaine, en vente en kiosque actuellement. Il y a deux choses importantes dans cet article, l’article en lui-même bien évidemment, mais également le simple fait d’oser poser le débat en couverture d’un magazine grand public, sans pour autant balayer d’un revers de main justement la solution de la sortie de l’euro.

Alors disons-le, ce dossier laisse la parole aux eurosceptiques comme on dit pudiquement, eurosceptique étant le terme politiquement correct pour dire que l’on est contre l’euro, mais comme être contre l’euro ce n’est justement pas très politiquement correct, on préfère juste se dire ou se qualifier de sceptique. En ce qui me concerne, les résultats désastreux de l’aventure de la monnaie unique sont au-delà de provoquer en moi du scepticisme. Il n’y a plus à être sceptique ou dubitatif, l’euro est un échec social, un échec politique et bien sur un échec économique… et c’était une évidence.

Les mensonges économiques énormes des europathes !

Comme vous le savez, sortir de l’euro, ou simplement évoquer cette idée suffit à vous faire classer automatiquement dans les « estrêêêêmes » ! Si vous osez seulement évoquer publiquement les raisons qui expliquent les dysfonctionnements de la monnaie unique, qui conduisent indubitablement à une seule conclusion logique qui est la sortie de l’euro, vous êtes forcément un vilain mangeur d’enfants cannibale, un véritable terroriste en puissance, un « estrêêêmiste » patenté et dangereux pour le monde libre et civilisé.

Or lorsque l’on regarde les choses avec objectivité ou plutôt les arguments, je suis ébahi par les mensonges éhontés proférés par nos europathes relayés avec complaisance par nos grands médias sans qu’à aucun moment un regard critique ne soit posé sur des affirmations tout simplement mensongères.

À ce sujet, le dossier de Marianne ne déroge pas à cette règle même si, et c’est important de le souligner, l’effort de pluralité est réel et rien que pour cela, il faut acheter ce numéro pour manifester une forme d’adhésion. L’achat est toujours un acte de vote et le boycott un acte de défiance.

En attendant, voici quelques illustrations de ces mensonges hallucinants.

Si on sort de l’euro, la dette de la France restera en euro et ce sera la faillite !

Cet argument est génialement terrifiant à souhait ! Madame Michu… sortir de l’euro ? Vous n’y pensez pas ma brave conne… heu ma bonne dame (un europhate pense toujours que les gens sont cons, alors que franchement, je trouve que nos concitoyens montrent toujours une grande sagesse sur les sujets importants et l’appétit pour le débat politique est une tradition bien vivace dans notre pays). Donc ma brave dame, la dette libellée en euro serait reconvertie en francs mais comme il y aurait forcément (ce qui reste à prouver et nous y reviendrons juste après) une dévaluation d’au moins 1 million de pour cent (un europathe doit faire peur, seule la peur tient encore l’euro), notre dette en franc vaudrait au moins 10 millions de fois plus (je sais je viens de multiplier par 10, mais c’est comme cela que fonctionne le système économique dans l’esprit de nos eurodébiles) et vous seriez ruinée vous et vos descendants pour l’éternité et les siècles des siècles. (Là c’est le moment de l’appel solennel à la raison populaire.) Évidemment ma brave dame, ce n’est pas ce que vous souhaitez pour vos enfants hein… Non hein, alors l’euro c’est bien n’est-ce pas ? Hein !!!

Sauf que lorsque l’euro a été mis en place pour une valeur de 6,55957 francs français pour un euro, la dette française jusqu’alors libellée en francs (français) a été divisée par ce chiffre de 6,55957… tout simplement ! Si demain nous sortions de l’euro avec une parité le jour de notre sortie de l’euro de 1 euro pour 1 nouveau franc, alors notre dette de 2 000 milliards d’euros deviendrait automatiquement et légalement une dette de 2 000 milliards de nouveaux francs… nouveau franc qui pourrait parfaitement être dévalué, mais… cela n’aura aucun impact sur le stock de notre dette.

