C’est une décision qui va soulager de nombreux ménages : l’Assemblée nationale a voté, ce 20 novembre 2024, la prolongation de l’utilisation des titres-restaurant pour acheter des produits alimentaires en grande distribution. Ce dispositif, introduit en 2022 pour répondre à l’urgence de l’inflation, aurait dû s’arrêter fin décembre 2024.
Bonne nouvelle : les titres-restaurant prolongés pour vos courses !
Mais grâce à ce vote, les Français pourront continuer à payer leurs courses avec ces fameux titres-restaurant en 2026. Une bonne nouvelle qui, toutefois, ne fait pas que des heureux.
Les titres-restaurant pour les courses : une aide précieuse en temps de crise
Revenons sur les origines de cette mesure. En 2022, face à une inflation galopante et une flambée des prix alimentaires (+12 % en deux ans), le gouvernement a décidé d’élargir l’usage des titres-restaurant. Jusque-là, ils étaient réservés aux repas dans les restaurants ou à emporter. Avec cette dérogation, ils peuvent aussi être utilisés pour acheter des produits alimentaires non directement consommables, comme des pâtes, du riz ou de la farine, en supermarché.
Depuis 2022, une dérogation permet de les utiliser pour acheter des produits alimentaires en supermarché, une mesure introduite pour contrer la flambée des prix.
Aspect | Avant 2022 | 2022-2024 (dérogation) | 2025 (nouvelle décision) |
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Usage des titres | Restaurants uniquement | Élargi aux produits alimentaires | Identique, pour un an supplémentaire |
Produits concernés | Repas préparés | Denrées non consommables : pâtes, riz, etc. | Inchangé |
Durée de validité | Environ 1 an | Prolongé chaque année | Prolongation jusqu’à fin 2025 |
Limite quotidienne | 25 euros par jour | 25 euros par jour | Toujours en vigueur |
Pour les salariés, l’impact a été immédiat : cela leur a permis de réduire un peu leur budget courses, souvent mis à mal par la hausse des prix. Avec une valeur moyenne de 7,50 euros par titre et un plafond quotidien fixé à 25 euros, ces tickets sont devenus un outil essentiel pour faire face aux difficultés économiques. Résultat : environ 30 % des titres-restaurant sont aujourd’hui dépensés en grande surface, un chiffre qui ne cesse de croître.
Mais si cette mesure a été plébiscitée par les consommateurs, elle n’est pas sans conséquences pour d’autres acteurs économiques.
Des restaurateurs en colère contre la prolongation de l’usage détourné
Pour les restaurateurs, cette prolongation est une véritable épine dans le pied. Depuis 2022, ils estiment avoir perdu près de 550 millions d’euros de chiffre d’affaires au profit des grandes surfaces. Et le chiffre ne fait qu’augmenter. « On sacrifie les restaurateurs et les petits commerces alimentaires de détail au profit de la grande distribution », s’insurge Catherine Quérard, présidente du Groupement des Hôtelleries et Restaurations (GHR).
Les professionnels dénoncent un « détournement » de l’objet initial du titre-restaurant, conçu pour soutenir la restauration. Avec seulement 40 % des titres-restaurant encore dépensés dans les établissements de bouche, certains parlent même de « chèque-caddie ». La fracture est évidente : d’un côté, les ménages qui trouvent un soutien précieux pour boucler leurs fins de mois ; de l’autre, des restaurateurs qui voient leur activité fragilisée.
Titres-restaurant : quelles pistes pour équilibrer la mesure ?
Pour répondre à cette grogne, plusieurs propositions ont émergé lors des débats parlementaires. Parmi elles, l’idée d’instaurer un double plafond d’utilisation. Concrètement, une partie des titres-restaurant serait réservée aux grandes surfaces (par exemple, 15 euros par jour), tandis qu’une autre serait dédiée aux restaurants et petits commerces (jusqu’à 25 euros). Cette solution vise à rééquilibrer l’utilisation des titres sans en limiter l’accès pour les ménages.
Autre piste évoquée : augmenter le plafond global à 38 euros par jour, comme cela avait été fait après la pandémie de Covid-19. Cette mesure permettrait d’augmenter la flexibilité d’usage tout en maintenant un soutien conséquent aux restaurateurs. Mais pour l’heure, aucune décision concrète n’a été prise sur ces ajustements.
Titres-restaurant : une réforme en vue pour 2025
Si cette prolongation est une bonne nouvelle immédiate, elle ne marque pas la fin du débat. Laurence Garnier, secrétaire d’État chargée de la consommation, a annoncé une réforme globale du système des titres-restaurant dès janvier 2025. L’objectif ? Mieux encadrer leur usage pour répondre aux besoins des consommateurs tout en préservant l’équilibre économique avec les restaurateurs.
Les contours de cette réforme restent flous, mais plusieurs axes de travail sont déjà sur la table : une clarification des produits éligibles, un soutien renforcé aux commerces de proximité et une meilleure transparence sur l’utilisation des titres. Le gouvernement devra jongler entre des attentes parfois contradictoires pour parvenir à une solution acceptable par tous.
Pour l’heure, cette prolongation jusqu’à fin 2026 est une véritable bouffée d’air pour des millions de Français. Avec la flambée des prix alimentaires, le titre-restaurant est devenu bien plus qu’un simple moyen de paiement : c’est une aide essentielle pour absorber le choc économique.