Voitures électriques en France : le déni de réalité

Qui oserait mettre en doute la volonté du gouvernement français de mettre en chantier le développement et la production de la voiture électrique en France. L’objectif fixé du « zéro carbone » devra être atteint en 2050. L’avenir de la planète en dépend. Il y va de la protection climatique, écologie au sens propre oblige.

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Par Jacques Martineau Publié le 28 novembre 2023 à 5h30
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12%12% des voitures vendues chaque année sont électriques.

La source d’énergie Électrique est française

D’abord et avant tout, faut-il encore être en mesure de produire de l’électricité ? Sur ce terrain la France a encore un sérieux avantage avec le nucléaire (75%). Une absolue continuité dans l’indécision programmée. Un retour d’au moins 12 ans en arrière et c’est reparti !

En complément du nucléaire, de nouvelles sources d’énergies qualifiées de « renouvelables » ont vu le jour. Elles contribuent au soutien de notre indépendance et à rester vigilants. L’investissement et les implantions progressent. On peut citer, l’hydraulique (12%), les éoliennes (6%), le solaire (3%), le biogaz (2%), la géothermie et la bio-thermie (2%) … Le charbon (< 1%) est en en voie d’extinction d’ici quelques années.

Le coût moyen (investissement inclus) de cette énergie produite par l’ensemble de nos sources est près de 40% inférieur au coût actuel (novembre 2023). Nos contraintes de prix sont imposées par une Union européenne, compatible par un partenaire allemand en solo profitable. Le marché européen est lié désormais au prix du gaz de schiste (GNL) importé ! L’accord Etat-EDF peut faire évoluer à la baisse.

Qu’en est-il de la production et de la vente des voitures électriques ?

Au-delà des progrès, les calculs des intérêts économiques et des profits mesurés à l’échelle occidentale ont confirmé le choix du véhicule électrique. Pour un développement industriel, les investisseurs ne pouvaient que s’en satisfaire. Pourquoi émettre des réserves et des critiques quand des décisions sont prises et qu’unanimement elles sont considérées comme aller dans le « bon sens » de protection du climat ?

Une solution s’est imposée : la voiture électrique. Comme le rappelle Cédric Bonnefoy dans Économie Matin, « l'essor de la voiture électrique est directement menacé par la forte hausse du coût des matières premières utilisées pour la fabrication de ses batteries, qui a déjà entraîné les premières hausses de prix. Sa démocratisation semble un objectif de plus en plus difficile à atteindre ».

La grande majorité des véhicules est fabriquée et importée de Chine. L’adaptabilité à faire face à cette réalité ne peut pas permettre de tenir les calendriers. Dans l’Union européenne, comme en France, c’est impossible malgré les efforts consentis.

Un simple rappel est intéressant pour comprendre : aujourd’hui le nombre de véhicules électriques vendus représente 12% des véhicules neufs par année. Au total moins d’un million en octobre 2023 à comparer aux 45 millions de véhicules particulières du parc automobile français. Le nombre de bornes électriques en forte hausse (environ 100.000) devra être multiplié par 4 au minimum avant 2030. La démonstration est suffisante.

Pour Stellantis, les voitures électriques européennes seront chinoises !

La nouvelle s’est vite propagée : Stellantis investit en Chine pour conquérir le marché européen. C’est un pari risqué peut-être mais réalisé par Carlos Tavares, son PDG. Le constructeur automobile vient d’investir dans un leader montant de l’électrique : « Leapmotor ». La technologie et le prix de revient sont ses principaux atouts. En ajoutant à cela la rapidité et la facilité de production.

Cette prise de capital est d’autant plus intéressante et pertinente pour Stellantis qu’il anticipe les retards et les difficultés européennes à produire des véhicules électriques abordables pour le grand public.

Malgré de longues et lourdes tergiversations, nos politiques européens, y compris français, renoncent à accepter un déni de réalité : la très grande majorité de nos véhicules électriques ne seront, ni français, ni européens. Quant au coût « carbone », il est préférable de ne pas en parler au dérèglement climatique !

