Spotify augmente ses tarifs, à qui la faute ?

La plateforme de streaming musical Spotify augmente ses tarifs en France ce mardi, rendant l’abonnement Premium le plus cher d’Europe.

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Par Léopold Aubin Publié le 2 juin 2024 à 10h30
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spotify-internet-musique-abonnement-20240206 - © Economie Matin

Une augmentation tarifaire liée à la taxe streaming

Depuis mardi 28 mai, les abonnés français à Spotify doivent faire face à une hausse des prix. Le tarif de l’abonnement Premium est passé de 10,99 euros à 11,12 euros par mois. L'abonnement familial a augmenté de 22 centimes pour atteindre 18,21 euros, tandis que le forfait étudiant est passé à 6,06 euros, soit une augmentation de 7 centimes. Cette décision fait suite à l’adoption par le Parlement français d’une « taxe streaming » dans le cadre du budget 2024.

La taxe streaming, mise en place pour financer le Centre national de la musique (CNM), impose aux plateformes de streaming musical une contribution de 1,2 % de leur chiffre d’affaires en France. Créé en 2020, le CNM vise à soutenir la filière musicale française de manière similaire au CNC pour le cinéma. En conséquence, Spotify a déclaré ne pas avoir d’autre choix que de répercuter cette taxe sur ses utilisateurs français.

Une situation économique complexe pour Spotify

La plateforme, qui comptait 236 millions d’utilisateurs payants au niveau mondial au 31 décembre, a enregistré une perte globale de 532 millions d’euros l’an dernier. Depuis sa création, Spotify n’a jamais réussi à être rentable sur une année entière. Face à la nouvelle taxe, la société suédoise a d’abord réduit son soutien aux festivals français tels que les Francofolies et le Printemps de Bourges, ainsi que certains budgets marketing.

La stratégie de Spotify ne consiste pas à diminuer le montant reversé aux ayants droit français (éditeurs, labels, auteurs), mais à ajuster le prix des abonnements. En novembre dernier, la plateforme avait annoncé une modification du calcul de la rémunération des artistes pour mieux valoriser la création, promettant environ 1 milliard de dollars de revenus supplémentaires aux artistes émergents et professionnels au cours des cinq prochaines années. En 2023, Spotify a reversé 253 millions d’euros aux ayants droit français contre 225 millions en 2022.

Conséquences pour les utilisateurs français

La hausse des tarifs pourrait avoir des répercussions sur le nombre d’abonnés en France. Selon une étude annuelle de Bearing Point sur les dynamiques d’abonnements des Français aux offres numériques culturelles, la tendance inflationniste commence à se faire sentir dans ce secteur. Cette situation pourrait pousser certains utilisateurs à se désabonner en cas de nouvelle augmentation des prix. Le Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) souligne déjà que la croissance du nombre d’abonnés aux services payants en France est l’une des plus faibles parmi les principaux marchés de l’industrie musicale, avec un taux de pénétration de seulement 16 %.

Spotify espère que cette légère augmentation de 1,2 % n’affectera pas de manière significative sa base d’utilisateurs en France. Cependant, le risque de ralentissement de la croissance des abonnés reste présent. « Le modèle économique de Spotify repose sur un équilibre fragile, et toute variation tarifaire doit être soigneusement calculée pour éviter des pertes d’utilisateurs », explique un porte-parole de la plateforme.

Un défi pour l’avenir de la musique en streaming en France

La nouvelle taxe streaming et l’augmentation des tarifs soulèvent des questions sur l’avenir de la musique en streaming en France. Les plateformes devront trouver un équilibre entre le financement de la filière musicale française et la satisfaction des utilisateurs. Pour Spotify, cela pourrait signifier des ajustements continus des prix et des stratégies marketing afin de maintenir sa position sur le marché français.

Les résultats de cette initiative seront observés de près par l’industrie musicale mondiale, cherchant des solutions pour une répartition équitable des revenus entre les plateformes, les artistes et les consommateurs.

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