Juridiquement, la France emprunte dans la monnaie ayant cours légal. Hier le franc, aujourd’hui l’euro, demain le nouveau franc or ! C’est aussi simple que cela. Si le franc est dévalué, c’est l’investisseur international qui verra le pouvoir d’achat de sa créance sur la France dévalué… et franchement sans faire mon gôôôchiste de base voir un banquier de Goldman Sachs perdre un peu de sous ne va pas m’empêcher de dormir.

Si on sort de l’euro, la dévaluation sera terrible, le prix de l’essence va exploser, vous ne pourrez plus remplir le réservoir de votre Clio ma brave conne ! Heu, ma brave dame…

Ça c’est un truc super flippant, y a pas mieux pour effrayer la ménagère et le ménager de moins de 50 ans (égââââlité oblige je suis désormais contraint d’écrire la ménagère et le ménager, c’est pour plaire à la Belkassine et montrer que je fayote comme il faut en intégrant la nouvelle propagande gouvernementale, d’ailleurs désormais je porte une jupe pour que mon fils puisse dire papa porte une robe et comprendre ce que cela veut dire). Vous imaginez la pauvre madame Michu (et son concubin, madame Michu donc n’est plus mariée puisqu’il faut lutter contre les stéréotypes), elle ne va plus pouvoir faire le plein de sa Clio diesel d’occas que la candidate à la Mairie de Paris veut d’ailleurs lui interdire d’utiliser… Bref, carrément pétrifiée la miss Michu à l’idée d’aller faire le plein en nouveaux francs !

Mais cela est mensonger et de façon éhontée pour une raison très simple. Si l’euro explose, il y aura retour aux monnaies nationales. On est tous d’accord là-dessus. Dès lors, imaginons que 1 euro = 1 franc. Comme les Zallemands ils sont vachement plus meilleurs que nous, eh bien au pire, disons que pour 1 mark il faudrait 2 francs (même les europathes n’osent pas vous dire que le franc vaudrait deux fois moins, mais soyons pessimistes, j’adore être pessimiste, car raisonner au « pire » c’est faire les meilleures estimations). Dans ce cas, le prix d’une Audi ou d’une BMW doublerait… Et franchement, je n’en ai que foutre dans la mesure où si le seul impact de la crise est que les classes moyennes soient obligées d’acheter une Peugeot plutôt qu’une Audi ne me fait ni chaud ni froid… D’ailleurs, personne ne veut vous dire qu’avant l’euro, les voitures allemandes coûtaient plus cher en raison également du taux de change !! Et qu’avec l’euro, les constructeurs français ont perdu 15 à 30 % de compétitivité vis-à-vis de l’Allemagne !!

Bref, maintenant, poursuivons ce raisonnement, 1 mark = 2 francs. Ok. Et de vous à moi, la production de pétrole de la Germanie c’est combien de barils par an ? 0 ! Oui c’est à peu près cela, 0 ! Et votre pétrole il est coté en marks ? Eh bien nan !! Vous savez quoi ? Même qui paraît que le pétrole il est coté en dollars américains !

Alors pour savoir si en sortant de l’euro la miss Michu aura son réservoir à sec, il ne faut pas imaginer la future parité franc/mark, mais franc/dollar et là, cela tombe plutôt bien puisque comme le dollar vaut au moins 30 % de moins que l’euro actuel et que le mark vaudrait sans doute au pire 30 % de plus que le futur franc, cela voudrait dire qu’en données corrigées de ce que l’on a pas vu venir, eh bien 1 franc = 1 dollar = que le plein de la conne de Michu vaudrait peu ou prou la même chose avant qu’après…

Mais comme tout cela est trèèèèès compliqué, évidemment il faut épargner les explications à nos pauvres crétins de citoyens, il ne faut surtout pas les déranger pendant la diffusion de The Voice sur TFone, le temps de cerveau disponible ça rapporte ! Alors que je suis persuadé, et c’est tout le sens de mon travail de pédagogie, que nos compatriotes peuvent tout comprendre à condition que l’on prenne juste le temps de leur expliquer les choses mais, vraiment, pas en les prenant pour des buses comme le font nos mamamouchis.

En cas de sortie de l’euro, le capital des assurances vie baisserait de 10 % !!

