Les titres restaurant, historiquement dédiés à la consommation dans les restaurants, ont vu leur usage élargi à l’achat de produits alimentaires en supermarché à partir de 2022. Cette décision, prise en pleine crise inflationniste, visait à soutenir le pouvoir d’achat des salariés. En effet, la guerre en Ukraine a provoqué une hausse des prix des denrées alimentaires, rendant nécessaire un soutien supplémentaire pour les ménages français. Et, de l’autre côté, les années de Covid et les confinements ont conduit les salariés à cumuler des titres restaurant en trop, faute d’avoir pu les dépenser.
Titres restaurant : pourra-t-on faire les courses avec en 2025 ?
Le plafond quotidien d’utilisation des titres restaurant avait alors été relevé à 25 euros, permettant ainsi aux salariés d’acheter des aliments non immédiatement consommables comme des pâtes, du riz, ou encore des surgelés.
Les titres restaurant pour les courses, encore en 2025 ?
Initialement prévue pour s’achever à la fin de 2023, cette mesure a été prolongée une première fois, puis une seconde en 2024. Aujourd’hui, le gouvernement envisage de maintenir cette possibilité pour toute l’année 2025. « La décision est encore en cours d’arbitrage, mais il semble probable que la mesure soit prolongée », indique une source proche de Laurence Garnier, secrétaire d'État à la Consommation, au Parisien, ce qui semble être une confirmation de l’information de RMC.
La décision officielle n’a toutefois pas été annoncée, mais ne devrait pas tarder. Les Français ayant désormais pris l’habitude de payer une partie de leurs courses avec les titres-restaurant risqueraient néanmoins de très peu apprécier la fin de la mesure. Le gouvernement, dont la popularité est loin d’être élevée, ne semble guère avoir de choix que de la prolonger.
Les restaurateurs vent debout contre une concurrence jugée déloyale
La prolongation de cette mesure est loin de faire l’unanimité, notamment au sein du secteur de la restauration. Les restaurateurs y voient une menace directe pour leur activité. Selon l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), cette extension de l’usage des titres restaurant a favorisé une "OPA de la grande distribution" sur le secteur. Le syndicat déplore une perte de parts de marché pour les restaurateurs, estimée à 6,4 points depuis l'extension de 2022, tandis que les grandes surfaces ont enregistré une progression de 8,4 points.
Ce déplacement de la consommation représente, selon l’Umih, un manque à gagner de 576 millions d’euros pour les restaurateurs et un transfert de près de 756 millions d’euros vers les grandes et moyennes surfaces. Le titre restaurant, historiquement destiné à encourager les repas pris à l'extérieur, s’est transformé, selon les termes de certains restaurateurs, en un "titre Caddie" .
Titres restaurant : le gouvernement n’a pas beaucoup de choix
Si les restaurateurs plaident pour un retour aux usages traditionnels des titres restaurant, le gouvernement, quant à lui, doit arbitrer entre les revendications de la profession et la nécessité de soutenir le pouvoir d’achat des Français. En dépit d’une inflation en baisse, les prix des denrées alimentaires restent élevés. Et, surtout, n’ont pas baissé : si la hausse des prix ralentit, ces derniers continuent d’afficher les hausses précédentes.
En outre, le mode de consommation des salariés a évolué ces dernières années. Nombre d’entre eux préparent désormais leur repas à domicile pour économiser, préférant apporter leur déjeuner sur leur lieu de travail plutôt que de fréquenter les restaurants.
Une mesure sans conséquences pour les finances publiques
Sur le plan financier, cette prolongation n’impacte pas directement les finances publiques. Le titre restaurant, étant défiscalisé, n’entraîne pas de prélèvements pour l’État. Toutefois, il représente un coût indirect pour l’économie, estimé à environ 1,5 milliard d’euros par an. Ce coût, qui repose sur l’avantage fiscal consenti aux salariés, est toutefois considéré comme un levier important pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages en période de hausse des prix.
À moyen terme, le gouvernement envisage de réformer en profondeur le dispositif des titres restaurant. Parmi les pistes à l’étude, la dématérialisation complète des titres, ainsi qu’une possible différenciation des plafonds entre les dépenses en restaurants et en supermarchés. L’objectif affiché serait de mieux adapter le système aux nouveaux comportements de consommation des Français.