Quand Patrick Drahi compare ses salariés à des lave-linge pour annoncer des licenciements

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 22 juin 2016 à 7h39
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13 MILLIARDS €SFR a été rachetée par Numericable pour 13 milliards d'euros en 2014.

Les salariés de l'opérateur SFR devraient déjà penser à ce qu'ils feront en 2018 car ils risquent fort d'avoir une très mauvaise surprise en 2017 : ils seront licenciés ! Pas tous, bien évidemment, mais probablement une bonne partie d'entre eux. L'information vient de source sûre : c'est Patrick Drahi, leur boss, qui l'a dit le 21 juin 2016 lors d'une conférence à New-York. Et pour ce faire il a utilisé une comparaison un peu étrange...

La fin des trois ans de sursis pour les salariés de SFR

En 2014, lors d'une énorme opération, le câblo-opérateur Numericable propriété de la holding luxembourgeoise de Patrick Drahi Altice, rachetait l'opérateur au carré rouge SFR alors propriété de Vivendi. L'Autorité de la Concurrence avait obligé Altice à céder certaines filiales mais, surtout, à garantir l'emploi pendant trois ans. Cette période est bientôt terminée.

Lors d'une conférence donnée à New-York le 21 juin 2016, Patrick Drahi a énoncé la situation : SFR est en "sureffectif". Et que se passe-t-il lorsqu'on est en sureffectif ? C'est simple : on licencie ! Patrick Drahi a donc clairement annoncé que 2017 va être une année noire pour les salariés de SFR-Numericable qui va se traduire par une série de licenciements.

Quand Patrick Drahi compare les salariés à des... lave-linge ?

Personne, chez SFR, ne se faisait d'illusions : le groupe est en crise et n'arrive pas à faire face à la perte d'abonnés qui continue depuis des mois et des mois. Jusqu'à présent, pour rester la tête hors de l'eau, le groupe a utilisé la technique de l'augmentation du prix des abonnements... mais ça a fait fuir encore plus les clients. En 2017, avec la fin de la garantie sur l'emploi, c'est une nouvelle stratégie qui va être mise en place. Une stratégie attendue : les licenciements ne sont donc pas une surprise.

Par contre, ce qui peut étonner, c'est le discours de Patrick Drahi : "On a donné une garantie sur l'emploi de trois ans donc il reste encore un an. Aujourd'hui [le 21 juin 2016, ndlr], on est dans une situation où les gens savent que la garantie s'arrête dans un an. C'est un peu comme chez Darty quand vous avez une garantie de trois ans. Au bout de trois ans, la machine à laver tombe en panne on fait comment ? On paie. Ils savent qu'on est en sureffectif."

L'ancien patron d'Altice (il a quitté son poste mais en reste actionnaire principal et stratégique) a comparé ses salariés à... des lave-linge. La "garantie sur l'emploi" est donc équivalente à une garantie sur le fonctionnement d'un appareil électroménager... et le salarié à un électroménager ?

La garantie sur l'emploi jugée "inopportune"

Cette question de la garantie sur l'emploi, il ne l'a pas digérée : elle a "a rendu les choses compliquées et créé des tensions" a-t-il déclaré à New-York le 21 juin 2016. Selon lui, elle est tout simplement "inopportune", surtout vu ce qu'on fait les autres opérateurs.

"On est quand même dans une situation en France où tous nos concurrents ont licencié à tour de bras et nous on a pris une garantie sur trois ans à un moment où on vend à 1 euro par mois des abonnements. Ça n'a ni queue ni tête."

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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