Tabac : les ventes baissent, les recettes fiscales partent en fumée

Les ventes de tabac en France connaissent une baisse continue… qui est une bonne nouvelle pour la santé publique. La raison ? Une prise de conscience de la part des consommateurs mais, surtout, une forte augmentation des prix des paquets de cigarettes. Une situation recherchée par le gouvernement, mais qui crée un manque à gagner conséquent pour les finances publiques.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 30 juillet 2024 à 10h26
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tabac, impôt, recette, fiscale, france, argent, baisse, vente, santé - © Economie Matin
12,50 EUROSLe paquet de Marlboro Red coûte 12,50 euros en France

En 2024, le ministère de l'Économie estime que la perte de recettes fiscales du tabac atteindra 400 millions d'euros. Un problème à l’heure où le budget de la France est scruté par Bruxelles. Le déficit français, au-dessus des 3% prévus par le Pacte de Stabilité de l’Union européenne, fait même l’objet d’une procédure officielle et pourrait conduire à des sanctions.

La baisse des ventes de tabac se poursuit sur fond d’augmentation du prix

Depuis plusieurs années, la France applique une politique de hausse progressive des prix des cigarettes dans le but de réduire la consommation de tabac. En janvier 2024, le prix du paquet de Marlboro rouge, référence du secteur, est passé de 11,5 à 12,5 euros. Résultat : une forte baisse des ventes. Selon les données des douanes, les buralistes ont vendu 650 millions de paquets au premier trimestre 2024, soit 100 millions de moins qu'à la même période en 2023.

Cette tendance à la baisse s'explique par plusieurs facteurs. D'une part, les campagnes de sensibilisation sur les dangers du tabagisme semblent porter leurs fruits, notamment chez les jeunes. D'autre part, de nombreux fumeurs se tournent vers les produits de contrebande ou achètent leur tabac à l'étranger, où les prix sont souvent plus attractifs. Espagne, Allemagne, Italie, Luxembourg… tous ces pays frontaliers ont un prix moins élevé que la France.

Les buralistes eux-mêmes pointent du doigt cette tendance qui est exacerbée en cette année 2024 puisque la France a dû lever son interdiction totalement illégale d’importer plus de 1 cartouche de cigarette depuis un autre pays européen.

La baisse des ventes de tabac : un manque à gagner pour les finances publiques

La baisse des ventes de tabac a des répercussions directes sur les recettes fiscales de l'État. En 2024, les droits de consommation sur les produits du tabac devraient rapporter 13,2 milliards d'euros, soit 400 millions de moins que les prévisions initiales. À cela s'ajoute une moindre rentabilité des ventes de tabac à rouler et un ralentissement de l'inflation. Bercy avait initialement prévu des recettes fiscales de 13,6 milliards d'euros pour 2024, légèrement supérieures à celles de 2023, mais en réalité, les prévisions ont dû être revues à la baisse.

Cette situation complique la tâche du gouvernement, qui doit trouver 25 milliards d'euros d'économies pour respecter ses engagements budgétaires auprès de la Commission européenne. Selon Bercy, la baisse des recettes fiscales du tabac est d'autant plus préoccupante que ces revenus représentaient un apport non négligeable pour les finances publiques. En 2020, les confinements liés à la crise sanitaire avaient permis à l'État de récolter un record de 14,4 milliards d'euros en taxes sur le tabac, grâce à la fermeture des frontières qui avait contraint les fumeurs à acheter leurs paquets en France.

Le coût social du tabac : un enjeu de santé publique

Au-delà de l'impact économique, la consommation de tabac représente un coût social considérable pour la société française. Selon une étude du Haut Conseil de la santé publique, le coût social du tabac en France s'élève à 156 milliards d'euros par an. Ce montant inclut les dépenses de santé, les pertes de productivité, et les décès prématurés liés au tabagisme. Rien qu’en 2023, le tabac a coûté à l'État plus de 1,6 milliard d'euros en soins de santé.

La lutte contre le tabagisme est donc un enjeu de santé publique majeur. Les politiques de hausse des prix et les campagnes de prévention visent à réduire la consommation de tabac, mais elles doivent être accompagnées de mesures pour lutter contre la contrebande et soutenir les buralistes, qui jouent un rôle clé dans la distribution contrôlée de tabac. Et, désormais, de mesures pour renflouer les caisses de l’État...

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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