Le débat sur la taxe des produits sucrés prend de l’ampleur en France. Le 16 octobre 2024, un rapport de l’Institut Montaigne, soutenu par des figures importantes de la grande distribution et de l’industrie agroalimentaire, a mis en avant l’idée de taxer plus fortement les produits sucrés afin de financer un chèque alimentaire de 30 euros par mois. Objectif : lutter contre la précarité alimentaire et à encourager une alimentation plus saine, principalement pour les ménages les plus modestes, souvent victimes d’une alimentation déséquilibrée.
Taxer les produits sucrés contre un chèque fruits et légumes ?
Taxe contre chèque : un projet porté par les géants de la distribution
Dominique Schelcher, PDG de Coopérative U, accompagné de Cécile Béliot (groupe Bel) et Bruno Vaquette (Sodexo), est l’un des principaux défenseurs de cette taxe. L’idée est simple : augmenter la TVA sur les produits les plus sucrés pour générer des recettes permettant de financer un chèque alimentaire dédié exclusivement à l'achat de fruits et légumes.
Les trois dirigeants estiment que cette mesure pourrait générer environ 1,2 milliard d'euros par an, ce qui permettrait d’aider les 4 millions de Français les plus précaires.
Pourquoi taxer les produits sucrés ?
Les arguments en faveur de cette taxe sont doubles : santé publique et justice sociale. Le sucre est un élément omniprésent dans l'alimentation moderne, en particulier dans les produits transformés. Or, selon l'Institut Montaigne et de nombreuses études, les ménages les plus modestes consomment deux fois moins de fruits et légumes que le reste de la population, mais davantage de produits sucrés et transformés. L’objectif de cette taxe est de décourager la consommation de ces produits nocifs pour la santé tout en aidant les plus démunis à accéder à des produits frais et sains.
En augmentant la TVA sur les produits sucrés, les décideurs espèrent réduire la consommation excessive de sucre, qui est l’une des principales causes d’obésité. Dominique Schelcher a également souligné qu'un enfant de huit ans aujourd'hui a déjà consommé autant de sucre que ses grands-parents au cours de toute leur vie. Une situation très inquiétante qui justifie des mesures radicales pour inverser la tendance.
Les avantages pour la consommation et la santé
En plus de générer des recettes fiscales, cette taxe vise à provoquer un changement de comportement chez les consommateurs, en les incitant à réduire leur consommation de sucre. Les résultats d'études réalisées en Angleterre ont montré qu’une telle taxation a effectivement permis une réduction significative de la consommation de sucre, notamment chez les enfants et les jeunes adultes.
Inversement, le chèque alimentaire de 30 euros par mois, soit 360 euros par an s’il est versé toute l’année, permettrait aux familles de mieux manger, en particulier dans les foyers modestes où l'accès aux fruits et légumes frais est souvent restreint en raison de leur coût.
Une aide alimentaire ciblée et temporaire
La proposition de chèque alimentaire serait temporaire, avec une évaluation prévue en 2027 pour décider de sa prolongation. Ce chèque serait réservé à l’achat de produits frais et sains, à savoir des fruits et légumes, pour permettre aux foyers les plus précaires de suivre les recommandations nutritionnelles de santé publique.
Les initiateurs de cette taxe estiment en effet qu’il ne suffit plus d’informer les consommateurs sur les dangers du sucre. Des politiques publiques plus fermes et globales sont nécessaires pour réellement modifier les habitudes alimentaires. L’idée est d’agir à travers la fiscalité, en suivant l'exemple des pays où des mesures similaires ont déjà été mises en place.