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Après un long parcours scientifique, en France et outre-Atlantique, Jacques Martineau occupe de multiples responsabilités opérationnelles au CEA/DAM. Il devient DRH dans un grand groupe informatique pendant 3 ans, avant de prendre ensuite la tête d'un organisme important de rapprochement recherche-entreprise en liaison avec le CNRS, le CEA et des grands groupes du secteur privé. Fondateur du Club Espace 21, il s'est intéressé aux problèmes de l'emploi avec différents entrepreneurs, industriels, syndicalistes et hommes politiques au plus haut niveau sur la libération de l'accès à l'activité pour tous. Il reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre National du Mérite et pour l'ensemble de sa carrière, le ministère de la recherche le fera chevalier de la Légion d'Honneur.

5 commentaires on «Voitures électriques en France : le déni de réalité»

  • Xav33

    Vous n’évoquez pas l’implantation en Europe de nouvelles usines pour fabriquer des batteries et des voitures électriques, ni même que les prévisions de prix des voitures électriques sont en baisse très significative, ni même que le prix des batteries devrait assez rapidement descendre en dessous des 100 € le Kw (soit environ la moitié du prix pratiqué il n’y a ne serait-ce qu’il y a 3/4 ans), ou encore que des dévellopement de batteries sodium ion sans produits rares sont très prometteur. J’en oublie sans doute mais peut-être avez-vous raison…

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  • Jacques FARINE - Agence Circomplexe

    Cher Monsieur,
    Quelques remarques à propos de deux sujets essentiels que vous abordez dans votre article.

    Concernant la production d’énergie électrique, nous avons tendance à analyser l’économie de ce secteur à l’aune de nos périmètres nationaux. Or, si la nature et le déploiement des politiques énergétiques des pays de l’Union demeurent des prérogatives nationales, le marché de l’électricité, la gestion de ses flux et de sa production sont totalement intégrés dans un dispositif unique à l’échelle européenne. L’Europe électrique est une réalité économique, politique et structurelle depuis de nombreuses années. Pour faire simple, on ne parle de production nationale et d’indépendance énergétique que pour nourrir les débats nationaux et les conversations de comptoir.
    Il n’y a donc pas de « …contraintes de prix (…) imposées par une Union européenne », mais un principe de marché réglementé, consenti et accepté qui, grâce à ses règles de fonctionnement, permet à chaque habitant européen (et au-delà) de profiter d’un flux d’électricité constant et sécurisé.

    Concernant les véhicules électriques, aborder ce sujet éminemment complexe par un accord (parmi d’autres) passé entre Stellantis (15 marques automobiles, plus de 250 000 salariés pour un CA de 179,6 milliards d’€ en 2022) et un acteur de l’industrie de la batterie chinoise (CATL en l’occurrence) en sous-entendant qu’il s’agit d’un aveu d’échec industriel et de perte de souveraineté, c’est réduire une équation économique mondiale extrêmement complexe à une ligne de pensée pour le moins simpliste. Il existe de très bonnes et riches analyses techniques et politiques sur ce sujet, notamment celles produites par l’IRIS, la DGRIS, l’IFRI… que je ne peux que vous inviter à consulter et à partager.
    Ainsi, lorsque vous écrivez que « Malgré de longues et lourdes tergiversations, nos politiques européens, y compris français, renoncent à accepter un déni de réalité : la très grande majorité de nos véhicules électriques ne seront, ni français, ni européens … » c’est ignorer d’une part que l’Europe accueille une partie importante de l’activité industrielle liée à l’économie automobile électrique (investissements financiers, R&D, conception, production…) et d’autre part que, si la Chine est un acteur majeur dans ce domaine, elle est elle-même très dépendante de l’ensemble des acteurs (asiatiques, américains et européens) présent dans ce riche et puissant écosystème économique.
    Enfin (pardon) lorsque vous affirmez « Quant au coût « carbone », il est préférable de ne pas en parler au dérèglement climatique ! » c’est omettre l’existence du Green Deal qui non seulement impose de règles rigoureuses visant à répondre à ces enjeux, mais surtout installe un dispositif d’application, la taxonomie européenne, qui oblige précisément tous les acteurs de cette économie à s’aligner et à répondre aux critères nécessaires à l’atteinte des objectifs issus de l’Accord de Paris.

