Consommation : l’inflation pèse toujours sur les ménages

En 2024, la consommation en France est fortement influencée par la crise inflationniste qui pèse lourdement sur le pouvoir d’achat des ménages, en particulier ceux à petits revenus. Le rapport de NielsenIQ de juin 2024 offre une analyse détaillée des changements dans les habitudes que les foyers ont dû décider faute d’argent.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 18 juin 2024 à 9h41
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4,9%Selon l’Insee, en 2023, l'inflation moyenne s'est établie à 4,9%

Les Français toujours très inquiets de l’inflation

L'inflation reste une préoccupation majeure pour les Français. En décembre 2023, 77% des foyers se déclaraient inquiets ou très inquiets face à la hausse des prix. Cette inquiétude se traduit par une augmentation des dépenses annuelles moyennes des foyers en grande surface alimentaire (GSA) de 302 euros, tandis que le nombre d'articles achetés a diminué de 9 unités en moyenne​​. Les familles sont particulièrement touchées, avec une hausse des dépenses de 329 euros et une réduction de 47 articles achetés.

Pour faire face à la hausse des prix, les ménages contrôlent davantage le montant de leurs courses, quitte à revenir plus souvent en magasin. Par exemple, les dépenses par visite ont augmenté de 2,6%, tandis que le nombre d'articles achetés par visite a diminué de 4,4%. Globalement, le nombre de visites en magasin a augmenté de 3,7%.

La crise inflationniste a précipité de nombreux ménages dans une situation de précarité. Parmi les foyers les plus modestes, 53% déclarent avoir davantage sollicité d'aides alimentaires qu'auparavant. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les ménages avec des revenus inférieurs à 1500 euros par mois, notamment les familles monoparentales et les jeunes.

Inflation : le discount pour sauver le budget

Les ménages à petits revenus privilégient les magasins de proximité et les discounters (SDMP) pour leurs achats de produits de grande consommation (PGC), tandis qu'ils sont sous-représentés dans le commerce électronique​​. La proximité géographique est un critère de choix majeur, même si cela implique des prix plus élevés. Les SDMP enregistrent une augmentation de la fréquentation, avec +87% de paniers réalisés entre 2020 et 2023 et un gain de 1,7 million d'acheteurs en un an.

Les ménages à petits revenus se concentrent sur des catégories spécifiques de produits, notamment les boissons gazeuses, les pizzas surgelées, et les produits d'entretien ménager. Les marques les plus achetées par ces foyers, selon l’enquête NielsenIQ, incluent Kronenbourg, Monster, et Red Bull. Ils sont également de gros acheteurs de produits de beauté et de soins vendus en grande surface, en raison d'un accès limité aux parapharmacies et aux distributeurs spécialisés.

Les difficultés des ménages français vont continuer

L'analyse de NielsenIQ anticipe que le poids des petits revenus dans la population et dans les achats de PGC ne faiblira pas à l'avenir, en raison de plusieurs facteurs structurels et sociétaux. La séniorisation, la croissance des foyers monoparentaux, et l'évolution vers une économie de services nécessitant une main-d'œuvre large mais à faibles revenus sont des tendances clés.

L'augmentation de la flexibilité du travail, avec une part croissante de temps partiels, ainsi que les défis liés à l'employabilité des jeunes et des chômeurs de longue durée, contribueront à maintenir certains foyers dans la précarité. De plus, la difficulté de recrutement sur les postes qualifiés en usine accentue cette dynamique.

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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1 commentaire on «Consommation : l’inflation pèse toujours sur les ménages»

  • En tant que retraité, notre pouvoir d’achat a diminué d’un tiers en 6 ans. Nous sommes à mille euros avec la différence inflationniste. Il semblerait que nos retraites ne valent plus que 600 à 700 euros…

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