Nous vivons des changements sans précédent, non seulement dans le monde de l’informatique, mais aussi dans l’entreprise. Le rôle de la technologie au sein de celle-ci a évolué : auparavant cantonnée à un rôle de soutien, elle est désormais le principal vecteur de la croissance et de l’innovation.
La technologie transforme les processus existants, ainsi que les plateformes, pour les rendre plus efficaces et plus économiques, tout en contribuant à améliorer la productivité et la satisfaction des collaborateurs de l’entreprise. L’innovation ouvre également la voie à des méthodes de travail totalement inédites et crée de nouvelles opportunités, sources de revenus supplémentaires et de perspectives de développement inédites.
Bien que la technologie n’ait jamais fait autant partie intégrante de l’entreprise, la relation entre l’informatique et cette dernière ne cesse de se complexifier.
Si les avantages de la transformation numérique sont largement reconnus, la mise en œuvre de projets numériques demeure un défi, comme le révèle l’étude Insight, une enquête réalisée auprès de plus d’un millier de décideurs informatiques à travers l’Europe.
L’impératif de l’innovation
L’étude identifie quatre principaux paradigmes, parmi lesquels l’« impératif de l’innovation », c’est-à-dire l’idée selon laquelle les entreprises tirent de substantiels bénéfices de l’innovation numérique.
Trois quarts des décideurs informatiques (DI) pensent que leurs investissements numériques sont un atout et prévoient de les augmenter de pas moins d’une dizaine de millions d’euros au cours des deux prochaines années (8 millions en France). Pour l’heure, les grandes entreprises ont dépensé en Europe en moyenne environ 36 millions d'euros (27 millions d'euros en France) durant les 24 derniers mois et envisagent de porter ce montant à 47 millions d'euros (32 millions d'euros en France) au cours des deux prochaines années.
Cependant, 66 % (69% en France) des DI estiment que les départements informatiques sont voués à l’échec dans un double rôle de maintenance et d’innovation. Même si 48 % (43% en France) des participants à l’enquête affirment que les projets de transformation numérique sont financés sur un budget autonome, 38 % (34% en France) jugent disposer d’un financement insuffisant au regard de leurs objectifs. D’autres craignent qu’un manque de compétences internes ne freine la mise en œuvre de leurs projets.
Il est clair qu’en dépit d’une forte prise de conscience des avantages de la transformation numérique, les entreprises peinent à mettre en œuvre les technologies qui facilitent ce changement et à procéder aux importants investissements financiers et organisationnels qu’il exige.
L’explosion des données
Un autre paradigme identifié dans l’étude ITI – l’explosion des données – peut contribuer à expliquer ces difficultés techniques.
Près de la moitié (46 % en Europe, 48% en France) des DI déclarent que l’analytique avancée, rendue possible par l’intelligence artificielle (IA) et le Big Data, a fait partie intégrante de leurs projets de transformation numérique ces deux dernières années tandis que, pour 55 % (42% en France) d’entre eux, l’IA et le Machine Learning auront un impact majeur sur leur organisation.
Les entreprises nourrissent, par ailleurs, des préoccupations concernant le lieu de stockage de leurs données, les workloads (processus de pilotage de ces données) à faire migrer de l’infrastructure sur site vers le cloud hybride et la sécurisation des informations sensibles. L’importance de la sécurité et de la protection des données se reflète dans le fait que leur gestion et leur gouvernance représentent un défi majeur pour près de la moitié (45 %) des DI en Europe et pour 31% d’entre eux en France.
Le cloud est largement considéré comme une plateforme essentielle pour l’innovation en raison de son évolutivité et de la puissance de ses capacités. 42% (44% en France) des DI y voient l’une des technologies les plus indispensables à la transformation numérique, tout en reconnaissant qu’une aide extérieure pourrait être nécessaire à l’optimisation de leur stratégie.
Le potentiel du cloud hybride pour faciliter les projets numériques ainsi que les défis liés à sa mise en œuvre sont tels que la moitié d’entre eux en Europe pensent que les intégrateurs systèmes capables de bâtir des environnements de données hybrides auront un profond impact sur l’avenir de l’informatique. En France ce chiffre s’élève même à 56%.
