Le réseau social X, anciennement Twitter, est suspendu au Brésil sur ordre d’un juge de la Cour suprême du pays. Cette décision, qui intervient dans un contexte politique tendu, met en lumière le conflit entre Elon Musk et la plus haute juridiction du pays. La suspension restera en vigueur jusqu’à ce que la plateforme se conforme aux exigences du Tribunal suprême fédéral.
X (anciennement Twitter) suspendu indéfiniment au Brésil
Depuis vendredi, il est impossible pour les 22 millions d’utilisateurs brésiliens du réseau social X (Twitter) de publier, commenter ou même liker un contenu sur la plateforme. Cette suspension, ordonnée par le juge Alexandre de Moraes du Tribunal suprême fédéral (TSF), marque une étape cruciale dans le bras de fer qui oppose Elon Musk, propriétaire du réseau social, à la justice brésilienne. Le juge a donné 24 heures à l’Agence nationale des télécommunications pour mettre en œuvre cette interdiction, exigeant des fournisseurs d'accès Internet qu'ils bloquent toute tentative de connexion à la plateforme, tant sur smartphones que sur ordinateurs.
Un contexte politique explosif au Brésil
La décision du juge Moraes n’a pas surpris les observateurs. Depuis plusieurs mois, il s'était montré critique à l'égard de X, accusant la plateforme de favoriser la diffusion de fausses informations, particulièrement par des partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro. Le juge avait déjà exigé la fermeture de plusieurs comptes problématiques, ce qui avait provoqué l'indignation d'Elon Musk, défenseur fervent de la « liberté d'expression » — y compris quand il s'agit de désinformation.
La confrontation entre les deux hommes a pris une nouvelle dimension lorsque Moraes a ordonné le gel des avoirs financiers brésiliens de Starlink, une autre entreprise détenue par Musk, pour récupérer le montant des amendes impayées par X.
Cette suspension intervient à un moment politiquement sensible au Brésil. À un peu plus d'un mois des élections municipales, le juge Moraes semble vouloir prévenir toute tentative de manipulation de l'opinion publique via X. Le réseau social est devenu, ces dernières années, un espace de polarisation extrême au Brésil, reflétant les tensions entre les partisans de Jair Bolsonaro et ceux du président actuel, Luiz Inácio Lula da Silva. Le juge craint que la plateforme ne soit utilisée pour influencer les résultats des élections, exacerbant ainsi les divisions politiques déjà profondes dans le pays.
Quelle liberté d'expression sur X/Twitter ?
Elon Musk, fidèle à son style provocateur, a dénoncé cette décision, qualifiant Moraes de « pseudo-juge non élu » et accusant la justice brésilienne de tenter de museler la liberté d’expression pour des « motivations politiques ». Toutefois, sa colère et ses critiques n’ont eu aucun effet sur le magistrat, qui reste ferme dans sa volonté de réguler le contenu diffusé sur les réseaux sociaux au Brésil, en particulier à l’approche d’un scrutin crucial.
Le Brésil n'est pas le premier pays à interdire X, mais il est l'une des rares démocraties à prendre une telle mesure. La Chine, l'Iran, la Russie, et plus récemment le Venezuela, figurent parmi les nations qui ont bloqué la plateforme, mais ces interdictions sont souvent le fait de régimes autoritaires cherchant à contrôler l'information. La décision du juge Moraes pourrait ainsi être perçue comme un dangereux précédent dans un pays démocratique, soulevant des questions sur les limites de la liberté d'expression en ligne.
Pour l’instant, aucune juridiction supérieure ne semble pouvoir remettre en cause cette décision. Le blocage pourrait donc durer indéfiniment, tant qu’Elon Musk refusera de se conformer aux exigences du Tribunal suprême fédéral. Pendant ce temps, les utilisateurs brésiliens se tournent vers d'autres plateformes, comme Bluesky, qui connaît un afflux massif de nouveaux inscrits depuis l’annonce de la suspension de X. Le duel entre Elon Musk et le juge Moraes, loin d’être terminé, continue d'alimenter les débats sur l'équilibre entre régulation des réseaux sociaux et protection des libertés individuelles.