La croissance chinoise bridée par le marché de l’immobilier

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Par Thierry Leprince Publié le 31 octobre 2014 à 4h30

Au début du mois d'octobre, le FMI annonçait que la Chine était devenue la première puissance économique de la planète, déchaînant les passions triomphales des anti-capitalisme à l'américaine. Mais alors que l'Empire du Milieu connait en 2014 une moindre croissance par rapport aux années précédentes, l'institution monétaire internationale a vite tempéré son propos, l'accompagnant même de présages moroses.

Mercredi 8 octobre, le Fonds monétaire international (FMI) prenait le petit village planétaire de cours, en annonçant l'émergence de la Chine sur la plus haute marche de l'économie mondiale. Stupeur partagée devant cette soudaine révolution, qui voyait l'Empire du Milieu détrôner enfin son rival capitaliste de toujours, et devenir la première puissance économique de la planète. Sauf que l'institution internationale a très vite fait d'atténuer son propos, Christine Lagarde, sa directrice, précisant bien qu'il s'agissait de la première place en termes de parité de pouvoir d'achat (PPA). Pour ce qui est du budget, les Etats-Unis conservent leurs lauriers ; l'honneur est sauf.

Un risque de surchauffe du marché de l'immobilier

La patronne du FMI ne s'est d'ailleurs pas contentée de cette simple précision. Tout en confirmant les prévisions d'une croissance économique chinoise à hauteur de 7,4 % cette année, Madame Lagarde a attiré l'attention sur des « risques à court terme » sur un marché immobilier en surchauffe depuis des années. En effet, les autorités n'ont pas su endiguer la hausse inexorable des prix de l'immobilier, et la Chine fait face aujourd'hui à un retournement de son marché. D'après les chiffres du gouvernement, les ventes de logements se seraient effondrées de 10,9 % au cours des huit premiers mois de l'année, entérinant définitivement une décélération de l'économie chinoise au cours du troisième trimestre.

Pendant deux décennies, la surenchère en matière de développement urbain au sein de la République populaire de Chine (RPC), n'a fait que gonfler la bulle immobilière qui s'apprête à éclater aujourd'hui. Selon Mylène Gaulard, économiste à l'université de Grenoble, une ville comme Pékin a connu une hausse du prix immobilier moyen de 600 euros le mètre carré en 2000, à plus de 2 000 euros en 2013. Et depuis le mois d'août, les experts chinois s'accordent tous pour décrire une détérioration constante du marché immobilier, qui joue négativement sur la richesse chinoise produite cette année.

Une croissance économique qui pâtit d'un marché immobilier morose

Si la croissance de la deuxième – oui, la deuxième – puissance économique mondiale reste très élevée par rapport à la moyenne, celle-ci devrait être légèrement inférieure aux objectifs fixés par le gouvernement, qui misait sur un accroissement du PIB de 7,5 %. S'il faut remonter au premier trimestre 2009 pour trouver une croissance inférieure – 6,6 % alors que la crise financière faisait rage –, la dernière fois que la Chine n'a pas tenu ses engagements en termes de production de richesse, c'était en 1998. Si l'écart entre croissance espérée et atteinte est, certes, infime – il ferait en tout cas grandement pâlir nos pays occidentaux –, il témoigne assurément du changement de donne qui est en train de s'opérer.

C'est pourquoi les autorités chinoises ont dévoilé, fin septembre, tout une batterie de mesures propres à endiguer la chute des prix de l'immobilier. Afin de les doper, la banque centrale a prévu d'assouplir les crédits bancaires destinés aux particuliers, ceux-là mêmes dont l'essor avait gonflé la bulle immobilière. Les banques pourront également prévoir des taux préférentiels pour les clients désireux d'acheter une deuxième, voire une troisième résidence. Les établissements bancaires seront d'ailleurs beaucoup plus libres pour fixer ces taux d'intérêt, ainsi que le niveau d'apport demandé. Grâce à ces facilités, les dirigeants chinois entendent éviter le gonflement de la bulle immobilière, l'investissement immobilier, pilier de l'économie sino-communiste, représentant 15 % du PIB de la Chine.

En 2014, la croissance chinoise devrait donc être inférieure aux prévisions du gouvernement. Mais de l'avis du FMI, « un léger ralentissement est considéré comme une saine évolution » ; l'heure n'est pas encore à l'inquiétude. Cependant, les tribulations immobilières en Chine n'intéressent pas seulement son économie, mais bel et bien ses habitants eux-mêmes. Alors que les manifestations estudiantines à Hongkong s'accompagnaient à un moment de dénonciations quant à la hausse excessive des prix immobiliers sur le territoire, Pékin semble avoir bien plus que de simples points de croissance à perdre dans son combat contre la bulle immobilière.

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Consultant Export Chine

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