La Chine contrôle presque tout le marché des terres rares. Ces métaux indispensables aux moteurs électriques, aux éoliennes et aux nouvelles technologies sont extraits, raffinés et vendus sous sa coupe. L’Europe, elle, est dépendante. Mais peut-être plus pour longtemps. Ce 17 mars 2025, une première pierre est posée à Lacq, dans les Pyrénées-Atlantiques. Une usine unique en son genre, capable de recycler et raffiner ces matériaux stratégiques. Derrière ce projet, la start-up lyonnaise Carester, soutenue par des investisseurs japonais.
Une usine pour recycler et raffiner les terres rares voit le jour, une première en France et en Europe !

Terres rares : une production unique en dehors de la Chine
Lacq, ancien site gazier de TotalEnergies près de Pau, semblait tout désigné pour accueillir cette usine. Depuis l’arrêt de l’exploitation du gaz en 2013, la zone a entamé une reconversion industrielle avec plusieurs projets, dont celui de biocarburant E-CHO. Avec une infrastructure déjà adaptée aux activités chimiques et classée Seveso seuil haut, le site répond aux exigences techniques du raffinage et du recyclage des terres rares.
L’usine occupera une superficie de cinq hectares et bénéficiera d’un investissement de 216 millions d’euros, financé en partie par l’État français (106 millions d’euros) et par une co-entreprise japonaise, la Japan France Rare Earth Company, qui apporte 110 millions d’euros.
Caremag, filiale de Carester, se distingue en devenant le premier recycleur européen de terres rares. Jusqu’à présent, l’Europe restait largement dépendante des importations chinoises pour ces matériaux, qui sont utilisés dans les moteurs électriques, les éoliennes, la robotique et l’électronique.
Le site prévoit de recycler chaque année 2 000 tonnes d’aimants issus de la production industrielle et de traiter 5 000 tonnes de concentrés miniers. Grâce à cette double approche, l’usine atteindra une production de 800 tonnes de terres rares légères et 600 tonnes de terres rares lourdes, soit 15 % de la production mondiale actuelle. Parmi ces matériaux figure le néodyme, le praséodyme, le dysprosium et le terbium, des éléments essentiels pour les aimants permanents.
Un chantier qui s’accélère
L’industrie automobile suit de près ce projet, et Stellantis figure déjà parmi les premiers clients. Avec l’électrification du secteur, les besoins en terres rares explosent. Les éoliennes, autre secteur clé de la transition énergétique, sont également concernées.
En garantissant un approvisionnement local, Caremag pourrait permettre aux industriels européens de réduire leur vulnérabilité face aux tensions commerciales et géopolitiques. L’annonce du projet a d’ailleurs mobilisé plusieurs membres du gouvernement français et japonais, signe de l’importance stratégique de l’initiative.
Les travaux de construction devraient s’achever d’ici à l’automne 2026, pour une mise en service prévue fin 2026 ou début 2027. L’usine créera 92 emplois directs, renforçant ainsi le tissu industriel local.
En parallèle, d’autres projets émergent en Europe. La start-up MagREEsource, par exemple, a inauguré en 2024 en Isère une usine-test de production d’aimants permanents à partir de matériaux recyclés. À La Rochelle, Solvay prépare aussi le lancement de la production d’oxydes de terres rares.