Covid-19 : une aubaine pour la transition énergétique ?

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Par Rédacteur Modifié le 29 novembre 2022 à 9h23
Environnement Pollution Co2 Gaz Effet Serre
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8%L'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit une baisse de 8% des émissions de CO2 en 2020.

La crise du coronavirus a entraîné une diminution des émissions de CO2, mais son impact pourrait être nul sur le long terme. Pour les experts, la baisse de la consommation doit s’accompagner d’un changement technique sur l’offre d’énergie. Toutes les techniques bas-carbone seront indispensables.

C’est une demi-bonne nouvelle pour l’environnement. Selon une étude réalisée par une équipe de chercheurs internationaux, les émissions de CO2 ont baissé de 5,8 % sur le premier trimestre 2020. La chute atteint même 8,5 % si l’on prend en compte le mois d’avril. « Cet événement n’a pas d’équivalent, c’est inégalé par rapport à n’importe quelle baisse sur les 50 dernières années », s’enthousiasme Philippe Ciais, directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et co-auteur de l’étude, qui devrait être publiée prochainement dans la revue scientifique Nature.

Un certain optimisme est également affiché par l’Organisation météorologique mondiale, qui estime que la pandémie pourrait faire baisser les émissions de carbone d’environ 6 % sur l’ensemble de l’année, tandis que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit une baisse de 8 % des émissions en 2020.

Seulement, cela reste largement insuffisant. Selon un rapport publié en septembre par l’ONU, pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, les émissions de gaz à effet de serre doivent baisser de 7,6 % chaque année entre 2020 et 2030.

Les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat sont-ils donc hors de portée ? Pas nécessairement. Pour le chercheur, le problème avec le confinement c’est qu’il ne s’est pas accompagné d’un changement technique sur l’offre d’énergie. Ainsi, « la consommation baisse, mais il n’y a pas de substitution du fossile vers les renouvelables ».

« Nous avons besoin de toutes les énergies bas-carbone »

Pour les auteurs de l’article de Nature, deux types de scénario de reprise de l’économie mondiale sont envisageables. D’un côté, un scénario « vert », caractérisé par une faible croissance des émissions de CO2 au cours des prochaines années (probablement jusqu’en 2050).

D’un autre côté, un scénario « sale », avec des économies demeurant intensives en énergies carbonées. Les émissions de CO2 suivant leur trajectoire d’avant la crise, il faudrait s’attendre à un surcroît des émissions par les combustibles fossiles cumulées de 230 Gt de CO2 entre 2020 et 2050 par rapport au scénario vert.

Afin d’éviter le pire, le développement des énergies bas-carbone se révèle indispensable. « La crise du Covid-19 nous rappelle que nous avons besoin d’une énergie fiable, à faible teneur en carbone et de préférence non basée sur la combustion », estime Atte Harjanne député du Parti vert finlandais, dans Sustainability Times.

Pour le militant écologiste, une forte croissance des investissements publics et privés est nécessaire afin de renforcer la construction de centrales éoliennes, solaires et nucléaires pour la production d’énergie primaire.

Alors que « l’attitude générale à l’égard de l’énergie nucléaire reste largement négative », M. Harjanne estime en effet que l’abandon de celle-ci « risque d’aboutir à un système énergétique fortement tributaire des combustibles fossiles ou de la combustion de la biomasse, ce qui n’entraînerait ni les réductions nécessaires des émissions de carbone et de la pollution atmosphérique ni l’amélioration de la sécurité énergétique. Cela menacerait en outre la protection de la biodiversité ».

« Associer énergies renouvelables et nucléaire »

En France, Philippe Knoche ne dit pas autre chose. Chiffres à l’appui, le directeur général d’Orano souligne que « le nucléaire est une source d’électricité aussi bas carbone que l’éolien sur son cycle de vie, plus bas que le solaire même, 40 fois moins que le gaz ».

En effet, le nucléaire émet environ 6 grammes de CO2 par kWh, soit à peine plus que l’hydraulique (4 grammes de CO2 par kWh) et bien moins que l’éolien (entre 3 et 22 grammes par kWh) et le photovoltaïque (entre 60 et 150 grammes).

Alors que les renouvelables font face à des problèmes d’intermittence et de coût, Philippe Knoche est persuadé que l’objectif de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 °C « interdit aux États de se priver des ressources apportées par l’énergie nucléaire ».

Il faut dire que les dernières nouvelles en la matière semblent lui donner raison. L’assemblage du réacteur du projet international ITER a en effet débuté mardi 28 juillet sur le site de Cadarache, à Saint-Paul-lès-Durance (Bouches-du-Rhône). Le projet devrait permettre de reproduire la réaction de fusion de l’hydrogène qui se produit naturellement au cœur du soleil.

Obtenue à partir de combustibles présents en abondance sur la terre, notamment l’eau et le lithium, l’énergie produite par la fusion de l’hydrogène serait sûre et propre. Mieux encore, elle ne générerait pas de déchets radioactifs.

Une perspective qui permet de dire, avec Philippe Knoche, que « le temps est venu d’associer énergies renouvelables et nucléaire ».

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