    Le cinéma populaire nous fait volontiers l’article d’une humanité réuni en coalition dans toute sa diversité pour affronter et combattre une adversité (en générale provenant des confins de l’univers), mais notre pire ennemi est bien la somme des externalités négatives issues de nos comportements passés. Le développement de la mobilité « Zéro Carbone » est le premier grand chantier de la mondialisation universelle. Ce projet, rendu nécessaire par les enjeux environnementaux, ne doit pas être entendu, compris ou analysé comme une énième guerre économique, mais comme celui qui va donner un sens (enfin) à la mondialisation et réunir l’ensemble des compétences humaines pour un projet d’avenir.

    En vous remerciant pour votre attention.
    Très cordialement

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    • Nicolas

      Tiens, encore un article sponsorise5par Big petroleum &co…

      Tesla réussi a partir de rien a lancer la voiture la plus vendue , électrique, et a quasi 35000€ quand les SUV  »a la mode » flirtent avec les 50 000…
      Le bilan carbone d’une électrique est radicalement sous celui des thermiques quoique vous pensiez car étant plus fiables (zéro entretien huile filtre courroie… Et seulement 2% de batteries ko) Il faut les penser non sur 100 000km mais 500 000. Donc énorme marché de l’occasion.

      Les ENR et bientôt les mini voire micron centrales nucléaires depollueront la création d’électricité, mais deja une centrale thermique a un bien meilleur rendement et en France elle est deja decarbonee.

      Les batteries sans metaux rares arrivent.

      Etc. Un siècle d’évolution des thermiques, 20 ans d’electriques : d’ici peu la première est dépassée .

      De toutes façons ils est IMPOSSIBLE de rester sur les thermiques, sauf a vouloir suicider la planète.

      A votre grand âge vous n’avez rien compris…ou  »après moi le déluge, merci j’ai bien vécu, a vous la patate (trop) chaude »?

  • Serge Rochain

    Le seul déni qui explique tout, c’est le déni a l’origine de la domination chinoise, c’est celui des constructeurs européens qui durant 10 ans ont dénigrer le VE, pire, qui l’on combattu.
    Durant ces mêmes 10 années les chinois se sont investis dans tous les aspects de VE. depuis les batteries jusqu’à la construction des VE eux mêmes. Depuis la recherche et développement jusqu’à l’industrialisation robotisée prenant 10 ans d’avance quand les constructeurs occidentaux, à l’exception de Tesla qui faisait aussi l’objet des colibets des constructeurs occidentaux, prenaient eux, 10 ans de retard.
    L’écart entre nos constructeurs et les constructeurs chinois est alors de 20 ans!
    Et c’est au même Tavares que l’on doit de se vendre en faisant croire qu’il achète un savoir faire chinois !
    Encore juste un mot sur l’indépendance énergétique, qui ne peut exister qu’en s’appuyant sur son Soleil de façon directe ou indirecte, un Soleil que personne ne peut prendre à personne et certainement pas en devant l’importer comme l’uranium de nos centrales nucléaires. Un uranium issu d’un vol à la Terre somme les d’hydrocarbures ou le charbon, une solution sans avenir car la ressource est finie et à très court terme !
    Serge Rochain

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  • Hackram

    La réalité est de pouvoir rouler en VE depuis plus de 3 ans, sans polluer, en silence, en réalisant 2500€ d’économies annuelles par rapport à une « fumante » et de me dire que nous n’en sommes qu’au début, vu les progrès spectaculaires réalisés par les constructeurs de ces véhicules.

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