L’enrichissement de l’expérience employé
45 % (49% en France) des DI déclarent que le premier objectif de leurs travaux de transformation numérique est d’enrichir l’expérience de leurs clients, les utilisateurs, tandis que 40 % ( 42% en France) citent le développement de nouveaux produits et services. Cependant, sept sur dix jugent important que l’expérience utilisateur des systèmes informatiques d’entreprise s’inspire de celle des applications grand public car cela a pour effet d’améliorer l’engagement et la productivité du personnel.
Les entreprises s’efforcent de répondre aux attentes de leurs employés souhaitant une expérience plus personnalisée, intuitive et transparente : 79 % (73% en France) d’entre elles ont offert à leur personnel des équipements « prêts à l’emploi » et 49 % ont investi dans des plateformes d’assistance en libre-service au cours des deux dernières années. En France, le phénomène est accru avec 69% des personnes ayant investi.
Les attentes des employés sont également l’un des principaux moteurs des services cloud, alors que ceux-ci demandent à pouvoir travailler partout, à tout moment, sur tout équipement et sur toutes leurs applications. Cet aspect a également une incidence sur le recrutement et la rétention des salariés : 74 % (75% en France) des DI estiment en effet que les technologies modernes sont essentielles pour attirer et conserver les talents.
Un précieux indicateur de la transformation interne de l’entreprise est la satisfaction de ses employés : 44 % des responsables interrogés en Europe et 62% en France font état d’un recul des plaintes concernant l’expérience utilisateur des technologies de leur entreprise durant les 24 mois écoulés.
Si une entreprise veut pouvoir s’engager pleinement dans la transformation numérique, il lui faut également personnaliser l’expérience de ses employés ainsi que les informations auxquelles ils peuvent accéder pour aider leurs clients internes ou externes.
La puissance de la supply chain informatique moderne
Le dernier paradigme est l’idée que l’optimisation de la supply chain peut bénéficier aux projets de transformation numérique, en réduisant les coûts et en améliorant l’efficacité opérationnelle.
72 % (77% en France) des DI reconnaissent qu’un processus optimisé d’achat, de maintenance et de renouvellement des technologies leur permettra de faire un usage plus stratégique de leur temps en canalisant leurs ressources vers des projets qui font avancer l’entreprise.
Pour 40 % (41% en France) des entreprises, une visibilité accrue sur l’achat des logiciels et de leur consommation de services Cloud contribuerait à atténuer le surdimensionnement des services de cloud public et pour 41 % (35% en France, à réduire le nombre de licences.
En particulier, le gaspillage du cloud constitue un problème. Alors que les entreprises consacrent en moyenne 33 millions d'euros (31,3 millions d'euros en France) aux services cloud chaque année, près de 10 millions d'euros (30 %) en Europe et 9.9 millions d'euros en France sur ce montant sont dépensés dans des services sous-utilisés.
La difficulté de déterminer quel type de cloud – public, privé ou hybride – se prête le mieux à un workload donné est citée comme un défi par 44 % (41%) des DI, tandis que 39 % (35% en France) citent la difficulté de prévision et d’affectation des budgets pour la consommation de services cloud comme un enjeu majeur.
Les défis à venir
Les quatre nouveaux paradigmes mis en évidence dans l’étude ITI 2019 illustrent à la fois les opportunités et les défis liés à la transformation numérique. Si celle-ci est exécutée correctement, elle peut donner aux entreprises de toutes tailles accès à de nouvelles capacités, jusque-là réservées aux plus grandes d’entre elles.
La quantité d’opportunités offertes par la transformation numérique n’a d’égal que le nombre de nouveaux défis auxquels les entreprises sont confrontées pour évoluer dans un paysage complexe de fournisseurs, produits et services. Même s’il est possible d’acquérir les compétences nécessaires par le recrutement et la formation, une aide extérieure est souvent requise pour l’optimisation des workloads et des achats.
S’il peut être tentant d’accélérer les projets de transformation au simple motif de leurs potentiels avantages de taille, les entreprises possédant une feuille de route stratégique – conçue en interne ou avec l’aide de partenaires – renforceront leurs chances de succès.
Celles qui n’ont mis en place aucun plan sont condamnées à échouer avant même de commencer.