Hoooooo, j’ai beaucoup rigolé quand je l’ai lu celle-là ! Je ne connaissais pas cette blague ! D’abord, je croyais que l’assurance vie c’était garanti… hein, aucun risque… mais bon si on sort de l’euro, là c’est plus garantie… et pourquoi 10 % ? Aucune explication ! Aucun raisonnement ! Aucun calcul (c’est page 19 tout à la fin). On vous dit juste oulalalalala pauvre conne de Michu, ton assurance vie, hop – 10 % ! Ça t’emmerderait hein… alors on reste dans l’euro ?

Déjà, perdre 10 % sur nos assurances vie, enfin les vôtres, car moi cela fait belle lurette que je n’en ai plus, enfin ce n’est pas tout à fait vrai, j’ai gardé les machins ouverts avec 50 euros dessus pour garder l’antériorité et forcer mon vilain banquier à m’envoyer plusieurs courriers tous les ans pour me tenir au courant de ce superbe placement de 50 euros… Mais je n’ai plus d’épargne libellée en obligation d’États européens en faillite ! Bref, perdre 10 % vu la crise ce ne serait pas cher payé, car franchement, on devrait plutôt tout perdre dans un monde normal et cela risque de se finir comme ça.

Or rester dans l’euro et sauver l’euro, si je ne m’abuse, d’après les propositions du FMI, la demande express de la Banque centrale allemande (c’est nos grands zamis les Zallemands), c’est justement accepter une ponction d’au moins 10 % de toute notre épargne pour sauver les États, les dettes et donc la monnaie unique…

Je préfère tenter ma chance sans l’euro ! Au moins, si on se taxe, ce sera entre nous et c’est pas Helmut qui décidera à Berlineu de me faire les poches ! Même dans la ruine, je suis pour le patriotisme économique ! Une espèce de vieille idée du type la souveraineté c’est important et permet à un peuple de savoir comme il règle ses problèmes comme un grand !

Donc évidemment le problème dans tout ça, ce n’est pas l’euro ou le franc, c’est la dette et notre capacité à la payer… et avec le franc, nous avons plus de chance de payer notre dette qu’avec le carcan de l’euro, ce qui est une évidence et du bon sens !

Sortir de l’euro, c’est le retour du contrôle des changes, impossible de partir en voyage beurkkk caca boudin crotte !

Ne vous marrez pas mes braves cons et connes, nous sommes tous des Michus dans les esprits tordus de nos europathes qui aiment vraiment nous prendre pour des crétins finis, et je déteste être pris pour un crétin et comme je l’ai pris pour moi, forcément, je réagis mal (ma femme me dit de me calmer, de crier moins fort, et que si je me détends elle me fait une bonne boîte de raviolis pour midi avec un poil de gruyère râpé).

C’est page 22 que l’émérite professeur de l’ESCP (un truc super sérieux), qui plus est expert à l’institut de l’entreprise, alors pensez donc, à ce niveau c’est du lourd, c’est du sérieux, c’est du professionnel massif en barre, que voulez-vous qu’elle fasse la Michu contre autant de neurones actifs ?

Bref, le type nous explique que sortir de l’euro c’est rétablir le contrôle des changes, empêcher les gens de voyager pour toujours et pour l’éternité jusqu’au retour du Messie et de la fin des temps. Pas de rédemption !

Sauf que c’est un argument complètement bidon et fallacieux, et encore une fois on nous prend pour des imbéciles dans les grandes largeurs. Explications !

Tout d’abord, le contrôle des changes n’est effectivement pas la meilleure des choses et cela rend tout plus compliqué, mais un contrôle des changes est en général temporaire et pendant les Trente Glorieuses, nous avions un contrôle des changes permanents. Pendant les Trente Glorieuses, nous avions le plein-emploi. Durant les Trente Miséreuses (actuellement), nous n’avons pas de contrôle des changes, mais nous avons plein de chômeurs. Évidemment, cela ne peut pas être lié. En aucun cas ! (C’est de l’humour évidemment, car il y a un rapport basé sur l’idée de protectionnisme.) Mais passons.

Disons que ce qu’il faut retenir, c’est qu’un contrôle des changes devrait bien avoir lieu dans les premiers temps, histoire de stabiliser tout cela et absorber le choc, mais il serait temporaire. Évidemment, ce que l’on oublie juste de vous dire, c’est qu’avec l’euro il y a aussi le contrôle des changes !!

