Lilium a échappé de peu à la liquidation. Le fabricant allemand de taxis volants électriques a annoncé, le 24 décembre 2024, avoir trouvé un repreneur. Un joli cadeau de Noël pour ses salariés restants.
Taxis volants : les salariés de Lilium reçoivent un joli cadeau de Noël
Ce sauvetage marque la fin d'une période particulièrement tumultueuse pour Lilium. À court de liquidités, l'entreprise avait déclaré faillite en octobre 2024, licenciant 750 de ses salariés au début du mois de décembre, soit la quasi-totalité de ses effectifs.
Un repreneur in extremis pour Lilium
Fondée en 2015 en Bavière, Lilium s’est imposée comme l’une des entreprises les plus innovantes d’Allemagne grâce à son projet de taxis volants électriques à décollage vertical (eVTOL). Un consortium d’investisseurs européens et nord-américains, dont les détails restent inconnus, opérant sous le nom de Mobile Uplift Corporation GmbH, s'est positionné pour reprendre les actifs de Lilium pour un montant, lui aussi, tenu secret.
Klaus Roewe, directeur général de l’entreprise, s’est montré particulièrement optimiste : « La clôture de cet accord début janvier 2025 nous permettra de relancer nos activités », assure-t-il, laissant entendre que les salariés licenciés au mois de décembre 2024 pourraient réintégrer Lilium.
Des ambitions freinées par les réalités financières
Lilium, tout comme le groupe ADP avec Volocopter, voulait révolutionner le transport urbain avec ses taxis volants électriques : les Lilium Jets pour Lilium. Ces engins futuristes, capables de transporter 4 à 6 personnes sur 175 km à une vitesse de 250 km/h, ont rapidement attiré les grands investisseurs. Tencent, le géant chinois, et Palantir, le mastodonte américain, ont cru au rêve. Résultat : 1,5 milliard d’euros levés depuis la création de l’entreprise en 2015.
Mais derrière ces chiffres mirobolants, une réalité plus sombre : l'entreprise n'a plus aucune liquidité. En 2023, Lilium affichait un déficit de 389 millions d’euros… sans avoir généré le moindre euro de chiffre d’affaires. Selon le quotidien économique allemand, Handelsblatt, le refus des députés allemands d’accorder une garantie publique de 50 millions d’euros a été un tournant décisif, tout en alimentant une vive polémique. D’un côté, certains, comme le chef du gouvernement bavarois Markus Söder, ont critiqué l’absence de soutien public, arguant que « la créativité allemande se délocalise ». De l'autre, le quotidien Süddeutsche Zeitung estime que Lilium a souffert d’une incapacité à « fournir des résultats concrets après des années de financement ».
Plus de 700 précommandes
Le sauvetage de Lilium s’inscrit dans un secteur aéronautique en pleine mutation. Les défis technologiques et environnementaux sont immenses. Pour Lilium, le problème reste le même : concrétiser ses promesses. Malgré des années de financement, l’entreprise peine à prouver que sa technologie est prête à décoller. Cela dit, certains projets notables témoignent de sa détermination, comme une usine de fabrication et d'assemblage de batteries en France, un investissement qui reflète sa volonté de s’ancrer dans une dynamique industrielle européenne.
Lilium conserve a un atout majeur : son carnet de commandes. L’entreprise a enregistré une centaine de commandes fermes, dont 50 émanant de la compagnie saoudienne Saudia, ainsi qu’environ 700 précommandes à travers le monde. Patrick Nathen, cofondateur de Lilium, résume parfaitement l’enjeu : « On ne peut pas investir seulement quand le risque est nul. » Sauvetage ou sursis ? Le cas de Lilium illustre les défis auxquels sont confrontées les startups innovantes dans des secteurs à forte intensité technologique, un problème structurel propre à l’Europe.