Trafic de drogue : jusqu’à 400 euros par jour pour les petites mains

La Cour des comptes lève le voile sur les revenus des jeunes impliqués dans le trafic de drogue à Marseille, révélant des salaires mirobolants pouvant dépasser 4 000 euros par mois. Un rapport publié le 20 octobre 2024 met en lumière une économie parallèle bien ancrée dans les quartiers Nord de la ville, où mineurs et jeunes adultes sont attirés par les promesses d’argent rapide, malgré les dangers et l’illégalité de cette activité.

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Par Grégoire Hernandez Publié le 27 octobre 2024 à 13h00
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Trafic de drogue : jusqu’à 400 euros par jour pour les petites mains - © Economie Matin
50 000 EUROSPar exemple, dans certains quartiers comme la Castellane, ce sont entre 2 500 et 3 000 clients qui viennent chaque jour, rapportant jusqu’à 50 000 euros quotidiennement aux trafiquants.

Trafic de drogue : des salaires attrayants pour des rôles risqués 

Le rapport de la Cour des comptes du 20 octobre 2024 dévoile des rémunérations alléchantes pour les jeunes engagés dans le narcotrafic à Marseille. En bas de l’échelle, les rabatteurs, chargés de diriger les clients vers les points de vente, peuvent toucher jusqu’à 120 euros par jour. Les guetteurs, qui surveillent les environs et alertent en cas de présence policière, sont mieux payés, avec des salaires allant jusqu’à 150 euros quotidiens. Pour les vendeurs, la rémunération atteint 300 euros par jour, tandis que les livreurs, eux, gagnent 1 100 euros par semaine, soit plus de 4 000 euros par mois. Ces chiffres élevés attirent de nombreux jeunes, souvent en décrochage scolaire, vers ce trafic illégal, où l’argent facile supplante l’école.

Marseille est devenue l’épicentre d’un trafic de drogue qui ne cesse de croître, malgré les efforts des autorités pour endiguer le phénomène. Si les points de vente de drogues ont diminué entre 2020 et 2023, passant de 161 à 91, le trafic a évolué. Désormais, les commandes se font de plus en plus via les réseaux sociaux et la livraison, donnant naissance au phénomène surnommé « Uber-shit ». Ce commerce prospère génère des revenus considérables pour les réseaux. Par exemple, dans certains quartiers comme la Castellane, ce sont entre 2 500 et 3 000 clients qui viennent chaque jour, rapportant jusqu’à 50 000 euros quotidiennement aux trafiquants.

Des jeunes pris au piège d’un système lucratif mais dangereux

L’un des aspects les plus préoccupants du rapport est l’ampleur de l’implication des jeunes, parfois mineurs, dans ce business. Ces adolescents, souvent en échec scolaire, voient dans le trafic une alternative attrayante à un avenir incertain. « Ces gamins sont payés pour crier 'Arrah' lorsqu’ils aperçoivent la police », témoigne Rudy Manna à France 3, porte-parole national de l’Alliance police. Avec des gains atteignant 750 euros par semaine, ces jeunes délaissent l’école pour s’engager dans un business criminel où la violence est omniprésente. En 2023, Marseille a enregistré près de 50 homicides liés au narcotrafic, illustrant la dangerosité de cette activité illégale.

Face à l’industrialisation de ce trafic, les autorités peinent à enrayer la machine. Les opérations de démantèlement des points de deal, qualifiées de « pilonnage », ont montré leurs limites. En effet, selon la Cour des comptes, ces actions déplacent parfois les points de vente sans réellement mettre un terme au commerce. La montée en puissance des ventes par livraison, disponibles 24 heures sur 24, complique encore la tâche des forces de l’ordre. De plus, l’afflux constant de jeunes recrues, encouragées par les salaires attractifs et le faible risque de condamnation judiciaire, alimente sans cesse le trafic.

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Étudiant en école de journalisme. Journaliste chez Économie Matin depuis septembre 2023.

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