Le secteur automobile traverse une phase de turbulences en début 2024, avec des défis notables en Europe et aux États-Unis, exacerbés par la fin des aides d’État et une inflation persistante.
Automobile : pourquoi ça cale pour les voitures électriques ?
Un secteur en déclin malgré un passé florissant
Le début de l'année 2024 n'est pas prometteur pour l'industrie automobile. En Europe, le mois de mars a signé le premier recul des immatriculations de voitures neuves, avec une chute notable dans le segment des véhicules électriques. « Avec seulement 134 400 nouvelles immatriculations, nous observons une baisse de 11,3% par rapport à l'année précédente », rapporte un analyste de l'industrie. La part de marché des véhicules totalement électriques a également régressé, passant de 14,6% en 2024 à 13% en mars 2023.
Aux États-Unis, les voitures électriques à batterie (BEV) peinent à séduire, en partie à cause des prix bas de l'essence et des contraintes sur le marché du crédit. En Europe, la situation n'est guère meilleure. « La fin abrupte des subventions étatiques, notamment en Allemagne, a eu un impact direct sur la demande », explique un expert du secteur. Les constructeurs de voitures électriques, tels que Volkswagen et Stellantis, tentent de compenser par des remises, sans grand succès.
La dépendance aux aides gouvernementales
La France semble faire figure d'exception, du moins temporairement. Les aides à l'achat permettent encore de soutenir le marché. « En mars, nous avons vu une augmentation de 10 % des immatriculations de véhicules électriques, boostée par le leasing social et l'anticipation de la réduction du bonus écologique », indique Éric Champarnaud, consultant chez C-Ways. Toutefois, cette hausse pourrait ne pas durer, avec la suspension prévue du leasing social jusqu'en 2025.
Ailleurs en Europe, la fin des aides impacte directement les ventes. « Le marché n'est pas encore assez mature pour se passer de ces subventions. Lorsqu'elles disparaissent, les ventes s'effondrent », commente Guillaume Pelletoux de Deloitte. Le cas allemand est symptomatique : malgré une clientèle initiale aisée et écologiquement consciente, convaincre le reste de la population reste un défi économique et politique.
L'avenir du secteur : des voitures plus abordables
Pour contrer la baisse des ventes, les constructeurs innovent. « Des marques comme Tesla ont déjà commencé à proposer des remises importantes. De même, les constructeurs européens, tels que Renault avec sa future Renault 5 et Volkswagen avec l'ID.2, prévoient de lancer des véhicules à moins de 25 000 euros », rapporte Éric Champarnaud. Ces initiatives visent à rendre les voitures électriques accessibles à un plus large public.
La baisse des prix des minerais essentiels à la production des batteries pourrait également jouer en faveur d'une réduction des coûts des voitures électriques. « Ce contexte, associé à la pression réglementaire européenne sur les émissions de CO2, pourrait bien changer la donne à moyen terme », conclut un expert du secteur. Toutefois, le succès de ces modèles économiques reste à prouver face à un marché volatile et incertain.