Tesla : le boycott fonctionne, les ventes divisées par deux en Europe

Les lignes de production ronronnent, les investisseurs retiennent leur souffle et les clients détournent le regard. L’empire fondé par Elon Musk traverse une turbulence d’ampleur sur le Vieux Continent. Que s’est-il passé pour que la marque la plus iconique de la voiture électrique trébuche ainsi dans son fief de croissance européen ?

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 25 mars 2025 à 6h45
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elon musk, tesla, perte, licenciement, milliardaire, voiture électrique - © Economie Matin
870 MILLIARDS $La valorisation de Tesla est tombée à 870 milliards de dollars en mars 2025.

Le 24 mars 2025, plusieurs indicateurs ont confirmé ce que l’industrie automobile redoutait depuis des semaines : Tesla, symbole mondial de la mobilité électrique, voit ses ventes dévisser brutalement en Europe. Selon des données compilées par la plateforme JATO Dynamics et relayées par les plus grandes publications économiques, la firme californienne accuse une baisse spectaculaire de ses immatriculations de véhicules. Cette chute vertigineuse s’accompagne d’un recul de sa part de marché et d’une montée en puissance fulgurante de ses rivaux européens et chinois. Le coup est rude, les causes multiples, les conséquences potentiellement désastreuses.

Tesla balayée sur le marché européen : l’hémorragie des ventes

Les chiffres sont sans appel. En février 2025, Tesla a vendu moins de 16 000 véhicules dans l’ensemble des 25 pays de l’Union européenne, du Royaume-Uni, de la Norvège et de la Suisse. À titre de comparaison, elle en avait écoulé plus de 28 000 en février 2024. Cette baisse de 44 %, confirmée par JATO Dynamics, s’inscrit dans une tendance déjà amorcée en janvier, où Tesla avait vu ses ventes chuter de 45 % sur un an.

La part de marché de la marque dans les voitures électriques à batterie (BEV) est tombée à 9,6 %, contre 21,6 % l’année précédente, selon The Guardian. Sur le marché global de l’automobile européenne, elle ne pèse désormais plus que 1,8 %.

Pendant ce temps, la concurrence s’en donne à cœur joie. Volkswagen a vu ses ventes de voitures électriques bondir de 180 %, atteignant près de 20 000 unités en février. BMW et Mini combinés en ont écoulé près de 19 000, et même les nouveaux venus chinois tels que BYD (+94 %) ou Polestar (+84 %) dépassent désormais Tesla.

Le boycott de Tesla en Europe est la faute d’Elon Musk

Pourquoi un tel effondrement ? Les causes sont multiples et interconnectées, mais un élément central domine : Elon Musk lui-même.

Depuis son engagement public dans l’administration Trump, l’homme fort de Tesla a multiplié les polémiques sur le sol européen. Il a été accusé de soutenir le parti d’extrême droite allemand AfD, de participer à des rassemblements conservateurs avec une “tronçonneuse de la démocratie”, d’avoir fait un salut Nazi ou encore et de dénoncer des dirigeants britanniques dans des affaires sensibles, comme l’a rapporté The Guardian.

Conséquence directe : un boycott implicite semble émerger parmi les consommateurs européens, jusqu’ici friands de la marque. Selon l’analyse de JATO Dynamics relayée par Reuters, « les marques avec une gamme réduite comme Tesla sont particulièrement vulnérables à des baisses d’immatriculations lorsqu’elles changent de modèle ». Car au même moment, Tesla procède à un retrait progressif du Model Y, son modèle phare, en vue d’un relancement. Résultat : l’offre se contracte, les acheteurs reportent leurs achats et la concurrence s’engouffre dans la brèche.

Pendant que Tesla vacille, l’Europe électrise sa propre ambition

Ironie du sort, les ventes globales de véhicules électriques en Europe explosent : +25 % en février selon les chiffres de l’Association des Constructeurs Automobiles Européens (ACEA). Les modèles électrifiés (BEV, HEV, PHEV) représentent désormais 58,4 % des immatriculations sur le continent.

Dans ce contexte porteur, la déconfiture de Tesla n’en est que plus visible. Le marché est là. Les consommateurs aussi. Ce qui change, c’est l’image de la marque, devenue toxique pour une frange croissante d’acheteurs européens. Et pendant que Tesla se débat dans une crise d’image et de stratégie, BYD dépasse les 100 milliards de dollars de chiffre d’affaires, s’emparant du titre de premier constructeur électrique mondial.

Tesla peut-elle rebondir ou s’effondrer définitivement en Europe ?

Les signaux sont au rouge, mais le match n’est pas terminé. Tesla bénéficie encore d’une valorisation boursière colossale — 780 milliards de dollars — malgré une chute de plus d’un tiers depuis janvier 2025.

Elle conserve aussi une base fidèle au Royaume-Uni, où ses ventes ont progressé de 21 % en février 2025, portée par le succès du Model 3 et du Model Y. Mais cette exception confirme la règle : Tesla est en crise en Europe.

Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint. Après son Master de Philosophie, il s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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