SNCF : les syndicats alertent (encore) sur l’état délabré des Ouigo

Infestations d’insectes, pannes récurrentes, toilettes condamnées : les syndicats de la SNCF dénoncent un modèle Ouigo à bout de souffle. Entre inquiétudes pour la sécurité des voyageurs, possibles problèmes sanitaires et critiques sur la gestion de ce service à bas coût, la polémique enfle.

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Publié le 7 janvier 2025 à 5h25
SNCF : les syndicats alertent (encore) sur l’état délabré des Ouigo
SNCF : les syndicats alertent (encore) sur l’état délabré des Ouigo - © Economie Matin
5%En 2023, les tarifs de la SNCF ont augmenté de 5% en moyenne.

Le 6 janvier 2025, les syndicats de la SNCF ont publié un communiqué accablant sur l’état des rames Ouigo. Ces trains à bas prix, lancés en 2013, subissent selon eux une dégradation continue depuis plusieurs années, à tel point qu’ils sont désormais qualifiés d’« épaves ». L’usure avancée du matériel et les tensions sociales relancent le débat sur les limites du modèle low-cost appliqué au ferroviaire.

Les trains Ouigo de la SNCF : des rames devenues « épaves »

Depuis 2022, l’état des rames Ouigo inquiète les syndicats de cheminots. Selon eux, les dysfonctionnements sont nombreux et mettent en péril à la fois la sécurité des passagers et la qualité du service. Toilettes condamnées, pannes fréquentes et retards chroniques viennent s’ajouter à des problèmes d’hygiène graves. Des signalements répétés font état de cafards et de punaises, y compris dans les espaces voyageurs.

Le communiqué de l’intersyndicale CGT-UNSA-Sud Rail ne mâche pas ses mots : les rames Ouigo sont des « épaves » dont l’état se détériore chaque jour davantage. La direction de la SNCF est accusée de négligence et de privilégier une logique financière au détriment de la sécurité et du confort des usagers. « Cela fait plus de deux ans que l'état de nos rames Ouigo se dégrade sensiblement », soulignent les cheminots en ce début d’année 2024. Et, en effet, en 2022 déjà l’alerte était lancée, sans réaction de la part de la SNCF.

Un exemple récent illustre cette situation : en novembre 2024, une rame a dû être immobilisée en urgence après la détection d’un problème mécanique grave. Des boulons défectueux menaçaient de provoquer un accident, selon des techniciens. « L'inquiétude va s'avérer justifiée. En effet, le mauvais état des essieux constaté par l'équipe technique du soir était tel que celle-ci a dû retirer les boulons à la main à la place de la machine prévue à cet effet. Ainsi, la circulation du train était dangereuse, le risque de déraillement élevé. »

Un modèle économique sous pression : le succès de Ouigo en signera-t-il la perte ?

Le modèle Ouigo repose sur une logique de rentabilité maximale, avec des prix attractifs et des coûts réduits. Cette stratégie, si elle a permis d’attirer de nombreux passagers, montre aujourd’hui ses limites. Les rotations intensives des rames, combinées à une maintenance minimale, ont entraîné une usure accélérée du matériel. « Le paroxysme de cette situation a été atteint fin novembre avec sept rames Ouigo simultanément indisponibles », soulignent les syndicats de la SNCF dans leur communiqué du 6 janvier 2025.

Pour les syndicats, cette course à l’économie fragilise tout le système. Les agents se retrouvent à gérer des trains vétustes, tandis que les voyageurs subissent un service de plus en plus aléatoire. Les retards, suppressions de trajets et conditions d’hygiène indignes deviennent monnaie courante.

La situation actuelle dévoile un écart criant entre les promesses initiales et la réalité. Lorsque Ouigo a été lancé en 2013, il était présenté comme une alternative économique sans compromis sur la qualité. En 2025, cette ambition semble compromise.

Quels risques pour les voyageurs et le personnel ?

Les syndicats alertent sur les dangers que représente l’état des rames Ouigo. Pour les passagers, les conditions d’hygiène déplorables et les pannes fréquentes génèrent un inconfort considérable, mais aussi des risques sanitaires. La présence de nuisibles, signalée à plusieurs reprises, illustre le manque d’entretien.

Sur le plan de la sécurité, les incidents techniques se multiplient. Le problème des boulons défectueux, révélé en novembre 2024, est emblématique des carences dans la maintenance. Ces dysfonctionnements pourraient, selon les syndicats, conduire à des accidents graves si des mesures immédiates ne sont pas prises.

Le personnel, lui aussi, est confronté à des conditions de travail dégradées. Les agents doivent composer avec des trains en mauvais état, tout en faisant face aux plaintes croissantes des usagers.

La réponse de la SNCF : pas de risque pour les voyageurs

Interrogée sur ces accusations, la direction de SNCF Voyageurs affirme que la sécurité reste une priorité absolue. Selon elle, aucun train ne circule s’il présente le moindre risque. La SNCF met également en avant un plan de renouvellement ambitieux, avec une modernisation progressive des rames prévue dès 2025. « Les rames Ouigo bénéficient d’un important renouvellement (le plus important depuis son lancement en 2013), qui commence à se déployer dès ce début d’année, avec une flotte à la fois plus grande et plus moderne », explique le transporteur cité par BFMTV.

Cependant, les syndicats jugent ces annonces insuffisantes. Pour eux, les investissements promis ne répondent pas à l’urgence de la situation. Ils réclament un plan d’action immédiat, incluant le retrait des rames défectueuses et une augmentation des moyens alloués à la maintenance.

Une crise enracinée depuis 2022

Les problèmes actuels des rames Ouigo ne sont pas nouveaux. Dès 2022, des alertes avaient été lancées sur les conditions d’hygiène et les défaillances techniques. À l’époque, des cafards avaient déjà été signalés dans plusieurs rames, notamment sur la ligne Paris-Lyon.

Malgré ces signalements, la situation semble s’être aggravée. Le modèle économique, basé sur une utilisation intensive du matériel, a accéléré la dégradation des rames.

L’état des rames Ouigo soulève des questions fondamentales sur la viabilité du modèle low-cost ferroviaire. Si la SNCF promet des améliorations, les syndicats réclament des actions rapides et concrètes pour garantir la sécurité des voyageurs et améliorer les conditions de travail des agents.

Pour les usagers, ces problèmes ternissent l’image d’un service censé allier prix bas et fiabilité. La SNCF parviendra-t-elle à restaurer la confiance avant que cette crise ne s’aggrave davantage ?

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

1 commentaire on «SNCF : les syndicats alertent (encore) sur l’état délabré des Ouigo»

  • Saint -Jalme Durand

    C’est honteux de faire rouler des trains de Ouigo dans des situations qui peuvent être dramatiques les voyageurs qui effectuent des trajets n ont pas à subir problèmes récurrents dans leur moyen de transport pour aller à leur travail je comprends la réaction des syndicats et j’approuve leurscomlentaires.

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