Stellantis : l’Italie menace de retirer les subventions à la nouvelle mégausine

Le gouvernement italien, par la voix de son ministre des Entreprises et du Made in Italy, Adolfo Urso, a lancé un nouvel ultimatum à Stellantis, menaçant de retirer les financements publics prévus pour la construction de la gigafactory de Termoli. Ce projet phare, soutenu par l’Union européenne, est aujourd’hui au centre d’une crise entre Rome et le géant de l’automobile.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 26 août 2024 à 9h40
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6%Stellantis a vu son chiffre d'affaires grimper de 6% en 2023.

Les promesses de Stellantis : une nouvelle usine qui ne sort pas de terre

En juin 2024, Stellantis annonçait la suspension de deux de ses trois projets de gigafactories en Europe, dont celui de Termoli, en Italie. Ce site, prévu pour produire des batteries pour véhicules électriques, devait initialement être opérationnel d'ici 2026. Le projet représentait un investissement colossal de 2 milliards d’euros, dont 370 millions d’euros de fonds publics issus du plan de relance post-COVID de l’Union européenne.

Le groupe Stellantis, né de la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, s’était engagé à transformer l’ancienne usine de moteurs de Termoli en une gigafactory de pointe, visant à soutenir la transition énergétique de l'industrie automobile italienne. Avec Mercedes-Benz et TotalEnergies comme partenaires dans la coentreprise ACC, Stellantis devait renforcer la production nationale et assurer la compétitivité de l’Italie sur le marché européen des véhicules électriques.

Les raisons de la colère : des retards qui coûtent cher

Malgré les promesses initiales, la réalisation de la gigafactory de Termoli a été mise en suspens, officiellement en raison d’un ralentissement de la demande pour les véhicules électriques et d’une réévaluation stratégique vers des batteries moins coûteuses de type LFP (lithium-fer-phosphate). Cette décision a rapidement provoqué l’ire du gouvernement italien.

Adolfo Urso, exprimant la frustration de l'exécutif italien, a clairement indiqué lors de la Rencontre catholique pour l’amitié entre les peuples tenue le jeudi 22 août 2024 que Stellantis devait prendre une décision immédiate concernant la poursuite du projet, faute de quoi les financements publics seraient réaffectés à d'autres projets industriels. Le ministre a souligné l'importance de ce projet pour l’avenir de l'industrie automobile en Italie, rappelant que le gouvernement avait déjà fait des concessions, notamment en assouplissant la norme Euro 7 pour soutenir Stellantis.

L’ultimatum de Rome : une pression sans précédent

Lors de la conférence de Rimini du 22 août 2024, Adolfo Urso a lancé un ultimatum à Stellantis, exigeant une réponse rapide. « Le gouvernement a fait sa part, mais Stellantis non », a-t-il déclaré, mettant en garde contre les conséquences d'une nouvelle défaillance de l'entreprise. En l'absence d'un engagement clair dans les heures suivant cette déclaration, le ministre a menacé de retirer les 370 millions d'euros d'aides publiques alloués au projet.

Cet ultimatum s'inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre Stellantis et le gouvernement italien. Rome reproche depuis longtemps au constructeur de privilégier les productions à l’étranger au détriment de l’industrie italienne, mettant en péril des milliers d’emplois et fragilisant tout un écosystème industriel.

Une tension persistante : Stellantis face à ses responsabilités

Stellantis a tenté de calmer la situation en affirmant que des améliorations étaient en cours pour le projet de Termoli, notamment l'introduction de nouvelles technologies pour la production de cellules et de modules de batteries. Toutefois, ces annonces restent floues et n'ont pas suffi à apaiser les inquiétudes du gouvernement italien, qui exige des engagements plus fermes.

Le ministre Adolfo Urso n'a pas hésité à évoquer la possibilité d'introduire des constructeurs chinois sur le marché italien si Stellantis ne respecte pas ses engagements. En effet, quatre mémorandums d'entente ont déjà été signés avec des acteurs chinois prêts à investir en Italie, ce qui pourrait constituer une alternative à la collaboration avec Stellantis.

Le spectre d’une rupture : quelles perspectives pour l’avenir ?

La crise actuelle entre Stellantis et le gouvernement italien soulève des questions fondamentales sur l'avenir de l'industrie automobile en Italie. Si Stellantis ne respecte pas ses engagements, l'Italie pourrait se tourner vers d'autres partenaires, y compris des acteurs chinois, pour garantir la pérennité de son industrie automobile.

Le projet de gigafactory de Termoli, pourtant central pour la stratégie industrielle italienne, est aujourd'hui en péril. L’ultimatum posé par Adolfo Urso place Stellantis dans une situation délicate. La balle est désormais dans le camp du constructeur, qui doit rapidement prendre des décisions stratégiques pour éviter une rupture définitive avec le gouvernement italien. Quelles que soient les issues, l’avenir de la gigafactory de Termoli restera un point de tension majeur dans les relations entre Rome et Stellantis.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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