Etats-Unis : Vers un ralentissement conjoncturel en année électorale

Les conditions financières tendues devraient finir par peser sur la consommation en 2024, ce qui freinera la croissance à moins de 1%. Nous pensons que le recul de l’inflation facilitera l’abaissement des taux au second semestre. La course à la présidence de 2024 sera serrée. Une hausse du chômage, de probables pertes de sièges au Sénat et un conflit prolongé au Proche-Orient pourraient être autant d’obstacles pour le président sortant, Joe Biden.

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Par Samy Chaar Publié le 15 décembre 2023 à 4h00
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usa, election, 2024, croissance - © Economie Matin
3,8%le taux de chômage est passé de 3,5% à 3,8% aux Etats-Unis en août 2023.

Nous sommes très attentifs aux risques géopolitiques et financiers.

Les effets décalés d’une politique monétaire resserrée devraient ralentir l’économie américaine en 2024. Les investissements des entreprises diminuent déjà et les petites parmi elles connaissent des difficultés. Surtout, la consommation – jusqu’à présent épargnée par le relèvement des taux  – est susceptible de ralentir car les paiements d’intérêts accrus érodent les revenus disponibles, l’épargne accumulée durant la pandémie se tarit et la croissance des salaires ne suit pas l’augmentation du coût de la vie. Nous tablons sur un taux de chômage d’au moins 4% et sur une croissance inférieure à 1% en 2024. Parallèlement, la baisse des coûts du logement devrait ramener l’inflation globale dans une fourchette de 2% à 3%. Nous pensons que la Réserve fédérale américaine (Fed) introduira une première baisse de taux de 25 points de base aux alentours du mois de septembre, puis une deuxième avant la fin de l’année.

La course à la présidence qui se jouera en 2024 promet d’être serrée. Malgré le repli bienvenu de l’inflation, le ralentissement économique devrait mettre des bâtons dans les roues du président sortant Joe Biden. A noter que les Américains estiment déjà que l’économie est en mauvaise santé. Un conflit prolongé au Proche-Orient pourrait également s’avérer des plus néfastes. D’après les sondages, l’âge de Joe Biden est un désavantage de taille aux yeux des électeurs. Chez les républicains, les batailles judiciaires et les inculpations du probable candidat Donald Trump pourraient dissuader les électeurs indépendants, même si ces déboires mobilisent ses plus chauds partisans. Les Démocrates pourraient bien perdre le Sénat en 2024, ce qui donnerait lieu à un Congrès divisé si un Président démocrate était élu. Les Républicains pourraient quant à eux remporter une victoire en trois volets à la Chambre des représentants, au Sénat et à la Maison-Blanche, ce qui aurait des conséquences significatives sur l’élaboration des politiques. Pour l’instant, les membres de la Fed semblent à l’abri. Les mandats de la plupart d’entre eux, y compris celui du président, Jerome Powell, s’étendent jusqu’à 2026 ou au-delà.

Sachant que ni l’un ni l’autre des partis ne semble vouloir s’attaquer au creusement du déficit budgétaire, et que les conditions de crédit restent tendues, nous surveillerons les risques financiers et géopolitiques de très près en 2024. En l’absence de tout événement majeur, nous tablons sur une année de croissance inférieure à la tendance, avec un certain potentiel de reprise progressive une fois entamée la baisse des taux. A plus long terme, le niveau élevé des investissements publics, la puissance des consommateurs américains et une place de leader mondial de la technologie (notamment grâce au segment prometteur de l’intelligence artificielle) devraient permettre aux Etats-Unis de conserver un léger avantage par rapport aux autres économies développées en termes de croissance.

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Chef économiste, Lombard Odier

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