Non seulement vous avez actuellement un contrôle des changes très sévère à Chypre et qui dure, et il me semble que Chypre c’est encore la zone euro… mais en plus toutes les nouvelles législations européennes votées actuellement prévoient justement la mise en place de tels contrôles des changes pour éviter que les moutons se mettent à courir dans tous les sens en essayant de planquer leur pognon ailleurs le jour de la grande tonte !!

Le contrôle des changes c’est donc avec l’euro que vous l’aurez en conservant tous les inconvénients de cette monnaie mal conçue et mal ficelée depuis le départ mais il ne pouvait pas en être autrement puisque l’idée de l’euro c’est d’avoir la même monnaie, avec la même politique monétaire pour 18 économies intrinsèquement complètement différentes… Et vous savez quoi ? Ça ne marche pas ! Bonne blague… Ça alors, quelle surprise.

Évidemment, l’éminent professeur de l’ESCP conclut son article en faisant peur à la France entière sur la facture pétrolière qui ferait passer l’écotaxe pour « une anodine ponction »… Je crois que l’on peut nominer ce monsieur aux « zeuropathes Awards ».

Encore une fois, sortir de l’euro n’est pas un projet mais la conséquence d’un projet !

Il ne faut pas être « destructeur » pour le plaisir mais être porteur d’un projet alternatif et c’est pour le moment ce qui manque, hélas, à l’ensemble des opposants à la monnaie unique.

Sortir de l’euro n’est pas une fin en soi et ne constitue en aucun cas un projet d’avenir pour notre pays. En revanche, un projet global, politique, social et économique tourné vers l’avenir et la reprise en main par le peuple de France de sa destinée ne pourra certainement pas s’accommoder du carcan délétère et économiquement mortifère que fait peser l’euro sur notre pays.

Nous devons sortir de l’euro, mais nous devons savoir pourquoi et pour quoi faire et nous devons le savoir avant. Mieux notre projet sera défini, plus il sera également lisible pour l’ensemble des partenaires de la France, qu’il s’agisse des marchés, des investisseurs internationaux, des grandes entreprises françaises comme étrangères, et évidemment de notre peuple. Plus il sera lisible, plus il suscitera l’adhésion et plus il aura des chances de succès et surtout, plus les choses se passeront bien.

L’euro est une forme de concurrence au dollar, ne nous leurrons pas. Il est donc peut probable que les Anglo-saxons voient rouge à l’idée de la disparition de la seule alternative actuelle au dollar.
Je vous mets en lien l’article que j’avais écris il y a quelques mois justement sur le fait que la sortie de l’euro devait être la conséquence d’un projet ambitieux pour notre pays.

Soyons très honnêtes. Avec ou sans l’euro, la situation économique mondiale est critique et notre pays au bord de l’effondrement. Avec ou sans l’euro, les sacrifices que nous devrons consentir seront réels et nous devrons tous faire de grands efforts pour en finir avec la facilité passée de l’endettement. Sortir de l’euro ne peut pas être un chemin facile, mais y rester ne nous aidera pas. Bref, sortir de l’euro ne doit pas s’accompagner de fausses promesses.

Si nous ne voulons plus avoir besoin des banquiers, si nous ne voulons plus être soumis à la dette, il n’y a pas beaucoup de solutions. En réalité, il n’y en a qu’une. Il faut dépenser chaque mois moins que ce que nous gagnons. C’est aussi simple que cela. Nous avons des ressources disponibles et nous devons faire avec.

Euro ou pas, imaginer qu’en en sortant nous pourrions créer autant de monnaie que nécessaire est une erreur. Néanmoins en sortant de l’euro, nous retrouverons des marges de manœuvre qui nous permettront de mieux gérer cette situation économique désespérée.

En attendant, ne vous laissez pas enfumer par de faux arguments et par des mensonges aussi gros qu’éhontés.

Ce sont nos europathes qui sont prêts à sacrifier les peuples européens sur l’autel de ce cauchemar qu’est devenu l’Union européenne.

Restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez bien !!

AuCOFFRE.com

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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